RadioJ - Les risques de fermeture de l'Agence juive en Russie

 

RADIOJ - 12 AOÛT 2022

LES RISQUES DE FERMETURE DE L'AGENCE JUIVE EN RUSSIE

Jacques BENILLOUCHE au micro d’Eva SOTO

         La Russie, qui se croyait amie sincère d’Israël, a peu apprécié les critiques et surtout la condamnation de l’invasion de l’Ukraine par Israël. Elle avait jusqu’à présent protégé les Juifs russes et d’une certaine manière les actions militaires de Tsahal. Pour elle, l'Ukraine était une affaire intérieure qui ne nécessitait aucune intervention étrangère. Israël aurait dû garder un profil bas comme certains pays européens qui ont émis des réserves du bout de la langue. Les représailles russes auraient pu être dramatiques, en particulier en ce qui concerne la Syrie. Tsahal a une liberté totale d’action dans le ciel syrien pour traquer les convois d’armement à destination du Hezbollah ou pour détruire les bases iraniennes. Le ciel lui reste ouvert alors que la Russie dispose de défenses aériennes qui n'interviennent pas contre l’aviation de Tsahal. En guise d'avertissement, elle avait lancé un missile sur un avion militaire israélien, en le ratant volontairement, mais l'initiative n’a plus été renouvelée.

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Alors il fallait que la Russie marque le coup autrement qu’avec des actions militaires aux conséquences dramatiques. Elle a donc décidé de frapper là où cela fait le plus mal, à savoir l’alyah russe qui a pris une ampleur imprévisible. Des familles entières ont pris le chemin d’Israël et surtout de nombreux jeunes qui veulent éviter la conscription et la mobilisation avec le corps expéditionnaire russe en Ukraine. 

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Par ailleurs, la Russie a peu apprécié le départ de nombreux universitaires, médecins, ingénieurs et même une élite riche vers Israël ; elle ne pouvait pas accepter cette fuite brutale de cerveaux sans réagir. En menaçant de fermer les bureaux de l’Agence Juive à Moscou, elle a voulu donner un coup d’arrêt. Ainsi, entre le 24 février, date à laquelle l’invasion a commencé, et le 31 juillet, 12.175 immigrants sont arrivés d’Ukraine et 18.891 de Russie, soit un total de 31.066 personnes en l’espace de cinq mois, un chiffre trois fois supérieur qu’en 2021, sans compter les 34.000 Russes qui ont quitté avec le statut de touristes.

La demande de fermeture de l’Agence juive a été faite dans les règles sur requête du ministère russe de la Justice avec une défense assurée par des avocats juifs. On craint le retour à un antisémitisme d’État et celui des refuzniks qui voulaient émigrer vers Israël. Des déclarations ouvertement antisémites ont été faites depuis le début de la guerre en Ukraine par le ministre des Affaires étrangères russe Sergueï Lavrov. S’attaquer aux organisations juives s’inscrit dans la continuité de ce point de vue. La décision finale doit être prise à l’automne. D'ici là, le président Herzog va jouer le rôle de modérateur auprès de la Russie pour trouver une solution diplomatique qui ménage toutes les susceptibilités.