Un peuple en exil dans son propre pays. On pensait
que ça n’existait pas, c’est pourtant le cas des Yazidis en Irak. Une actualité
chasse l’autre ; Il n’empêche, ceux qui ont survécu, sont des personnes
déplacées dans leur propre pays. Le calvaire sous le joug de Daesh a pris une
autre forme mais se poursuit à nos jours. On les oublie car c’est loin
d’Europe, c’est loin de tout et les médias n’ont que peu d’intérêt. Des années
après leur massacre par Daesh, des dizaines de milliers de survivants restent
interdits de séjour dans leur propre village d’origine.
Camp de réfugiés Yazidis où vivent 1500 familles |
Les Yézidis sont des monothéistes syncrétiques qui
croient en un dieu tout-puissant. Les racines de leur religion, le yazidisme,
remontent à environ 2 000 ans avant le christianisme, bien que leurs pratiques
de croyance combinent des éléments de cette religion avec le judaïsme, l'islam,
le zoroastrisme et les anciennes religions mésopotamiennes. Les Yézidis ne
croient pas à l'existence d'un être maléfique. Dieu aurait été faible pour
tolérer un second puissant à ses côtés, et parler du diable serait
blasphématoire. Au centre des croyances yézidies, se trouve l'archange connu en
anglais sous le nom de Melek Taus. Il est vénéré comme une représentation de
Dieu sur terre et est représenté comme un paon.
Les yézidis sont nés dans leur religion, ce qui
signifie que la conversion au yazidisme est impossible. Les yézidis ne sont
autorisés à se marier qu'entre eux ; celui qui se marie en dehors de la
religion est considéré comme un converti automatique à la religion du conjoint.
Ils représentent mondialement un million d’adeptes et près de 2,5% de la
population irakienne de 40 millions. Par comparaison, en Israël les Druzes
constituent une minorité non musulmane qui représente 1,5%.
Femmes Yazidi forcées à quitter leur village |
Pourquoi les yézidis sont-ils persécutés ? À partir
de 2014, le contrôle de Daesh sur une grande partie de l'Irak a poussé de
nombreux Yézidis à fuir. Le 3 août 2014, Daesh a envahi la région des yazidis
et y a perpétré un génocide. L'ONU a estimé qu'environ 5.000 hommes ont été
assassinés et jusqu'à 7.000 femmes et enfants ont été enlevés. Au moins 400.000
ont été chassés de leur patrie. L'ONU et le Parlement européen ont qualifié les
événements de génocide. Les islamistes ont longtemps considéré les yézidis
comme des «non-croyants» qui devaient être convertis ou tués. Cette
minorité religieuse a également été persécutée en tant que membre de la
minorité ethnique kurde. Les yézidis doivent souvent dissimuler cette double
identité.
Le camp de réfugiés du district de Ninive, dans la
région autonome du Kurdistan, ressemble à une petite ville. Plus de 1 500
familles yézidi y vivent depuis 2015, après avoir réussi à échapper aux
terroristes de Daesh. La conversion force ou la mort. Les familles vivaient
dans un village du Sinjar lorsque des militants de Daesh les ont capturés comme
des bêtes. Ils voulaient les forcer à se convertir, mais certains réussirent à s’échapper
dans les montagnes. Sous certains aspects, on retrouve les réflexes de
l’inquisition de 1492 : La conversion, l’esclavage ou la mort.
Communauté Yazidi devant une fosse commune |
Ils ont eu de la chance ? Selon l'ONG Yazda basée aux États-Unis,
quelques 12.000 personnes ont été kidnappées ou tuées au cours de la première
semaine. «Un génocide a eu lieu et se poursuit», a déclaré le président
de la Commission d'enquête de l'ONU sur la Syrie, Paulo Pinheiro, à Genève
après avoir dévoilé un rapport dès août 2014. Nous sommes en 2022, C’est
peut-être même pire. Cela n’est pas pour autant que l’ONU et l’UE ont exigé une
enquête internationale pour une minorité traitée comme des étrangers dans son
pays ou qu’une aide plus substantielle a été mise en place pour leur permettre
de réintégrer leur village d’origine.
Des milliers de personnes ont fui, beaucoup n’ont
pas survécu. Les terroristes de Daesh ont massacré sans distinction des
personnes âgées, ceux trop faibles pour fuir et ceux qui refusaient de se
convertir. Les garçons ont été formés pour devenir des combattants de Daesh
pendant que les femmes et les filles ont été vendues comme esclaves sexuelles.
Des milliers de Yézidis sont toujours portés disparus. De nombreuses fosses
communes ont été découvertes, mais toutes n'ont pas été exhumées. Coté ONU et
UE le silence est de mise. Daesh a été chassé en 2017, alors que quelques 300.000
déplacés n'ont toujours pas pu rentrer au Sinjar, région à prédominance yézidi
avant l'arrivée de l’État islamiste.
La situation sécuritaire instable dissuade le plus
grand nombre de regagner leur village natal. En effet, la situation y est
particulièrement tendue, car différentes factions y opèrent : Les Unités de
protection du Peuple, qui sont affiliées au PKK (parti des travailleurs du
Kurdistan) considéré par les États-Unis et l'UE comme une organisation
terroriste. Les Forces de mobilisation
populaire, soutenues en partie par l'Iran ; les peshmergas, la branche kurde
des forces irakiennes et de nombreux autres représentants de l'armée irakienne.
Dans le même temps, la Turquie bombarde la région, qui abrite des insurgés
kurdes qui revendiquent leur indépendance de la Turquie, à l’identique du
Kosovo qui l’obtint au terme de la guerre menée par l’OTAN (1999) et les États
Unis contre la Serbie. Ce qui fut la première guerre en Europe avec 240.000
victimes après la deuxième guerre mondiale et non le conflit en Ukraine.
Pour de nombreux survivants, il est impensable de
revenir dans un lieu habité par leurs bourreaux. Un certain nombre de partisans
et même de combattants actifs de Daesh vivaient dans les villages et villes
proches des villages yazidis, et certains d'entre eux y résident toujours. Les Yézidis survivants subissent depuis un
double traumatisme : les tueries de l'EI et le fait que ni l'armée irakienne,
ni les peshmergas de la région semi-autonome kurde - qui contrôlaient alors la
zone - ne les ont défendus ou protégés. Et ceux qui ont aidé les Yézidis en
2014 ont importé leurs propres problèmes dans la région. Le PKK interdit par la
Turquie et l'Unité d'autodéfense kurde (YPG) alignée sur le PKK sont venus en
aide aux yézidis, au grand dam de Bagdad et d'Ankara. La Commission des droits de l’Homme de l’Onu
ne semble pas du tout intéressée par ce qui se passe. Elle préfère
manifestement coller à l’actualité.
"Sourate IX, verset 29-35
29. Combattez ceux qui ne croient ni en Allah ni au Jour dernier, qui n'interdisent pas ce qu'Allah et Son messager ont interdit et qui ne professent pas la religion de la vérité, parmi ceux qui ont reçu le Livre, jusqu'à ce qu'ils versent [l'impôt de] la capitation par leurs propres mains, après s'être humiliés.
32. Ils veulent éteindre avec leurs bouches la lumière d'Allah, alors qu'Allah ne veut que parachever Sa lumière, quelque répulsion qu'en aient les mécréants.
« Lorsque vous rencontrez [au combat] ceux qui ont mécru frappez-en les cous. Puis, quand vous les avez dominés, enchaînez-les solidement. Ensuite, c’est soit la libération gratuite, soit la rançon, jusqu’à ce que la guerre dépose ses fardeaux. Il en est ainsi, car si Allah voulait, Il se vengerait Lui-même contre eux, mais c’est pour vous éprouver les uns par les autres. Et ceux qui seront tués dans le chemin d’Allah, Il ne rendra jamais vaines leurs actions. »
— Le Coran (trad. Muhammad Hamidullah), « Muhammad », XLVII, 4.
Il ne fait définitivement pas bon
d’être une minorité, d’être yazidi et de vivre en terre d’islam à majorité
chiite.
un très bel article explicatif
RépondreSupprimertellement triste et peuple oublié
merci à vous
Takouhi- Jacqueline Assassian