Visite de la délégation du Hamas à Moscou |
Une batterie russe en Syrie a tiré sur des avions
israéliens. Selon le site russe RT, il ne s’agit pas d’une erreur. C’est la
première fois que la Russie souligne à travers plusieurs déclarations, l’utilisation
de ses batteries S-300 contre des avions israéliens dont l’usage est exclusivement
sous le contrôle russe. Il s’agit donc bien d’une décision réfléchie. C’est un
message et une mise en garde. Le fait que les jets sur leur vol de retour aient
été ciblés, sans être atteints, n’est pas un hasard non plus.
Porte-parole du ministère russe des affaires étrangère Maria Zakharova |
Il s'agissait de la douzième attaque d'Israël sur le
territoire syrien depuis le début de l'année. Donc la réaction russe aurait pu
intervenir plus tôt. Ce n’est pas anodin. Cet évènement pourrait laisser
craindre qu’il s’agisse d’un tournant dans les relations. Cependant il faut
analyser cette séquence à la lumière des récents évènements radicalisés par le
conflit en cours depuis fin février et ses effets. Il y a eu la visite surprise
du président syrien à Téhéran. Avant elle, c’est une délégation du Hamas qui
s’est rendue à Moscou pour solliciter le soutien du Kremlin et son aide.
Certains sont très prompts à analyser la situation comme un
changement profond de stratégie russe en raison de la position adoptée par
Jérusalem dans le conflit avec l’Ukraine. Évidemment la question d’une
confrontation directe entre la Russie et Israël vient à l’esprit. Surtout quand
on se rappelle la parole d’un ministre «nous avons une frontière commune
avec Moscou».
Alexandr Zhuraiev Commandant en chef |
Cette action qui anticipe un possible changement dans
l'attitude de Moscou envers Israël a d’autres implications, tant envers la
Syrie où elle a pris pied depuis des années, que vis à vis de l’Iran son grand
partenaire commercial et client d’armement mais aussi très expansionniste. Plus
largement c’est aussi un message en creux aux États Unis et à l’Europe dont la
carte se confondra bientôt avec celle de l’Otan. Le contre-amiral Oleg
Zhuravlev, chef adjoint du Centre russe de coordination pour la Syrie, a
déclaré dans un communiqué que les systèmes de missiles sol-air avaient réussi
à intercepter 16 missiles et un drone.
Selon le ministre de la Défense Benny Gantz, Israël et
Moscou ont établi un mécanisme par lequel la Russie ne répond pas aux frappes
aériennes sur des cibles iraniennes en Syrie. Pourtant, l'ambassadeur de Russie
en Syrie, Alexander Yefimov, a récemment menacé Israël de réagir si Israël
continuait à mener des frappes aériennes en Syrie. Cette déclaration constitue
un signal d’alarme de plus et fait sans aucun doute écho au déplacement du
président syrien à Téhéran qui peut s’inquiéter de voir son protecteur et allié
sur le terrain, retirer des troupes pour les envoyer en Ukraine. Cette visite
est aussi un signal du président syrien à Moscou pour l’inciter à ne pas
réduire sa présence. C’est peut-être aussi un avertissement à Téhéran de ne pas
essayer de tirer profit de la situation. Assad a toujours été un fin
négociateur.
Les
chemins de l’escalade
Israël a
accusé Moscou de «crimes de guerre» et qualifié ses actions de «violation flagrante de l'ordre international».
Une vidéo de mercenaires israéliens
combattant pour l'Ukraine a récemment circulé sur les réseaux sociaux. «La
bande de Gaza est essentiellement devenue une prison à ciel ouvert, dont deux
millions de personnes survivent dans les conditions du blocus maritime, aérien
et terrestre d'Israël depuis près de 14 ans», a déclaré la porte-parole du
ministère des Affaires étrangères Maria Zakharova, qui a ensuite accusé Israël
de se battre contre la Russie aux côtés des troupes d'Azov en Ukraine. Puis le
ton a monté, après la déclaration du ministre russe des Affaires
étrangères Sergueï Lavrov. Les rapports sont restés tendus, mais on voit bien
que Poutine tend une perche à Israël : prenez vos distances avec le
conflit et tout continuera «comme avant« C’est l’intérêt bien compris
des deux parties de maintenir le statu quo.
Voici ce qu’écrit le site Russian Today, qui reflète fidèlement la doctrine
du Kremlin, à propos de la vision de Zelensky pour l’Ukraine en tant que «grand
Israël» qui met en danger la sécurité de l’Europe : «Les dirigeants de Kiev ont établi à plusieurs reprises
des parallèles entre les Palestiniens dans les territoires occupés et les
Russes en Ukraine, faisant automatiquement des Palestiniens et des Russes
respectivement une métaphore du mal. Zelensky a cité Golda Meir dans un
discours devant un public israélien. Le président ukrainien a fait
référence à l'Holocauste et a utilisé les propres expériences d'Israël en
matière de "menace, de terrorisme et de victimisation" pour appeler
le public à la solidarité contre la Russie».
Par ailleurs,
dans une interview au journal Haaretz le commandant adjoint du
régiment d'extrême droite Azov, Sviatoslav Palamar, a identifié les
Palestiniens comme des «terroristes contre lesquels les forces de sécurité
israéliennes agissaient. La même chose se passe ici (en Ukraine). Je pense que c'est aussi de la terreur». a-t-il ajouté.
Moussa abu Marzouh chef adjoint du bureau politique étranger du Hamas |
Pendant ce
temps, une délégation de hauts responsables du Hamas dirigée par le chef du bureau des relations internationales
du mouvement, Moussa Abu Marzouk, et comprenant des membres du bureau politique
du mouvement, notamment Fathi Hammad et Hussam Badran, s’est rendue à Moscou le 4 mai pour discuter de la situation. Il
faut être clair, une telle délégation ne se déplace pas sans un accord
préalable du Kremlin et avec un contenu politique déjà préparé. La déclaration
à la mi-avril, du ministère des Affaires étrangères russe qui accusait Israël
d'essayer d'exploiter la situation en Ukraine pour détourner l'attention de la
communauté internationale du conflit palestino-israélien - en est la
démonstration.
C’est une mise
en garde supplémentaire incitant Israël à s’abstenir d’un soutien à l’Ukraine. C’est
aussi un signe envers Assad et les Palestiniens, confirmant que le Kremlin est
toujours présent et prêt à faire quelques efforts dans leur direction,
notamment vers le Hamas qui utilise cette visite pour nourrir sa propagande
anti israélienne et améliorer son image à Gaza où les conditions de vie se
détériorent. Le Hamas a
choisi de se confronter à la quadrature du cercle. Rechercher le soutien actif
de Moscou et se référer en permanence au martyr des opprimes et victimes
ukrainiennes constitue un défi majeur. Les dirigeants russes ne sont pas dupes
mais évaluent les avantages qu’ils pourraient en retirer.
Ce que déclare
le Hamas après la réunion : les bases d'un nouveau changement dans
l'ordre mondial ont été jetées. Il est désormais possible de changer le statu
quo au profit des «opprimés» dans le monde. Il a ajouté que changer
l'ordre mondial affecterait l'avenir d'Israël.
Le chef politique du Hamas, Yahya
Sinwar, a annoncé que «la rupture du siège de Gaza par la mer serait
initiée dans un avenir proche en coordination avec l'Axe de Jérusalem»
comprenant l'Iran et le Hezbollah, qui à son tour a formé une alliance avec
Moscou sur plusieurs questions régionales, notamment le conflit syrien.
Les marges de
manœuvres sont étroites pour la Russie, l’Iran et Israel. Même si Tsahal
réfléchit à un changement de tactique, il lui reste peu d’options. Si le
Kremlin accepte les interventions israéliennes contre des objectifs iraniens
c’est aussi et d’abord à son profit, contenir l’expansionnisme et l’influence
Perse en Syrie et pour Israël repousser la menace à sa frontière nord. Si le
verrou saute ce serait un bouleversement majeur dans la sécurité de l’État.
Israël ne voudra pas et ne pourra pas prendre ce risque. On peut donc
s’attendre que le gouvernement en place mette une sourdine à ses déclarations
et son soutien à l‘Ukraine.
Bonsoir,
RépondreSupprimerMerci pour cet article franc.
Cordialement,
Jusqu'a present, je n'ai pas encore compris pourquoi Israel avait mis son nez dans l'affaire ukrainienne. Contrairement a beaucoup d'Israeliens, j'espere que Moscou gagnera et que Zelensky aoit fusille. Il est juif comme je suis papou.
RépondreSupprimerCher Georges bonjour certains spécialistes du cerveau et de l’ame humaine, pretendent que parfois c’est l’ego qui s’exprime plus vite que l’individu ne pense. Ce qui reste une énigme qui n’est pas encore éclaircie. Les études spécialisées se poursuivent.
RépondreSupprimerBien cordialement.