Yehuda Bauer |
Pour l’historien Yehuda Bauer [3] également, le
lien entre Shoah et l’État d’Israël est un mythe. Il avance la thèse que la Shoah a même manqué
de peu d’empêcher la création de l’État. Il estime, tout comme Bensoussan, que
la fable d’un État concédé aux Juifs en compensation de la Shoah est un
non-sens. Il y avait en Europe de l’Est des millions de Juifs dont un tiers vivaient
sous le seuil de pauvreté, qui auraient immigré en Palestine si les frontières
n’avaient été verrouillées.
Après avoir vérifié les archives des échanges
entre États qui s’apprêtaient à voter à l’ONU le partage de la Palestine, Bauer
relève qu’il n’est jamais question de Shoah. Les plus fervents soutiens à l’ONU
du Yichouv mettaient en évidence les réalisations des pionniers juifs en
Palestine et leur droit à l’indépendance, mais jamais ils n’invoquaient la
Shoah. Pour comprendre l’absence de lien entre l’État d’Israël et la Shoah il
est nécessaire de revoir la chronologie de l’épopée sioniste :
Déclaration Balfour |
À la suite du démantèlement de l’empire
ottoman, la Palestine est placée sous Mandat britannique en 1923 par la Société
des Nations, conformément à la résolution de la conférence de San Remo [4]. Ce
Mandat a pour objectif la mise en place d’un foyer national juif tel que défini
par la déclaration Balfour [5] de 1917.
En 1936 une révolte arabe exige l’abolition du Mandat britannique et la création d’un État pour mettre fin à l’immigration juive. Les notables de la révolte, dont le Grand Mufti de Jérusalem, pactisent avec Hitler et font alliance avec l’Allemagne nazie. En 1937 une Commission d’enquête britannique présidée par Lord Peel [6] recommande que la Palestine soit partagée en deux États, l’un arabe et l’autre juif. Des modérés du Yichouv sont tentés d’accepter, mais du côté arabe personne n’ose se prononcer en faveur du projet. Quelque temps plus tard une nouvelle Commission venue de Londres y met fin.
En 1939, les Britanniques prévoient une autodétermination de la Palestine sous dix ans. Ils décident de limiter l’immigration des Juifs de manière drastique, ce qui les amènerait à être minoritaires dans un éventuel État arabe. Cette position est rejetée par le Yichouv [7], qui la considère comme une violation de la déclaration Balfour. En plus les Britanniques décident de limiter l’immigration juive de manière drastique alors que la menace nazie se précise. L’Irgoun [8] réagit en déclenchant une vague d’attentats antibritanniques, mais celle-ci est interrompue par le début de la Seconde Guerre mondiale.
En 1944 l’Irgoun reprend sa campagne d’attentats. La Haganah [9] et le Palmah [10] mènent de leur côté une lutte armée contre l’administration et les soldats britanniques. Le ministre-résident anglais, Lord Moyne, est assassiné. Les autorités britanniques lancent en juin 1946 l’opération «Agatha», également connue sous le nom de «Samedi Noir». Les soldats et la police britannique procèdent à l’arrestation de milliers de Juifs et saisissent des armes. Le Lehi et l’Irgoun intensifient leurs attaques pour venger l’opération, et font sauter l’hôtel King David, centre de l’administration britannique à Jérusalem.
Lord Moyne |
Les Britanniques sont démunis face à cette
violence. Devant leur incapacité à concilier Arabes et Juifs, et confronté aux
pertes militaires, le ministre des Affaires Étrangères britannique Bevin annonce
à l’ONU en février 1947 qu’il met fin au Mandat sur la Palestine et donne
instruction à ses troupes de l’évacuer dans les meilleurs délais. Le Yichouv,
ayant réussi à chasser les Britanniques, choisit le moment opportun pour
déclarer l’indépendance qui n’est alors plus qu’une question tactique.
L’UNSCOP est une commission de l’ONU chargée en juillet 1947 d’étudier sur place les causes du conflit et de préparer un plan de partage de la Palestine. Au moment où ses membres sillonnent le pays, le Mossad [11] organise en juillet 1947 une opération consistant à embarquer 4.500 réfugiés sur un bateau baptisé «Exodus» à destination de la Palestine. Le but du Mossad consiste à faire impression sur l’UNSCOP. Une fois arrivé dans les eaux territoriales, le bateau est arraisonné et les membres de L’UNSCOP assistent au pénible spectacle du transbordement des passagers à bout de forces à qui l’on refuse l’accès à la Terre Promise. Ils sont transférés à Chypre dans des conditions déplorables. Quelques mois plus tard, ils reviendront en Palestine avec des visas en bonne et due forme.
En novembre 1947, l’Assemblée générale de l’ONU vote un plan de partage de la Palestine visant à aboutir à la création d’un État juif et d’un État arabe après le départ des Britanniques. Les Juifs acceptent, mais les Arabes refusent. La première guerre israélo-arabe a commencé. Le 14 mai 1948 les derniers Britanniques quittent la Palestine et l’État Israël déclare son indépendance. Le lendemain éclate la première guerre israélo-arabe. Près d’un an plus tard, des armistices sont signés un à un à Rhodes avec les différentes parties, mais les lignes du cessez-le-feu ne sont définies qu’à des fins militaires et ne constituent de frontières permanentes pour aucun des belligérants.
Il faut comprendre dans cette tragédie que le Mandat britannique n’avait jamais eu d’autre objectif que celui de gouverner la Palestine jusqu’à ce qu’elle fût en mesure de le faire elle-même. Comme les institutions de l’État juif étaient en place quand les Britanniques ont plié bagage, Israël aurait proclamé son indépendance dans tous les cas de figure, avec ou sans l’aval de l’ONU, avec ou sans l’aval des Arabes. L’État d’Israël n’est donc pas la conséquence de la Shoah. Ce qui est vrai, en revanche, c’est que le fait qu’une nouvelle Shoah soit devenue impensable est lié à la naissance l’Etat d’Israël.
[1]
Historien français spécialiste d’histoire culturelle de l’Europe des 19ème et
20ème siècle et en particulier, des mondes juifs occidentaux et orientaux.
[2] Mot
hébreu signifiant littéralement «ascension ou élévation spirituelle». Ce
terme désigne l’acte d’immigration en Israël par un Juif.
[3]
Historien et universitaire israélien spécialiste de la Shoah. Professeur des
études sur la Shoah à l’Institut juif contemporain Harman de l’université
hébraïque de Jérusalem.
[4] La
résolution de San Remo du 25 avril 1920 place la Palestine sous mandat
britannique.
[5]
Lettre adressée à Lord Lionel Walter dans laquelle le Royaume-Uni se déclare en
faveur de l’établissement en Palestine d’un foyer national pour le peuple juif.
Cette déclaration est considérée comme une des premières étapes dans la
création de l’État d’Israël.
[6]
Député anglais
[7]
Terme hébreu pour désigner l’ensemble des Juifs présents en Palestine avant la
création de l’État d’Israël.
[8]
Organisation armée de la droite sioniste en Palestine mandataire, née en 1931
d’une scission de la Haganah, et dirigée à partir de 1943 par Menahem Begin.
[9]
Organisation sioniste la plus importante et centrale du Yichouv en Palestine.
Elle servit d’ossature, avec le Palmah, à la création de l’armée de défense
d’Israël, fin mai 1948.
[10] Une
des forces paramilitaires juives sionistes de Palestine mandataire. Elle mena
ses activités sur une période s’étendant de la Seconde Guerre mondiale jusqu’à
l’indépendance de l’État d’Israël.
[11]
L’une des trois agences de renseignement d’Israël, avec le Shabak (plus connu
sous le nom de «Shin Bet», qui est le service de sécurité intérieure) et
l’Aman (chargé de la sécurité militaire).
Heureux de savoir que le peuple d'Israel ne doit rien à ses bourreaux bi millénaires.
RépondreSupprimerComment dissocier la Shoah de la création de l'Etat d'Israël; comment oublier comment des pays refusaient les réfugiés du nazisme. Comment dès sa naissance Israël recevait des survivants des camps de concentration. Parler pour parler sert de prétexte pour dénaturer l'existence de l'État Juif.
RépondreSupprimerDaniel: petite erreur. Les 4,500 passagers de l'Exodus ne furent pas transferes a Chypre mais a Bergen-Belsen en Allemagne,
RépondreSupprimerLa Grande-Bretagne voulait un Etat arabe protege par elle pour assurer la securite de la rive nord du Canal de Suez
Avraham: Contrairement a ce que vous pensez, l'immense majorite des rescapes de la Shoah ne s'installerent pas en Israel. Ils preferent la Grande-Bretagne, le Canada, l'Argentine, le Bresil et surtout les USA.
Mes parents preferent la France. Depus, j'ai bouge pour m'installer en Israel.
Giorges Kabi: Ce n'est pas une erreur. Les passagers de L'Exodus ont été transbordés sur trois bateaux qui les ont déposés à Chypre. Je n'ai pas dit qu'ils y sont restés.
RépondreSupprimerAvrahal Nataf: je suppose que vous n'avez pas lu l'article. Si vous l'aviez fait vous auriez appris la chronologie des événements, et pris acte l'analyse des historiens cités.
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RépondreSupprimerL’état d’Israël n’est peut-être pas la conséquence de la Shoah mais elle en a accéléré le processus.
Il serait interessant que l’auteur de l’article poursuive l’Histoire et fasse une démonstration sans complaisance de l’attitude d’Israël face aux rescapés de la Shoah qui firent leur alliah à partir de 1948.
Tom segev, historien israélien, s’est évertué à retracer dans son livre « Le septième million » la difficulté voire le dédain dont ont été victimes les survivants jusqu’au procès d’Adolf Eichmann en 1961. Preuve qu’Israël de l’époque était dans le déni, le procureur de ce procès pose une question abjecte aux témoins : « Pourquoi ne vous êtes-vous pas révoltés? »
L’État d’Israël est ressuscité, ou né de nouveau PARCE QUE c’était le temps de Dieu. Les prophéties bibliques sont là pour nous le rappeler. Or bien que le diable, ou serpent ancien, a essayé de s’opposer au plan divin au moyen de la Shoah (car la Shoah, c-à-d six millions de Juifs détruits, est l’oeuvre destructrice du diable), cependant personne ne peut s’opposer à Dieu et à son plan quand son temps est là. Voyons...
RépondreSupprimerTout d’abord remontons 2000 ans en arrière dans le passé biblique d’Israël sous occupation romaine...
* en l’an 33, «comme Yeshoua (grécisé : Jésus) approchait de Jérusalem, en la voyant, il pleura sur elle et dit : Il viendra sur toi des jours où tes ennemis t'environneront de palissades, t'encercleront et te presseront de toutes parts ; ils te nivelleront au ras du sol, toi et tes enfants au milieu de toi, et ne laisseront pas en toi pierre sur pierre...» Un peu plus tard «Comme Yeshoua s'en allait, au sortir du temple, comme quelques-uns disaient du temple qu'il était orné de belles pierres et d'objets apportés en offrandes, Yeshoua dit : Les jours viendront où, de ce que vous voyez, il ne restera pas pierre sur pierre qui ne soit renversée (…) Ils [les Juifs] tomberont sous le tranchant de l'épée, ils seront emmenés captifs parmi toutes les nations, et Jérusalem sera foulée aux pieds par les nations JUSQU’A CE QUE les temps des nations soient accomplis (ou jusqu'à la fin des temps des nations).» (Bible, Evangile selon Luc 19 v. 43-44 ; 21 v. 5-24 ; Levi-Matthieu 24 v. 1-2 ; Yohanan-Marc 13 v. 1-2)
Là, il est question :
- que Jérusalem sera assiégée et aplatie comme une crêpe au ras du sol, et
- que le Temple sera détruit au point où toutes ses pierres seront renversées, et
- que des Juifs seront massacrés quand d’autres seront emmenés captifs parmi toutes les nations (égal dispersion ou diaspora), et
- que Jérusalem, nivelée au ras du sol, sera foulée aux pieds par les nations, et cela JUSQU’A CE QUE les temps des nations soient accomplis.
N’importe qui, présent au moment où Jésus donne cette prophétie, peut comprendre de cette prophétie que tout cela ne durera que JUSQU’A un certain temps. Il peut comprendre qu’un jour Jérusalem, tête (ou capitale) du pays, sera relevée de couchée au ras du sol qu’elle était. Il peut également comprendre que préalablement au rétablissement de Jérusalem, le pays d’Israël sera lui-même revenu à la vie car une capitale sans pays ça n’existe pas.
Voilà ce que, de cette prophétie de Jésus, n’importe qui à son époque qui avait un minimum de réflexion et de bon sens pouvait comprendre.
Et voilà à présent la réalité de cette prophétie :
* en l'an 70, soit environ 40 ans après ces paroles de Yeshoua, après une insurrection juive, Titus détruit Jérusalem et son temple :
LA PROPHETIE BIBLIQUE DE YESHOUA COMMENCE A S’ACCOMPLIR.
* Egalement en l’an 70, voici ce que nous rapporte l’historien Gérard Israël : «Loin de Jérusalem en ruine, dans une bourgade nommée Yavneh, les quelques rabbis ayant échappé au massacre s'étaient attachés à l'impossible mission consistant à reformuler, sans le temple, la religion d'Israël…» (L’Express du 20/12/2007). C’est le Judaïsme rabbinique. Mais ce n’était pas la première fois que la Loi était reformulée par des rabbins. En effet, elle avait déjà antérieurement subi des transformations, notamment à l’époque de l’exil à Babylone...
Par la suite Hadrien fait reconstruire Jérusalem qu'il nomme Aélia Capitolina… puis autre révolte juive. Puis...
(voir suite sur deuxième page)
(Suite) Par la suite Hadrien fait reconstruire Jérusalem qu'il nomme Aélia Capitolina… puis autre révolte juive. Puis...
RépondreSupprimer* Dispersion du peuple juif et...
* Occupations successives du pays d'Israël par des nations étrangères où Jérusalem est «foulée aux pieds par les nations» :
LA PROPHETIE BIBLIQUE DE YESHOUA CONTINUE DE S’ACCOMPLIR : Occupation byzantine (324 Constantin - Saint Sépulcre), occupation perse (614 sassanides) - occupation arabo-musulmane (638 et 691 : Dôme du rocher), occupation égyptienne (900-1100), occupation franque (1100, croisés), occupation mamelouke (1187 Saladin), occupation turque-ottomane (1517 Soliman le Magnifique), et finalement occupation britannique en 1917 jusqu'en...
* 1948 où Israël est rétabli devant le monde entier en tant que Pays-Etat et Nation (proclamation officielle de David Ben Gourion). Avec 1/2 capitale biblique : Jérusalem.
C’est aussi l’accomplissement de la prophétie d’Isaïe donnée 700 ans avant la naissance de Yeshoua : «Avant d'être en travail, Sion a accouché ; avant que les douleurs lui viennent, elle a donné le jour à un fils. Qui a jamais entendu rien de pareil ? Un pays peut-il naître en un jour ? Une nation est-elle enfantée d'un seul coup ?» (Isaïe 66 v. 7-8) OUI ! un pays peut naître en un jour : Israël, exactement le 14 mai 1948 ; et OUI ! une nation est enfantée en un jour : Israël, exactement le 14 mai 1948 car dit l’Eternel : «Je veille sur ma parole pour l’exécuter.» (Jérémie 1 v. 12)
* Puis, en juin 1967, la Guerre des Six-Jours débouche sur la victoire fracassante d'Israël sur les nations arabes : Jérusalem est réunifiée : 2/2, c’est-à-dire totalement relevée.
LA PROPHETIE BIBLIQUE DE YESHOUA S’EST PARFAITEMENT ACCOMPLIE au niveau de ses cinq aspects : Destruction du temple et de Jérusalem, dispersion du peuple, occupations successives d'Israël par les nations, relèvement (= réunification) de Jérusalem, et donc également en juin 1967 : Officiellement accomplissement, ou fin des temps des nations.
À noter : Cette «fin des temps des nations» a été par ailleurs, dès 1968 (en France «mai 68» - slogan : «interdit d’interdire» - donc l’année qui a suivi la Guerre des 6 Jours en 1967) le départ, dans le monde, d’une période de rébellion ouverte contre Dieu, et de rejet PROGRESSIF de toutes les valeurs divines du «Judéo-Messianisme», qui a entraîné depuis lors, nous avons tous eu l'occasion de le vérifier, des changements de mentalités, de comportements, de mœurs, et donc de lois, dont certaines en opposition flagrante avec les lois divines, même en Israël (ex. : légalisation de l’avortement, reconnaissance de l’homosexualité devenue une «FIERTE» !!!). Ce qui explique la période des jugements divins PROGRESSIFS qui vont sévir sur la terre dans un FUTUR, proche.
L’État d’Israël est ressuscité, ou est né de nouveau, PARCE QUE c’était le temps de Dieu. Les prophéties bibliques avec leurs accomplissements sont là pour nous l’attester. Et bien que le diable, ou serpent ancien, a essayé de s’opposer au plan divin au moyen de la Shoah (car la Shoah, six millions de Juifs détruits, est l’oeuvre destructrice du diable), cependant personne ne peut s’opposer à Dieu quand, pour lui, le temps est venu d’agir...