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jeudi 25 octobre 2012

BIZARRE ? NON Par Gérard AKOUN



BIZARRE ? NON

Par Gérard AKOUN
Judaïques FM

L'émir à Gaza

Israël a critiqué la visite effectuée par l’émir du Qatar, Hamad ben Khalifa al-Thani, dans la bande de Gaza en la qualifiant de «bizarre» et s’est étonné de voir l’émir du Qatar prendre le parti du Hamas contre l’Autorité palestinienne. Le porte parole du ministère des Affaires étrangères Ygal Palmor  en a conclu, je cite «l’émir a ainsi choisi son camp et ce n’est pas le bon».


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Tapis rouge

Cette visite,  pour laquelle le Hamas a déroulé le tapis rouge, a constitué pour Mahmoud Abbas un véritable camouflet, et pour l’organisation terroriste un succès incontestable. Ismail Hanyeh a pu ainsi souligner que l’entrée à Gaza de l’Emir du Qatar, à partir de l’Égypte, marquait la fin du blocus économique et politique. C’est excessif bien sur, mais cette déclaration  souligne la nouvelle allégeance du Hamas, qui n’a rien de surprenante.  Faut-il rappeler que ses dirigeants sont des sunnites,  des Frères musulmans qui ont fait leurs classes en Égypte, que ce pays frontalier de Gaza  est maintenant dirigé par les Frères musulmans, si bien que le Hamas n’est plus obligé d’être affidé à la Syrie comme à l’époque de Moubarak. 
Cette subordination à Damas, dirigée par une minorité chiite, les alaouites, fidèles  alliés de  l’Iran, n’était que de circonstance. La guerre civile en Syrie, les massacres de civils sunnites perpétrés sous les ordres de Bachar el Assad, la solidarité  exprimée par les habitants de Gaza à l’égard des rebelles syriens  ont provoqué la rupture. Les responsables du Hamas ont quitté plus ou moins discrètement la Syrie et leur principal leader à l’étranger Khaled Meshal réside maintenant à Doha, la capitale du Qatar.   
Le Qatar, situé entre l’Iran et l’Arabie Saoudite, petit par sa surface et par le nombre de ses habitants, est immensément riche par son pétrole et son gaz. Son chef, l’émir Hamad Ben Khalifa al-Thani veut jouer, dans la cour des grands, il possède  une fortune colossale  qu’il investit en Europe, aux Etats Unis, il s’est doté d’un important outil de diffusion et donc d’influence, la chaine de télévision  Al Jazeera, la «CNN du Moyen Orient». Il a soutenu les révolutions arabes, les élans démocratiques en Tunisie, en Egypte, en Lybie, aujourd’hui en Syrie, en finançant, en armant, si nécessaire, les rébellions, et en leur sein les Frères musulmans, en particulier. Il a popularisé ces luttes dans tout  le monde arabe avec Al Jazeera, en provoquant ainsi, certains le pensent,  un effet d’entrainement, mais aussi en confortant l’hégémonie des Frères musulmans au sein de ces mouvements.

Qatar islamique

L’émir du Qatar, qui soutient les révolutions arabes, ne tolère aucun mouvement de contestation chez lui, sa télévision ne traite aucun sujet de politique intérieure, la démocratie brille par son absence sur son territoire. C’est un État islamiste qui a la particularité d’être allié aux américains, aux français, qui a sur son sol des bases étrangères, mais qui est fortement soupçonné de soutenir financièrement, au-delà du Moyen-Orient, les mouvements djihadistes en Afrique, en particulier au Sahel. Mais pourquoi s’arrêter en si bon chemin, il voudrait aussi investir, en France,  dans les banlieues, où  résident de nombreux  musulmans.
La visite à Gaza n’a rien de bizarre, pas plus  que l’affront infligé  à Mahmoud Abbas. L’émir du Qatar considère, que l’Autorité palestinienne est finie politiquement, les israéliens y ont beaucoup aidé, que dans le Moyen-Orient les islamistes ont le vent en poupe, que la Palestine, si Palestine il y a, sera islamiste. Les  quatre cent millions de dollars qu’il va investir  dans ce minuscule territoire permettront de faire la différence avec une Autorité palestinienne exsangue. La prochaine étape serait  bien sur la tenue d’élections démocratiques sur tout le territoire palestinien avec une victoire des islamistes qui renforcerait l’influence du Qatar ; mais la réussite d’un tel plan exige que le calme règne dans le territoire. 
Heureusement, si l’on peut dire, les plans les mieux conçus ont peu de chance d’aboutir avec les palestiniens, en raison de leurs divisions et de leur extrémisme.  L’émir reparti, des centaines de roquettes tombent sur le sud d’Israël depuis trente six heures.

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