YOAV GALANT : UN DUR À LA TÊTE DE L'ÉTAT-MAJOR ISRAÉLIEN
Par Jacques BENILLOUCHE, Slate.fr
Nous
reproduisons un article du 24 août 2010 publié sur Slate.fr concernant Yoav
Galant qui vient d’être nommé ministre de la Défense d’Israël. Bien qu'ancien ou dépassé, cet article a
pris peu de rides et reste d'actualité. Il nous éclaire sur la personnalité de cet ancien général.
Les officiers Ashkenazi, Russo, Galant et Barak |
La nomination plus rapide que prévue d’un nouveau
chef d’État-major de l'armée israélienne est tout sauf anodine. Il s'agit d'un
message fort adressé d'abord aux Etats-Unis et à la Russie. Des informations
filtrent en Israël sur des négociations secrètes entre Russes et Américains qui
expliquent le silence étonnant du Premier ministre israélien après l'annonce de
la mise en service du réacteur nucléaire de Bushehr. L’opinion israélienne
s’attendait à une condamnation ferme et même à des mesures de rétorsion, mais
l’absence de réaction tend à démontrer qu’Israël a les mains liées par
Washington et Moscou. Benjamin Netanyahou a voulu immédiatement dissiper cette
impression.
La modération face à l’initiative de Téhéran ne
cadre pas avec la position du gouvernement israélien et de l'opinion du pays
pour qui le programme d'armement nucléaire de la République islamique constitue
une menace existentielle. Ni Washington et ni Jérusalem n’ont pourtant
manifesté leur désapprobation lorsque les Russes ont commencé à charger les 163
barres de 80 tonnes de combustible dans le réacteur de Bushehr qu'ils ont
construit. Ce processus de chargement va durer deux semaines en dépit des
sanctions américaines et européennes et en dépit des mises en garde d’Israël.
Des informations d’origine israélienne révèlent que
les Russes et les Américains ont tout fait pour dissimuler leur accord secret.
En échange du vote par les Russes des sanctions du Conseil de sécurité de l’ONU
contre l’Iran, le Département d’État s’est engagé à mettre un bémol sur
l’activation du réacteur et à faire une déclaration sur l’absence de «menace
de prolifération».
Risque nucléaire
Israël considère que c'est une erreur qui coûtera
cher, mais tient pour le moment à préserver des relations redevenues plus
amicales avec l'administration Obama. Le risque est grand de permettre à l'Iran
d'Ahmadinejad d'avoir à moyen terme une capacité de production de plutonium
militaire. Les Israéliens estiment que les engagements de l’Iran de renvoyer en
Russie les barres de plutonium, pour retraitement, ne peuvent pas être pris au
sérieux. Netanyahou avait été séduit au départ par la prétendue ligne dure du
Kremlin mais déçu ensuite lorsque Sergueï Kirienko, chef de l’Agence russe à
l’énergie atomique, a été envoyé inaugurer en grandes pompes la centrale de
Bushehr. Moscou joue toujours son traditionnel double jeu au Moyen-Orient.
Les Américains ont cherché à calmer les inquiétudes de Netanyahou en lui garantissant, selon le New York Times, que les Iraniens ne seront pas capables de fabriquer une bombe avant un an, mais le London Telegraph résume bien les questions en suspens et les doutes. De toute façon, cette perspective ne peut que renforcer les inquiétudes d’Israël et des pays arabes du Moyen-Orient qui considèrent la mise en service de ce réacteur nucléaire comme une étape significative vers l’obtention de l’arme nucléaire.
Pour justifier son silence auprès de son opinion
publique, le Premier ministre a confirmé que tout accord avec les Palestiniens
tiendrait compte de la sécurité d’Israël. Il a en particulier affirmé ses
exigences en ce qui concerne la démilitarisation de l’État palestinien avec
contrôle effectif de la vallée du Jourdain à la frontière jordanienne et
occupation des crêtes des montagnes.
Message
Mais le message le plus fort envoyé en Israël et à
l'étranger est la nomination du général Yoav Galant à la tête de Tsahal. Il a
fait carrière dans les commandos de la marine et n’attendra certainement pas
février 2011, la date officielle de son entrée en fonction, pour s’installer
aux commandes de l’armée. Cet homme fort qui commandait la région de Gaza
n’aurait pas attendu décembre 2009 pour lancer l’opération «Plomb durci»
et avait suggéré à son gouvernement d’intervenir une année plus tôt.
Le plan initial de l'opération de Gaza préparée par
Yoav Galant était très différent de celui finalement adopté. Il prévoyait
d’aller à la recherche des dirigeants du Hamas pour les extraire de la bande et
la remettre entre les mains de l’Autorité palestinienne. Le gouvernement avait
alors préféré une option moins radicale. Yoav Galant est partisan de la
manière forte. Il ne tolèrera pas de rester inactif si, d’aventure, des
roquettes et des missiles se remettaient à tomber sur le sud d’Israël. Le
gouvernement compte sur lui pour adresser un message clair aussi bien à la
Syrie, à l'Iran et au Hezbollah qu’aux Américains et aux Européens.
Le profil de Galant est ainsi très différent de son prédécesseur Gabi Ashkénazi. Ce dernier était arrivé à la tête de l'État-major avec une réputation de baroudeur «golani» mais avait rapidement déçu par ses hésitations. Ashkénazi a certes réussi à réorganiser l’armée de terre après la déroute relative de la guerre du Liban de 2006, mais il a refusé de prendre des risques que prendra certainement son successeur. Les partisans de la manière forte avec l’Iran trouveront auprès du nouveau chef d’État-major une oreille attentive et sont convaincus qu’il sera capable de s’opposer habilement à l’administration américaine dans son approche vis-à-vis de l’Iran.
Yoav Galant est réputé pour être un homme de sang-froid qui sait faire preuve d’autorité et se faire obéir. Ceux qui le critiquent le trouvent arrogant et l’accusent de ne pas s'embarrasser pour éliminer ses rivaux. Il est fort probable qu’avec lui, aucune tête d’officier ne dépassera. Le Premier ministre israélien compte quant à lui sur cette nomination pour apparaitre comme un homme capable de prendre des décisions difficiles.
https://www.slate.fr/story/26387/netanyahou-bushehr-iran-nucleaire-washington
Je retiens que Yoav Galant est réputé pour être un homme de sang-froid qui sait faire preuve d’autorité et se faire obéir.
RépondreSupprimerNous verrons....avec ce qui se profile à l'horizon, il serait peut etre bon d'avoir un tel homme aux commandes de TSAHAL
Un chef d'Etat major vraiment de droite en Israel?
RépondreSupprimerFélicitations à Natanyahou. Il était temps que cela change!