ÉLECTIONS : TRANSFERTS, REGROUPEMENTS, SCISSIONS
Par Jacques BENILLOUCHE
Les premiers à avoir
lancé un regroupement de listes furent le parti Bleu-Blanc de Benny Gantz et Nouvel espoir de Gideon Saar qui risquait de ne pas retrouver ses six députés.
Mais le regroupement a été accompagné d’une déperdition des candidats qui ont
choisi d’autres cieux, soit volontairement, soit par refus des dirigeants qui
ne leur faisaient plus confiance. L’ancienne militante du Likoud, Michal Shir,
a démissionné de Nouvel Espoir pour figurer sur la liste de Yesh Atid. On ne
voit pas l’intérêt de cette opération sinon celui de favoriser Lapid par rapport
à Gantz. L’effet reste très limité car Gantz et Lapid sont deux dirigeants du
même bord, condamnés à s’entendre pour barrer la route à Netanyahou. A la rigueur,
chacun cherche à arriver en tête pour être éventuellement désigné candidat
premier ministre.
Hendel et Hauser |
Les deux députés Hendel et Hauser, des anciens fidèles
incontournables de Netanyahou, qui avaient rejoint le parti Telem de Moshé
Yaalon, avaient créé leur micro parti, Derech Eretz, pour rejoindre Gideon Saar.
Ces deux députés de droite avaient déploré le manque de leadership de Netanyahou,
qui, selon eux, est obsédé par «sa survie juridique et politique». Mais Hauser
et Hendel ont accepté du bout des lèvres la coalition soutenue par les islamistes Raam de Mansour Abbas. Pire, ils avaient fait preuve d’un esprit trop critique vis-à-vis de
la coalition, justifiant ainsi le véto de Benny Gantz de les associer dans la
nouvelle structure de Kahol Lavan car ils sont peu fiables.
Leur survie politique était donc en jeu. Ils ont
choisi de sauver leur mandat en se liant avec Ayelet Shaked de Yamina, parti
qui a subi une forte hémorragie de députés : Avihai Chikli, Idit Salman,
Matan Kahana et Naftali Bennett. Ayelet est devenue général sans troupes. Avec
le nouveau parti Esprit Sioniste, Yamina est l’ombre de lui-même le jour où
Shaked a montré des velléités de s’associer avec Netanyahou. Elle avait
toujours refusé de voter la loi inspirée par Gideon Saar interdisant le poste
de premier ministre à un inculpé judiciaire. Elle voulait ménager son avenir
politique au Likoud qui pourtant ne veut pas d’elle.
Hendel-Shaked |
Ses zigzags politiques ont lassé les militants qui n’ont
pas approuvé que le parti soit dévoyé de son objectif initial par l’incorporation
de deux dirigeants laïcs. Le parti originel sioniste religieux avait vécu avec
le départ de Bennett. D’ailleurs le député Yomtob Kalfon est dans une position inconfortable car il assiste à la disparition de la finalité religieuse du parti. Les sionistes
religieux modérés, qui refusent l’asservissement au Likoud et encore plus la
dépendance vis-à-vis d’un parti extrémiste dirigé par Itamar Ben Gvir et Bezalel
Smotrich, se retrouvent orphelins.
Un grand espace politique s’est vidé entre la droite et l'extrême-droite avec le risque d’être boudé par des militants qui ne comprennent pas l’alliance contre-nature de Shaked avec Hendel et Hauser qui peut leur coûter leur avenir à la Knesset. Par ailleurs la position ambiguë de la leader de Yamina sur son positionnement vis-à-vis de Netanyahou ne fait pas l’unanimité car les deux recrues de Derekh Eretz restent profondément opposées au leader du Likoud.
Conservateur
de longue date, Hauser s’était donné une mission : «Je suis arrivé à la
conclusion, il y a deux ans, en tant que personne du camp nationaliste, que
nous ne pouvons pas continuer avec Netanyahou. J’ai donc quitté ma zone de
confort, franchi le Rubicon, et dit que nous devions offrir une alternative».
De son côté Hendel aura du mal à cohabiter avec Ayelet Shaked qui envisage
sereinement d’entrer dans une coalition dirigée par Netanyahou. Il vient d’ailleurs
de déclarer : «Je travaillerai dur pour que Netanyahou ne forme pas de
gouvernement». Les électeurs aiment les situations claires et l’alliance de
la carpe et du lapin ne leur permet pas de faire un choix serin. La
cohabitation risque d’être conflictuelle et il est fort probable que chacun
retrouvera ses marques une fois élu.
Moshe Gafni |
Du côté des religieux
orthodoxes la lutte pour le pouvoir bat son plein. Moshé Gafni a menacé de
créer une scission de la faction ultra-orthodoxe UTJ. Le chef de Degel HaTorah
envisage de rompre avec son partenaire de longue date, Agoudat Israël de Yaakov
Litzman, en raison de désaccords sur le partage du pouvoir et sur l'éducation
haredi. En fait, Gafni veut être reconnu comme le seul leader orthodoxe à la
Knesset. Il s'était distingué en affirmant qu'il pourrait se retrouver dans une coalition avec Lapid. L’on découvre ainsi que, même chez les religieux, les questions
personnelles priment sur l’intérêt de l’État, de leurs ouailles, voire sur l’intérêt
du judaïsme.
Toutes ces scissions, regroupement, formation de nouvelles listes, disparitions d'autres ne reflettent en fait qu'une seule chose: l'interet de chaque politicien de pouvoir etre parmi les 120 heureux elus. Cherchez une idee, un projet, une affirmation. Vous n'en trouverez pas, meme aux extremes. Ce qui compte avant tout c'est de faire partie de cette noblesse de 120 avocats, rabbins et generaux. Et c'est partout pareil, il n'y a pas une seule liste ou ce combat au KO n'existe oas.
RépondreSupprimerPour couvrir ces manigances (pour ne pas etre vulgaire), on invoque des decisions d'assemblees de sages ou de primaires truquees.
Alors, seulement pour l'esthetique, j'aimerai bien voir parmi ces 120, Ayelet Shaked et Hendel.
Je ne voterai pas pour eux. J'ai vote pour la meme liste ces 30 dernieres annees. Je ne changerai pas. Je suis probablement un naif.
Le grand secret de la politique est dans ces deux mots : SAVOIR ATTENDRE
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