MAHMOUD ABBAS INCAPABLE DE CONTRÔLER LA CISJORDANIE
Par Jacques BENILLOUCHE
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Mahmoud Abbas en Conseil des ministres |
Conseil national OLP |
Il n’existe plus de projet national viable car la
corruption est à tous les niveaux. Le chef de l’Autorité et ses proches ont le
monopole des décisions politiques, marginalisant celles du conseil central de
l’OLP qui a appelé à revoir les accords d’Oslo et leurs conséquences, notamment
la coordination sécuritaire et les accords économiques avec Israël.
L’oppression croissante de l’AP face aux critiques donne à penser qu’elle agit
dans un dernier acte de désespoir et que tous les ingrédients d’un effondrement
de l’AP se mettent en place. L’exemple de Djénine et de Naplouse, où l'anarchie règne, est flagrant.
Dans le camp de réfugiés, des jeunes armés s’opposent aux forces de sécurité
israéliennes en bravant la police palestinienne.
Au lieu de réagir avec ses 10.000 policiers
inactifs, le Premier ministre palestinien en est à appeler l'ONU et les
organisations internationales à «protéger le peuple palestinien». L'autorité
a perdu sa présence sociale à Djénine et tente de diverses manières de
contrôler la sécurité, d'imposer l'ordre et de rétablir le calme mais elle n’y
parvient pas et n’est plus écoutée. Les Palestiniens se plaignent que les
militants du Hamas ne sont pas arrêtés mais que les opposants laïcs se
retrouvent en prison. Parce que l’AP n’a plus de stratégie, les Palestiniens ne
la craignent plus. Les militants l’expliquent parce que «l'AP s'est
retrouvée nue après avoir perdu les sources internes de légitimité - légitimité
révolutionnaire, légitimité de la résistance et du consensus national,
légitimité des urnes et légitimité de l'accomplissement. Elle n'a eu des
sources externes de légitimité - la légitimité du pouvoir et de la sécurité -
qu'après l'échec de son projet politique et elle n'a pas adopté de nouveau
projet».
Police palestinienne |
Abbas, avec son âge avancé, 88 ans, a perdu le
leadership de son peuple et s’est retrouvé dépassé. Il est devenu un vrai
fardeau pour les siens mais il résiste, assis sur son tas d’or. Sans argent, aucun leader ne peut s’affirmer car il faut être capable de distribuer des
dollars à ses soutiens. La grande majorité des Palestiniens ne comprend pas la
politique américaine et israélienne axée sur une volonté d’empêcher l’AP de
s’effondrer. Il est vrai qu’il existe une grande incertitude sur le remplaçant
d’Abbas. Le Fatah n'est plus uni et il subit même une forte division illustrée
par de nombreuses listes concurrentes aux futures élections législatives, si
elles ont lieu. Par ailleurs Israël est conscient du danger latent en
Cisjordanie qui est devenue un véritable réservoir d’armes non contrôlées par
l’AP.
Le risque est grand de voir les Palestiniens se
tourner vers le Hamas, le Djihad islamique ou les extrémistes de la Fosse
aux Lions. En cas d’élections, on craint en Cisjordanie le même scénario
qu’en 2007 à Gaza. Ceux qui personnifiaient une troisième voie autre que le
Fatah ou le Hamas ont été éliminés. Ils voulaient une révolution des idées et
non des changements cosmétiques. Ils exigent à présent qu'Abou Mazen et tout
son système disparaissent. Le problème est que personne n’ose s’élever contre
le président actuel.
Accord Fatah-Hamas 2017 |
Mahmoud Abbas panique
devant une situation politique qui le dépasse et qu’il ne contrôle plus. Son
navire fuit de toutes parts et l’axe de sa direction est brisé. Il craint que
le Hamas ne signe seul un pacte de trêve avec Israël et il menace d’imposer des
mesures punitives à la bande de Gaza s’il était signé. Selon un haut dirigeant
du Fatah, le président palestinien a confirmé, lors d'une séance à huis clos,
qu'il ne permettrait pas au Hamas de signer une trêve avec Israël sans son
approbation. Cependant le problème reste que l'OLP est une organisation
représentant la plupart des factions palestiniennes, à l’exception du Hamas, et
qu’elle se considère comme seule négociatrice officielle au nom des
Palestiniens.
Le président palestinien s’inquiète du poids
politique de plus en plus important que prend le Hamas qui risque d’être
reconnu comme une organisation légitime avec laquelle il faudra compter. Israël
veut neutraliser le front de Gaza et éviter la confrontation avec le Hamas pour
se concentrer sur le nord du pays. Il est aussi conscient qu'une confrontation
avec le Hamas serait coûteuse. De son côté, l’administration américaine préfère
le retour de l’Autorité palestinienne aux négociations mais n’en fait pas un
préalable.
Le statut de Mahmoud Abbas est
ambigu car il persiste à vouloir garder une double casquette et à concentrer
entre ses mains plusieurs pouvoirs. Chef de l’Autorité palestinienne, il est
aussi président du parti au pouvoir, le Fatah, qui est membre de l’OLP avec le
FPLP, le FDPLP et d’autres micros partis palestiniens. Il ne peut donc
directement conduire les négociations avec Israël puisque ce rôle incombe à
l’OLP. Dans sa stratégie brouillonne consistant à sauver l’impossible, il a
sacrifié de nombreux proches et quelques amis intimes, comme Mohamed Dahlan,
pour éviter la rupture avec Gaza et pour ne pas mécontenter le Hamas. Son inertie
a entrainé une prise de conscience de leur force chez les islamistes qui
deviennent ainsi exigeants sinon intransigeants. Les Palestiniens ont fini par
adouber le Hamas sans condamner sa prise de pouvoir antidémocratique par la
force.
Arafat et Dahlan |
Le Hamas a réussi à s’imposer comme parti de
gouvernement en perdant, aux yeux du monde occidental, sa qualification
d’organisation terroriste en devenant la véritable opposition à l’Autorité.
Pour apparaitre comme un gouvernement respectable, il s’est démarqué artificiellement
du Hezbollah ou d’Al-Qaïda, sur les conseils de son grand Frère égyptien, sans
pour autant faire illusion, sauf vis-à-vis de l’Occident.
L’Autorité se sent en
perte de vitesse et use de l’arme de la censure dans le cadre d’un positionnement
maladroit en Cisjordanie. Tout ce qui touche au Hamas est banni des journaux
Al-Qods, Al-Ayyam et Al-Hayat Al-Jadidah et bien sûr de la télévision
palestinienne. En conséquence, la population qui n’est pas dupe et qui dispose
des médias internationaux, est de plus en plus nombreuse à contester la
légitimité de Mahmoud Abbas dont le mandat est légalement terminé en janvier
2010.
Le problème de la
scission entre les deux entités palestiniennes reste le point d’achoppement.
L’Égypte et le Qatar ont tenté de favoriser une
réconciliation dans l’intérêt de l’unité du peuple palestinien mais les
délégations du Hamas et du Fatah n’ont jamais réussi à trouver un terrain
d’entente qui s’élève au-dessus des questions de personnes et des rivalités
politiques.
Alors, Mahmoud Abbas
s’est trouvé isolé contre tous ceux qui n’avaient pas compris que seule l’union
avec le Hamas pouvait conduire à un accord avec Israël. La population a fini
par approuver les thèses du Hamas qui s’opposait à toute sorte de négociation
et à fortiori à tout compromis. Le président avait fait le vide autour de lui
croyant pouvoir affronter seul le gouvernement de Benjamin Netanyahou. Mais il
n’a réussi qu’à agréger sur lui toutes les rancœurs et toutes les oppositions.
Le millionnaire Munib el Masri |
Des membres historiques du Fatah
prennent leurs distances avec Mahmoud Abbas à l’instar de Mamdouh al-Aqr, qui a
participé aux pourparlers de Madrid en 1991, et du milliardaire Munib al-Masri,
un temps candidat au poste de premier ministre et indispensable à l'économie
palestinienne. Le président de l’Autorité n’a plus la côte au sein de son
propre parti en voie de désintégration. En faisant le vide autour de lui, il a
effacé toute perspective à son remplacement en barrant la route à tout
candidat. Cela n’augure rien de bon sur le processus de paix moribond et sur
l’avenir d’une Palestine déchirée. Mahmoud Abbas paie cher la solitude du
pouvoir dans laquelle il s’est enfermé.
Jacques, ton article peut s'appliquer avec l'acuelle situation en Israel. Il suffit de changer les noms.
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