Pèlerinage chrétien à Jérusalem |
Le Moyen Orient a toujours été une mosaïque dans laquelle se trouvent un grand nombre de minorités, essentiellement issues des trois religions révélées. Pour les chrétiens palestiniens, il y a eu un avant la déclaration Balfour de 1917 qui créait un foyer national en Palestine et un après. Un siècle plus tard le paysage géopolitique de la région a été bouleversé. Du point de vue des Palestiniens chrétiens, avant Balfour, l’accession aux lieux saints se faisait librement, ainsi que leurs déplacements dans toute la région. Pour certains analystes, les peuples sur place se dirigeaient vers l’indépendance et la création d’États selon le modèle importé par les puissances européennes.
Déclaration Balfour |
La déclaration Balfour a été le point de bascule, lorsque les Anglais dans l’ambiguïté, ont tout promis à tout le monde. Leur gouvernement n’a pas été avare de promesses et leur contraire aux parties en présence, croyant réduire le risque de difficultés durant leur mandat. Aux Palestiniens, on donna des assurances sur la nature limitée du foyer national, aux Juifs la possibilité de s’établir et mieux si affinités. L’ambiguïté conduit inexorablement à la conflictualité. Il est alors trop tard, la machine était lancée. La suite est connue.
Le rôle des Palestiniens à partir
de 1917
Chrétiens palestiniens |
Par convictions religieuses,
adversaire de la violence, cette communauté en devient acteur elle-même. On ne
peut pas oublier que le cofondateur du FPLP fut Georges Habache (grec orthodoxe)
et que le FDLP fut fondé par Nayef Hawatmeh (grec catholique). Parallèlement,
les églises chrétiennes sur place, adoptèrent des positions contrastées.
Certaines, notamment aux côtés de la résistance armée, d’autres dotées de
dirigeants étrangers, soucieuses de leurs intérêts particuliers conservèrent
une neutralité mal vécue par les chrétiens palestiniens. Le premier patriarche
latin palestinien de Jérusalem, Michel Sabbah, joua un rôle actif, qui entraina
parfois des conflits avec les autorités israéliennes. Actuellement on constate
un relatif retrait des dirigeants actuels des églises qui se concentrent plutôt
sur la protection de leurs intérêts, protection de statu quo et différend
fiscal avec Israël.
L’émergence de la Palestinité
Une délégation du Hamas visite une église à Gaza |
Les élites chrétiennes encore
présentes, tant dans les territoires qu’en Israël, dans les associations, parmi
les artistes expriment une revendication croissante en vue d’une unité
chrétienne qui fait défaut, car c’est celle d’une minorité dans la minorité. La tension et le dilemme tant identitaire que
politique montrent la fragmentation au sein même de cette communauté. On a pu
le constater à diverses occasions, pendant les deux premières Intifadas, les
chrétiens en général se sont tenus à l’écart. Cette neutralité apparente tend à disparaître.
Noël à Bethlehem |
Fin 2022, les Chrétiens en Israël
représentent 1,9% de la population d’Israël, soit environ 185.000 personnes.
Dont 76% sont des arabes israéliens qui représentent 6,9% des citoyens arabes
israéliens, contre pratiquement 20% pour la population musulmane. D’après
diverses évaluations, 50.000 Chrétiens palestiniens résident en Cisjordanie et
Jérusalem-Est. A Gaza dont la population chrétienne diminue régulièrement, il y
aurait moins de 1.000 personnes.
La loi sur l’État-nation de juillet
2018 confirmant le caractère juif de l’État a été très mal reçue par ce qui
reste de la communauté chrétienne qui s’est sentie discriminée comme citoyens
de seconde zone. Elle se trouve placée sur le même plan que la communauté
musulmane. Ce sera alors la fin d’une tentative de l’État de coopter les élites
chrétiennes. Ce qui semble aujourd’hui aller de pair avec l’émergence d’un
changement politique important voulu par le nouveau gouvernement. On se
rappelle que déjà en 2019 le premier ministre Netanyahou déclarait : «Israël
n’est pas un État de tous ses citoyens». Les dernières élections semblent
confirmer la désillusion, et le renoncement des citoyens non-juifs dont plus de
50% ne sont pas allé voter contre plus de 60% de votants en 2015.
La pression islamique
Haifa durant les fêtes de Noël et Hanoucah |
Les Chrétiens sont unanimes à
refuser la conscription. Ils ne sont pas les seuls en Israël. A titre indicatif,
il y aurait eu 180 conscrits arabes en 2013, 150 en 2015, moins de 100 arabes
chrétiens en 2017. Pour les jeunes arabes chrétiens défavorisés, c’est une
opportunité économique et professionnelle de s’armer et de recevoir une
formation militaire pour faire face aux violences auxquelles ils sont confrontés.
Ils sont supposés bénéficier ensuite d’avantages matériels et immatériels
importants, mais semblent peu convaincus par l’expérience des druzes qui
demeurent des citoyens de seconde zone à leur tour. Le service militaire les place
eux même en position délicate car considérés par les organisations militantes
armées comme des collabos et des traitres à la cause. Ce qui les
met en danger ainsi que leur famille.
Soldats arabes avec le président Rivlin |
D’aucuns ont pensé que la conscription devait être considérée comme un devoir par les non-juifs pour
se voir reconnus tous les droits des citoyens, alors que l’exemple donné par les
Juifs orthodoxes sont exemptés du service obligatoire. L’exemple est loin d’être
convaincant. La campagne qui avait été lancée pour un service civil (Shirout
Leoumi) n’avait pas eu plus de succès. Cependant la présence des chrétiens bénéficiant
d’un bon niveau d’éducation est relativement élevée dans les institutions
civiles au niveau local ou national, bien supérieure à leur part nationale.
En 2014 le parlement avait adopté
une loi opérant la distinction entre représentation chrétienne et arabe au sein
de la Commission nationale sur l’égalité des chances dans l’emploi. Yariv Levin,
député Likoud à l’époque, ministre actuel de la Justice, déclarait son
intention de poursuivre cette démarche par une série de lois visant à séparer
légalement les chrétiens de la société arabe majoritairement musulmane. Cette mesure semblait calquée sur le système
Ottoman des millets (équivalent des Dhimmis) soulignant
encore davantage la représentation communautaire comme principe de base du
gouvernement mandataire britannique. Ce projet entraina une levée de boucliers
unanime des acteurs civils, politiques, associations diverses.
Cette configuration pousse régulièrement
au départ ceux qui le peuvent. Car ils ne trouvent plus leur place dans un environnement
qu’ils perçoivent comme de plus en plus hostile. Enfin, ils appréhendent de
nouvelles mesures que le gouvernement actuel pourrait prendre à leur encontre
comme citoyens non-juifs.
Je remercie monsieur Moritz pour cet article qui nous explique honnêtement, clairement et même mathématiquement, pourquoi les Chrétiens n’ont plus leur place dans « l’équation israélo-palestinienne ».
RépondreSupprimerC’est très regrettable. Mais pour terminer sur une note d’espoir, laissons la parole à André Chouraqui qui, en 1986, dans la dernière édition de sa traduction de la Bible et de celle des Évangiles, écrivait déjà dans son Liminaire pour Un Pacte neuf :
« S’il est un recours contre l’universelle horreur des massacres qui se commettent ou qui se préparent, il ne se trouve que dans la toute puissance de l’amour. Cette œuvre l’affirme à nouveau : il ne sera de salut qu’à partir de notre renoncement à tout meurtre, toute guerre, dans l’universelle réconciliation de l’homme avec l’homme, son frère. Il dépend de nous, de notre réveil et de notre relèvement, qu’au bout de la nuit s’incarne enfin l’utopie prophétique, avec la naissance d’un homme nouveau. Une terre nouvelle l’attend déjà.
Hommes, mes frères, il est temps de répondre à l’appel de l’amour ! »
Très cordialement
Dans la tête d'Henry Kissinger :
RépondreSupprimerL'an prochain à Jérusalem : c'est bien ! c'est très bien !
En attendant, je vais rester caché dans mon placard amerloque, dont je pourrai sortir pour jouer à l'oracle.
Haddad et Hawatmeh étaient les plus extrémistes du mouvement palestinien et des specialistes des attaques contre l'aviation. Ils n'ont eu aucune place dans le nationalisme. Les chrétiens du Moyen Orient agissent comme toute minorité en étant discrets et en s'occupant du quotidien. A Bethléem, ils ont quasiment disparu
RépondreSupprimerA mon sens, l'article de Monsieur Moritz donne de la situation des chrétiens une image partielle et déséquilibrée en défaveur d'Israel.
RépondreSupprimerIl est évoqué un malaise des chrétiens pris en tenaille par Israel dans le cadre d'une loi nation et celle des palestiniens en rapport avec l'"oppression islamiste", en omettant toute précision significative à cet égard, ce qui induit le lecteur à l'erreur consistant inconsciemment ou non à établir un parallélisme douteux entre les deux situations.
Le journaliste arabe Khaled Abu Toameh plus clair que l'auteur quant à la vague notion d'"oppression islamiste" écrit :"Pourquoi la persécution des chrétiens à Bethléem et ailleurs, dans les zones sous contrôle de l'Autorité palestinienne, est-elle si peu médiatisée quand elle n'est pas carrément passée sous silence ? « Les attaques des chrétiens par les musulmans sont généralement ignorées par la communauté internationale et les médias, lesquels ne s'émeuvent que s'il est possible de blâmer Israël ».
Le diable se cache dans les détails omis par monsieur Moritz quant aux réalités des persécutions faisant état de violences et mauvais traitement infligés aux chrétiens :fusillades, attaques à main armée,attaques d'églises, confiscation de patrimoine, emprisonnement et tortures,conversions forcées à l'Islam en 2007 par le Hamas .
En résultante de ce contexte dans une continuité historique il est bon de se concentrer sur une ville anciennement chrétienne : "
En 1947, les chrétiens représentaient 85 % de la population, ce qui faisait de Bethléem un authentique bastion chrétien. En 2016, les chrétiens ne sont plus que 16% de la population."
Quelle comparaison possible avec Israel où pas un chrétien n'est persécuté dans sa foi, dans ses biens et dans son intégrité physique!
Sauf erreur la population chrétienne à l'intérieur d'Israel n'a pas diminué. De plus, en Israel les tribunaux veillent à empecher toute ségrégation sociale et économique entre ses citoyens. A notre connaissance aucune plainte des chrétiens n'a fait l'objet de procédure.
Alors la loi Nation : Israel se veut un Etat Juif et non l'Etat de "tous ses citoyens" aboutissant à noyer ou faire disparaitre son identité au risque un jour d'etre remplacé comme cela risque de se produire ailleurs. Israel ne veut pas devenir la minorité de ses minorités. C'est son droit affirmé depuis le début de son existence. Les Juifs ont suffisamment "payé" chez les Nations pour revendiquer ce droit sans avoir de comptes à rendre! Il existe une majorité d'Etats musulmans qui entendent conserver cette caractéristique. Il existe en Europe de l'Est quelques nations qui elles aussi aspirent à protéger leur identité.
Pourquoi seul Israel en porterait tous les péchés, considérant ce que Monsieur Moritz rappelle à juste titre sans en faire le lien : les chrétiens n'ont pas tous les devoirs des autres israéliens envers l'Etat, savoir le plus astreignant :celui du service militaire d'une durée de 3 ans ou l'obligation d'allégeance envers l'hymne national.
A lire impérativemeent pour une information plus détaillée : https://fr.gatestoneinstitute.org/19302/bethleem-chretiens
@ Monsieur Moritz ;
RépondreSupprimerTout d'abord merci de votre réponse à mon commentaire.
Je voulais avant tout insister sur le contraste de situation incomparable dans ses effets dramatiques entre chrétiens qui vivent en Israel et ceux sous l'autorité palestinienne ou celle celle du Hamas, une différence essentielle qui ne m'est pas apparu dans toute sa force à première vue en comparaison du dilemne mesuré et relatif vécu par eux dans le cadre de l'Etat nation israélien.
La distinction prudente dont vous faites état entre islamistes (islam en action) et musulmans concernant au moyen-orient le sort d'une communauté chrétienne au sein de cette globalité est peu opérante à leurs yeux au vu de l'implacable résultante qui en découle partout ailleurs.
A cet égard, on peut comprendre ainsi que vous le relevez que pour certains l'acceptation du service militaire en Israel soit une option de défense pour leur communauté.
Sans se tromper on peut imaginer que les chrétiens vivant sous autorité autre qu'israélienne reveraient de se contenter du "malaise" subi hypothétiquement sans trop de risques dans le cadre de l'Etat nation juif-israélien.
Bien à vous.
L'integration sociale des Chretiens en Israel a commence plus tot que celle des Musulmans, dont trop sont restes figer en 1948. De plus, on constate une urbanisation quasi parfaite des Chretiens d'Israel, chasses de leurs villages par les Musulmans et les Druzes.
RépondreSupprimerA Nazareth, les Musulmans sont majoritaires et pour la premiere fois, le maire est musulman.
Les Chretiens ont achete des logements a Nof HaEmek (ex-Nazareth Ilit) portant la population arabe de cette agglomeration a 60%. Ce qui est le plus remarquable, c'est que les Chretiens n'hesitent plus a vivre avec des voisins juifs, surtout dans les quartiers de haut niveau, car les Chretiens ont le plus haut niveau economique dans tout Israel, plus haut que celle des Juifs (ceci grace a l'expansion galopante de la population ultra-orthodoxe).
Enfin, le seul pays au Proche-Orient ou la population chretienne grandit est Israel, car en plus des Chretiens arabes, il faut ajouter les Chretiens russophones dont la quantite est superieure a celle des Arabes chretiens. La seule difference c'est que les Russophones font leur service militaire et sont consides comme "apparentes" aux Juifs.