NETANYAHOU, UNE DÉLIVRANCE DIFFICILE
Par Jacques BENILLOUCHE
Netanyahou à la Knesset |
Leaders du Likoud |
Netanyahou a perdu le charisme qu’il imposait à ses partenaires qui
ont en profité pour faire preuve d’un chantage honteux ; leurs intérêts
personnels primaient sur les intérêts du pays. Même son camp proteste car la
méthode choisie est une preuve de faiblesse. Il aurait dû imposer, au tout
début, les postes qu’il réservait à son parti majoritaire et distribuer le
reste aux partenaires de sa nouvelle coalition. Cela aurait été le cas pour un leader
incontesté. Mais au terme de la période légale, il n’a pas finalisé la
distribution des postes de ministres au sein de son propre camp. Cela est plus
compliqué que prévu car les députés du Likoud n’ont aucune raison de ne pas
être exigeants alors que des portefeuilles importants ont déjà été distribués.
Ses partenaires de l’ultra-droite et des religieux orthodoxes ont déjà raflé la
mise mais ne lui ont pas permis de finaliser son gouvernement avant la date
légale du 21 décembre 2022 minuit.
Ses alliés sont allés jusqu’à contester sa parole car ils ne lui font pas confiance et attendent que certaines lois définitives soient d’abord votées en urgence par la Knesset avant de signer l’accord de coalition. En particulier le ministère de la Sécurité nationale accordé à Itamar Ben Gvir doit être remodelé sur mesure pour que le leader étende son pouvoir sur la police israélienne. Bezalel Smotrich exige de son côté la responsabilité des implantations non incluse dans les normes de son ministère. L’avenir ministériel d’Arie Dehry dépend aussi de la loi qui devra être votée pour lui permettre d’être ministre en tant que repris de justice.
Leaders de la nouvelle coalition |
La parole de Netanyahou étant contestée, la nouvelle coalition attend
l’accélération du processus législatif avant de s’engager. D’ailleurs
Netanyahou a nommé provisoirement un président intérimaire à la Knesset, Yariv
Levin, pour accélérer le processus législatif. Le ministère des Affaires
étrangères lui a en effet été réservé. Yariv Levin a mis en chantier quatre
nouvelles lois en urgence. D’abord un amendement à la Loi Fondamentale de la
Knesset pour annuler la clause qui permet à quatre députés de se séparer d'un
parti existant et de former leur propre parti. Ensuite, un amendement de la loi
sur la police pour permettre au nouveau ministre de la Sécurité nationale, Itamar
Ben-Gvir, d'avoir un contrôle plus large sur de nombreux aspects de la police.
Par ailleurs deux amendements à la Loi fondamentale concernant le gouvernement.
D’une part la loi Arie Dehry qui permettrait au président du Shass de
devenir ministre malgré sa condamnation pour délits fiscaux et d’autre part, la
loi Smotrich pour lui permettre d’accéder au poste de ministre
adjoint à la Défense.
Les religieux orthodoxes ne sont pas en reste avec leurs exigences.
La loi israélienne actuelle considère les écoles «reconnues mais non
officielles» perçoivent 75% du financement accordé aux écoles publiques.
Ces écoles privées ne sont pas tenues d'enseigner les matières profanes. Ce financement a été retoqué pour que les écoles
privées reçoivent 55% de la somme totale que les écoles publiques reçoivent.
Yariv Levin |
Yariv Levin a obtenu de geler les votes à la Knesset afin de donner
plus de temps à Netanyahou à savoir que le Premier ministre a un nouveau délai
de deux semaines pour prêter serment et pour finaliser la législation avant que
sa coalition n’ait à prêter serment.
Mais ces exigences de la coalition créent des remous au sein du
Likoud qui trouve ces arrangements un peu excessifs. Danny Danon, qui brigue le
poste de président définitif de la Knesset, critique Ben Gvir pour sa liste
non-exhaustive d'exigences en vue de former un gouvernement de coalition :
«Chaque matin, nous nous réveillons avec une nouvelle demande. Assez !
Mettons en place un gouvernement, et après cela, apportons des améliorations et
discutons – nous sommes des partenaires. Cela aurait déjà dû être fait il y a
deux ou trois semaines. Trop, c’est trop. Signons cet accord de coalition».
Danny Danon |
Devant ces difficultés et cette soumission aux petits partis, des
rumeurs font état de négociations secrètes entre le Likoud et Benny Gantz d’une
part, Yaïr Lapid d’autre part, pour la constitution d’un gouvernement d’union
nationale de centre-droit, excluant les extrêmes et revenant aux normes
habituelles des responsabilités des ministères. Mais pour cela, il faut que les
égos surdimensionnés de certains leaders soient revus à la baisse. Devant toutes
ces difficultés, il est légitime de se demander si Netanyahou n’a pas effectué
le mandat de trop au lieu de laisser la responsabilité à d’éminentes pointures
au sein du Likoud qui auraient pu renouer avec certains membres de l’opposition.
Un projet interne avait prévu de nommer Netanyahou leader du Likoud et
président de la commission des Affaires étrangères pour libérer le poste de
premier ministre.
La délivrance du précédent gouvernement entre partis dits du centre gauche et de droite, partis arabes et partis antisionistes ne fut pas laborieuse?
RépondreSupprimerCe qui est certain, c'est que la presence de Ben Gvir dans ce gouvernement preconise des jours sombres a l'Etat d'Israe. Ben Gvir n'est pas seulement raciste, c'est aussi un anti-democrate resolu, un homophobe non moins resolu et un religieux extremiste.
RépondreSupprimer@Philippe
RépondreSupprimerVous m’étonnez Philippe. Vous ne pouvez pas comparer la majorité précédente ric-rac avec un parti arabe et cette majorité juive large et monochrome ! D'ordinaire, vous êtes plus judicieux.
Le problème sur le court terme - cette Knesset doit durer normalement 4 ans, ce qui n'est pas beaucoup - c'est de voir Israël se transformer en démocratie "illibérale" ; si l'extrême-droite à la Smotrich ou à la Gvir se met à terroriser les opposants ; si la Justice commence à être muselée ; si l'abrutissement d'une bonne partie de la jeunesse devient encore plus important dans le système scolaire, et transforme la majorité des électeurs de demain en meutes de kahanistes ; alors, oui, le pire pourra arriver. Tout dépend de l'état réel de la société israélienne : une majorité contraire à ce que l'espérait Trump, l'ami américain de Bibi, a pu le chasser du pouvoir ; mais en Hongrie, en Turquie par exemple, les dirigeants populistes alter-égo de Bibi ont su écraser leurs oppositions.
RépondreSupprimerDe grâce, Messieurs, arrêtons de tirer des plans sur la comète.De toute façon, le peuple a fait clairement son choix : elle ne veut plus d'une gauche qui dénaturait l’État juif. Alors, laissons le temps au nouveau gouvernement de gouverner, et nous le critiquerons, si critique il y a, après.
RépondreSupprimerOui Bibi aurait du se retirer,oui Bibi nous vends aux extrémistes,oui Bibi ne pense qu’à essayer de sauver sa peau en offrant en sacrifice la nation entière a une poignée de sangsues affamées de pouvoir
RépondreSupprimerCher Jacques Benilouche,
RépondreSupprimerIl ne m'appartient pas de juger personnellement si mon commentaire est judicieux ou non. Cette appréciation est du ressort de vos lecteurs.
Par contre, au dela de toute polémique il y'a lieu de constater que le système électoral israélien qui s'apparente à celui de la IVième république rend de facto plus complexe la constitution d'une coalition gouvernmentale puisque chaque parti politique cherche à retirer le maximum de concessions quitte à faire pression au moyen de chantage s'il n'obtient pas satisfaction quant aux choix et moyens attribués aux ministères.
Ceci explique que quelque soit la majorité qui se dégage des urnes-droite ou gauche-, l'aboutissement d'une formation gouvernementale s'avère laborieuse.
Espérant que ma réponse somme toute non dénuée de logique vous satisfasse à défaut d'être judicieuse, je vous souhaite une bonne fin de semaine.