Conférence de Ramstein, Lloyd Austin à la manœuvre |
Poutine a deux obsessions. D’une part, être un
interlocuteur à l’égal des puissants que sont Xi Jin Ping et Joe Biden. D’autre
part, conclure un accord de sécurité avec l’Europe et les États Unis, après
l’échec des accords de Minsk, la poussée de l’Otan aux frontières de la
Russie et l’absence d’un tel accord après Obama et Trump. Mais pendant ce
temps, Le
président Zelensky insiste, lui, sur la reconquête territoriale totale des
territoires perdus. Il avait semblé être prêt à une négociation, mais
l’Amérique l’assure qu’il pourra gagner sur tous les plans. À la suite de la visite à Kiev d’Anthony
Blinken et de Lloyd Austin, on évoque maintenant la doctrine Austin qui a
déclaré être prêt à «remuer ciel et terre» pour aider l’Ukraine.
Pendant ce temps, l ’ex-président Petro Porochenko, évoque la «dépoutinisation»
de la Russie et ajoute «Plus de compromis possible avec
Moscou après Boutcha». Josep Borell, haut-commissaire
de l’UE, avait déjà estimé que «la victoire ne se ferait que sur le champ de
bataille».
Dans le même temps, les Américains font
savoir qu’ils entrainent aux États Unis et en Allemagne des militaires
ukrainiens qui seront à leur tour des instructeurs sur l’utilisation d’armes
lourdes. On peut désormais parler de guerre par procuration : les
USA et leurs alliés combattent la Russie en Ukraine. Les deux guerres - la «vraie»
en Ukraine et la guerre économique - ne se déroulent pas comme prévu. Le Blitzkrieg russe
a échoué. En Russie, la guerre des sanctions occidentales n'a aucun effet
majeur. On prépare le sixième paquet de sanctions et un possible embargo sur le
gaz et le pétrole. Le rouble s'est redressé, l'économie ne s'est pas
effondrée, les troubles sociaux attendus ne se sont pas produits. Le tsar du
Kremlin est toujours aux commandes.
L'UE doit définir ses objectifs. Où tout
cela finira-t-il ? Cette question est rarement posée, même après la
récente foire aux armements. «On ne peut pas mettre autant d'essence dans le
réservoir sans savoir où on veut aller», déclare l’ancien ambassadeur de France aux États Unis,
Gerard Araud, fin
connaisseuse de la politique américaine. Que les Américains et les Européens se
mettent autour d’une table pour parler de la guerre et de ses
objectifs. En fait, il serait grand temps d'analyser la nouvelle situation
et de définir une stratégie - pour l'ordre d'après-guerre.
Gérard Araud |
Les États-Unis
ne cachent pas leur objectif. «Nous voulons que la Russie soit affaiblie au
point qu'elle ne puisse plus faire ce qu'elle a fait lorsqu'elle a envahi
l'Ukraine», a déclaré le Secrétaire américain à la Défense Austin.
Il a aussi laissé parler son subconscient. Il a publiquement déclaré : «NOUS
allons gagner la guerre» pour se reprendre ensuite, en remplaçant le NOUS,
par ILS vont gagner la guerre (les Ukrainiens).
Bruxelles a reconnu que la guerre fait
rage sur trois fronts : Militaire-Otan, économique et information &
désinformation - mais sur tous ces fronts, les Européens semblent s’être résignés
à se laisser dicter leur conduite par les États-Unis et l'Ukraine. Ce qui les
exclut d’être des médiateurs. Certains par leurs propos irresponsables, font
penser aux dirigeants à la veille de la grande guerre, la fleur au fusil.
On pouvait éviter le
pire. Mais l'Occident se prépare à une longue guerre. Ce conflit aurait pu
être évité et terminé depuis longtemps. C'est le
résultat de plusieurs révélations ces derniers jours, pourtant peu remarquées
dans les grands médias. Le Wall Street journal, pas du tout catalogué pro
russe, a publié un article important. Il décrit comment le président Macron et
le chancelier Scholz ont tenté de trouver une solution de paix jusqu'au bout -
jusqu'à la conférence de Munich sur la sécurité le 19 février. Scholz aurait
même exhorté le président ukrainien Zelensky à accepter la neutralité de son
pays, qui serait garantie par les États-Unis et la Russie. Mais Zelensky a
refusé. Même le président américain Biden, que Macron tentait de
convaincre, n'a pas voulu prendre une nouvelle initiative et parler au
président russe. Il aura gâché la dernière chance de paix. Quatre jours
plus tard, Wladimir Poutine, a déclenché la guerre – Macron et Scholz avaient
perdu leur dernière bataille diplomatique.
L’ex général Michael Flynn ancien conseiller à la sécurité de Trump |
Cependant, la faute en incombe non
seulement à Poutine, mais aussi à Biden. Parce qu'il a laissé Scholz et
Macron échouer - bien qu'il ait lui-même averti de la guerre pendant des mois. Ce
n'était pas la première fois. «Biden n'a pas été en mesure de communiquer
efficacement avec Poutine», a déclaré l’ancien général Michael Fynn. La
guerre était «complètement évitable», a-t-il
déclaré, «Biden Vice-président d’Obama, savait depuis des années où se
trouvaient les lignes rouges de Poutine. Cela était clair depuis l’accord
de Budapest de 1994». Lorsque la
guerre a éclaté le 24 février, Biden aurait pu reprendre l'initiative. Il
est vite devenu évident que Poutine n'obtiendrait pas une victoire facile.
signature accord de Budapest |
Joe Biden n'a rien fait pour que les pourparlers
soient un succès. Au contraire, plus la guerre dure, plus il exhorte
Zelensky à ne faire aucun compromis. On a pu s’en rendre compte dans le
changement de ton du président ukrainien, d’abord prêt à participer à des
négociations, puis devenir intransigeant. Les négociations sont discréditées. Au
lieu de faire pression pour la paix, le président américain a tout fait pour
isoler Poutine et discréditer les négociations. Personne n’aura oublié sa
déclaration : «on ne parle pas avec un criminel de guerre».
En outre, les États-Unis font tout pour
empêcher les Européens de jouer un rôle indépendant. Le point culminant de ces
efforts a été le marathon au sommet de Biden à Bruxelles, où tous les
participants se sont engagés à un parcours sans compromis. On en voit le
résultat : les négociations entre Kiev et Moscou sont rejetées comme sans objet. L'UE
ne compte plus sur la diplomatie. L'OTAN appelle aux armes. Au lieu de
travailler pour la paix, le secrétaire général de l'OTAN, Stoltenberg, a engagé
les alliés dans une longue guerre, Ce serait le bon moment pour le
faire. Kiev n'est plus directement menacé, Odessa est toujours debout,
l'Ukraine pourrait faire la paix la tête haute. Mais la diplomatie ne semble
plus d’actualité. Alors, combien faudra-t-il de morts à Zelensky pour
s’arrêter ? Combien de morts selon les critères européens ? Combien
de victimes de part et d’autre pour que Washington change de stratégie ? Mort
où est ta victoire ?
.
Avec la Russie de Poutine , il n'y a aucun compris.
RépondreSupprimerPoutine depuis son accession à la présidence de la Russie , par une propagande et la suppression de la presse et les opposants , veut faire de son pays le seul interlocuteur des Etats-Unis , alors qu'il n'a pas les moyens , sauf par la force et la violation des territoires des autres. ( Géorgie , Ukraine ) et ses supplétifs en Syrie, Libye , Mali, Centrafrique etc .
Je pense que les spécialistes du Kremlin aujourd'hui , sont des spécialistes du passé. Il faut regarder la Russie de Poutine telle qu'elle est . Les assassinats des opposants et des journalistes , ne sont pas le fait de l'Occident. Si on interdisait ou si l'on jeté monsieur Francis Moritz en prison pour ses cris , il hurlerai à la dictature et à la violation des droits humains. Maispour ce qui ses passe Russie, il trouve cela normal.
En tout cas, au-delà des considérations géopolitiques où excellent Mr Benillouche et ceux qui le suivent, il faut s’interroger sur LE SENS de ce qui se passe actuellement entre Kiev et Moscou. Qu’est-ce que ça représente, qu’est-ce que ça annonce, qu’est-ce que ça signifie pour nous qui sommes juifs et habitons Israël. Nos écritures nous enseignent la fragilité des régimes autocratiques. Tout cela est clairement expliqué dans le Livre de Daniel. Ce qui est certain, c’est que le Maître de l’Histoire sait ce qu’il fait. Cela ne veut pas dire que face à cette actualité, il faut se laisser aller. Bien sûr qu’il faut suivre ce qui se passe et en anticiper les multiples conséquences possibles. Hegel disait que la violence est le moteur de l’Histoire. Mais Hegel est mort, et nous nous somme vivants… ‘Hag HaAtsmaout Saméakh, les amis ! Et Mizmor lé Toda !
RépondreSupprimerCher Monsieur Jonas, je ne trouve pas ce qui se passe " normal". Non seulement j'ai déjà eu l'occasion de m'exprimer dans un précédent article, mais ma conclusion ne peut laisser aucun doute. D'ailleurs, je ne me fait pas l'avocat de la Russie, là n'est pas du tout mon propos. La configuration actuelle indique qu'on est embarqué dans un conflit qui peut durer et avoir de lourdes conséquences pour beaucoup de civils innocents. Même si Poutine est un dictateur, cela n'a jamais empêche aucun pays quel qu'il soit, je dit bien quel qu'il soit d'entretenir des contacts et plus si affinités. Il n'y pas un pays qui ne le fasse, y compris Israël. Chaque pays a en tête ses interêts et ça se comprend. . Au dela les Etats Unis poussent à la guerre, l'UE leur emboite le pas, mais continue à acheter du gaz et du pétrole, prépare un 6ème paquet de sanctions. Il faut donner sa place à la diplomatie, à la négociation. A défaut on comptera les victimes dont on fera ensuite des martyrs. Mais ils ne seront plus là pour y assister.
RépondreSupprimerTrès cordialement,