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samedi 8 avril 2023

Israël face aux changements de paradigmes au Moyen-Orient par Francis MORITZ


ISRAËL FACE AUX CHANGEMENTS DE PARADIGMES AU MOYEN ORIENT

Par Francis MORITZ

 

Jeunes Palestiniens en révolte

Une fois de plus, tout change très vite dans la région. La reprise des relations diplomatiques entre l’Arabie saoudite et l’Iran sous l’égide de la Chine, la reprise des relations de l’Arabie avec Damas, le Qatar qui intervient financièrement au Liban sans faire de vagues. Le Hezbollah qui change les règles du jeu, le Hamas et le Djihad qui veulent profiter de l’effondrement de l’A.P. La jeunesse palestinienne des territoires qui désespère et qui n’entrevoit d’autre issue que dans la violence au quotidien. Autant de défis et d’opportunités alors que le pays est confronté à une contestation populaire qui en est a sa neuvième grande manifestation et dont on ne voit pas la fin. On a coutume de dire que «c’est avec les lumières du passé que l’on se conduit dans l’obscurité de l’avenir» Tentons d’y voir clair, pour notre futur.


Reunion au sommet Irano-Saoudienne


Il y a 20 ans, les États-Unis démontrèrent au Conseil de Securite à l’aide de vrais-faux documents, que l’Irak disposait d’armes de destruction massives. On connait la suite, mais pas toute la suite. Les États-Unis déclenchèrent la guerre. Le 20 mars 2003, le président américain, dans une allocution télévisée, déclarait que les Irakiens devraient être libérés et soulignait l’engagement continu à faire de l’Irak un pays uni, stable et libre. Le monde entier a également vu les images dégradantes prises dans la trop fameuse prison d’Abu Ghraeib. Depuis l’Amérique a quitté l’Afghanistan dans les conditions que l’on sait. Tout cela, le monde arabe ne l’a pas oublié. La crédibilité de l’Occident a été largement entamée, pour longtemps.

Aujourd’hui l’Irak est devenu un satellite de l’Iran, qui contrôle le pays grâce à ses milices. Malgré de relatifs échecs en 2020 et 2021, son bras local, la Muquawama, qui regroupe plusieurs milices pros iraniennes, Kata’ib Hezbollah, Asa’ib Abi al Haq et Harakat Hezbollah al-Nujaba, soutenues par le corps des Gardiens de la révolution et qui figurent sur la liste des organisations terroristes. Les médias se sont beaucoup intéressés à Wagner, mais ont oublié toutes les autres milices non gouvernementales, dont la liste est longue. L’Irak dispose d’une constitution que les politiciens pro-irakiens ont su utiliser à leurs fins. L’Iran en a fait un État chiite satellite. La même méthode progressive s’applique au Liban, autre pays qui dispose d’une constitution. Le Hezbollah y exerce un contrôle de fait.   

Irak les milices iraniennes au pouvoir


On ne voit pas comment les États-Unis peuvent modifier cette réalité et au fond le veulent-ils vraiment ? Dans le même temps, on apprend que l’Arabie Saoudite et l’Iran ont renoué des relations diplomatiques. Surprise? Peut-être pas pour tout le monde. On oublie vite en Occident que le double standard est chose courante au Moyen Orient. On apprend aussi que l’Arabie saoudite et la Syrie rétablissent leurs relations après dix ans de suspension, ce qui est la voie ouverte à une réintégration au sein de la Ligue Arabe. C’est aussi une perspective pour Damas d’avoir accès au soutien financier saoudien à condition de revoir sa dépendance vis-à-vis de Téhéran, car tout a un prix. Ce qui peut faire l’affaire d’Israël à terme. Bahrein renouera sans doute également avec l’Iran.

Peut-être est-ce aussi le moyen de résoudre la guerre du Yemen qui oppose deux factions soutenues par l’Arabie et l’Iran. Au Liban, le Qatar, contrairement aux autres monarchies du Golfe, a discrètement continué à soutenir financièrement les Forces Armées Libanaises pour éviter leur désagrégation et leur prise en main par le Hezbollah. Déjà lors du conflit de 2006, le Qatar a aidé à la reconstruction dans le sud du pays. En mai 2008, l’accord de Doha a mis fin à une impasse de 18 mois. Ce qui a permis une importante relance économique, mais devant la montée en puissance du Hezbollah, l’Arabie en tête, les pays du Golfe se sont retirés. Seul le Qatar a poursuivi ses investissements. Il serait maintenant question qu’il investisse massivement dans le système bancaire pour éviter sa disparition dans ce pays au bord de la dislocation.

En juin 2022, le Qatar a assuré la fourniture de denrées alimentaires pour les forces armées libanaises et a fait don de 60 millions de dollars pour régler les salaires. Enfin, le ministre Qatari de l’énergie et des représentants libanais ont signé à Beyrouth un accord dans lequel le Qatar prendrait une participation de 30% dans un consortium d’exploration du pétrole et du gaz offshore. C’est peut-être aussi le signe qu’il s’agit de contrebalancer en partie l’influence iranienne. Accessoirement on n’oublie pas que la plus importante base américaine du Moyen Orient se trouve au Qatar. C’est bien de double standard qu’il s’agit.

Et la sécurité d’Israël ? Le Hezbollah et le Hamas agitent en permanence des menaces qui relèvent très souvent de la propagande. Pour autant, on ne peut pas les classer toutes dans cette catégorie. L’infiltration d’un terroriste près de Megiddo ne doit pas être prise à la légère même si les autorités ont tendance à la minimiser. Au fil de l’intensification des opérations de harcèlement du Hezbollah le long de la frontière nord, on assiste à un changement du statu quo implicite entre Israël et le groupe terroriste affidé de l’Iran. En clair, Nasrallah pense être devenu assez fort pour changer les règles du jeu. Les faits semblent lui donner raison, du moins en partie. Le terroriste a pu parcourir environ soixante kilomètres sans être inquiété. Les sources bien informées pensent qu’il s’agit d’une action orchestrée par le Hezbollah même si formellement, sur Telegram, c’est un groupe intitulé les forces de Galilée - les Loups solitaires qui en revendique la responsabilité. Ce groupe publie divers photos et lieux désignés comme prochaines cibles. C’est le dernier incident d’une liste déjà longue.

Découverte d’un tunnel Hezbollah


Le Hezbollah est en train de réécrire les règles du jeu et de rompre le statu quo. Engagée dans la guerre civile en Syrie, l’organisation terroriste avait fait le choix d’un plan à plus long terme, dont la création de tunnels faisait partie. Israël a réussi à les neutraliser à partir de 2018. Nasrallah croit désormais pouvoir déchiffrer et anticiper les intentions d’Israël, selon certains analystes. C’est ce qui l’a conduit à approuver au cours des trois années écoulées une série d’actions de plus en plus agressives. On comprend que ses lignes rouges ne seraient franchies que si Israël frappait des cibles sur le sol libanais ou s’en prenait à des membres de l’organisation directement.

Après l’attaque de drones à Beyrouth en 2019, Nasrallah s’est engagé à tirer sur les drones de surveillance israéliens. En février 2022 il déclarait que ses capacités de défense anti aérienne avaient forcé Israel à réduire substantiellement ses vols de drones au-dessus du sud Liban et à s’abstenir au-dessus de la Beqaa. Le chef de l’armée de l’air israélienne Amikam Norkin n’a pas démenti toutes ces informations. Il aurait même conclu Israël n’a plus sa pleine liberté d’action au-dessus du Liban. L’explosion du port de. Beyrouth a temporairement détourné le Hezbollah de ses expéditions. En juillet dernier Nasrallah menaçait d’attaquer Israël, si Israël commençait l’extraction avant conclusion de l’accord sur la frontière maritime. L’envoi d’un drone non armé constituait un message de confirmation.

Sa propagande a souligné le rôle du Hezbollah dans l’importation de pétrole iranien, sans Israël n’intervienne. Une nouvelle politique semble expérimentée lorsque des harcèlements par rayons laser provoquent des explosions. L’instabilité actuelle en Israël est mise à profit pour augmenter les actions et tester les réactions de Tsahal. Les dernières déclarations du ministre Yoav Galant et de toute la classe militaire, d’active et de réserve, indiquent une vive inquiétude sur les capacités sécuritaires du pays, malmenées par les dissensions au sein de la coalition et par l’absence d’expérience de certains ministres. A ce jour il n’y a pas encore de cabinet de sécurité. Ce qui encourage les organisations terroristes, Hezbollah et Hamas, d’être de plus en plus entreprenantes. Ce qui augmente d’autant le risque de dérapage, en l’absence de réactions israéliennes ciblées, au-delà des déclarations de bonnes intentions.



































































































































































































































































 

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