L’AP ET LE SECRET DE LA MORT DE LA JOURNALISTE D'AL JAZEERA
Par Jacques BENILLOUCHE
Des collègues et amis réagissent à l'arrivée du corps drapé du drapeau palestinien de la journaliste |
L’Autorité palestinienne vient encore de trouver une
bonne opportunité dans la mort de la journaliste palestinienne Shireen Abu Aqleh.
Les causes de la mort ne sont pas encore élucidées parce qu’il subsiste un doute volontairement maintenu.
Les Palestiniens ou les soldats israéliens peuvent être responsables de cette
bavure mais il semble bien que Mahmoud Abbas ne voie que son intérêt. L’AP n’ignore pas que tout incident minime peut conduire à un
échauffement dramatique de la situation en Cisjordanie. On vient de le
constater à l’occasion des fêtes du Ramadan qui se sont soldées par des échauffourées
près de la mosquée Al Aqsa. Donc, l'AP exploite toujours les troubles de manière égoïste car elle profite de mettre de l’huile sur
le feu sans s'intéresser à son peuple.
Il est important que la cause de la mort de la
journaliste soit établie. Si Israël est coupable, Tsahal est habitué à prendre
des mesures, voire des sanctions, contre ses soldats car l’intégrité doit
rester la qualité première de ses combattants. Mais il faut pour cela que les
Palestiniens autorisent une enquête internationale et remettent aux experts
neutres la balle qui a tué. Alors les esprits s’échauffent et des troubles
trouveront une raison de se développer. Les jeunes Palestiniens exploiteront le
«crime d’Israël» pour s’en prendre à nouveau aux forces de l’ordre et
attirer l’attention internationale sur leur combat. L’objectif de l’AP est ainsi atteint, cet
objectif qui consiste à éloigner les regards sur la lutte permanente entre le
Fatah et le Hamas pour la prise de contrôle de la Cisjordanie. Israël sert de
ciment à deux clans irréconciliables.
Shireen Abu Akleh couvrait les raids israéliens sur Jénine |
Des centaines de manifestants se sont rassemblés à
la suite de la mort de la reporter d’Al Jazeera parce que des accusations sans
preuves avérées ont fusé. Dès que l’occasion se présente, le Hamas réveille ses cellules
dormantes en Cisjordanie pour faire bouger la population. D’abord ce fut
l’affaire d’Al Aqsa et l’alibi des prières juives sur le mont du temple et, à
présent que la calme est enfin revenu, l’Autorité impose le doute en refusant d’éclaircir
les causes de la mort. Aucune raison ne justifie le refus de l’analyse de la
balle meurtrière sinon la volonté d’accuser Tsahal des pires maux. Mahmoud
Abbas préfère susciter des troubles réprimés avec peut-être des morts qui n’ont
pas demandé à l’être. Il veut se protéger et protéger sa clique de corrompus et, pour cela, tout est bon pour diriger les regards ailleurs qu’à la Moukata.
Des soldats de Tsahal dans une rue de Jénine |
Des hypothèses sont émises alors que les progrès de
la police scientifique sont avérés. On calcule les distances, on mesure les
possibilités des uns et des autres alors que seule la balle peut parler sachant
qu’Israël et les Palestiniens n’utilisent pas les mêmes armes. Le médecin
légiste palestinien Rayyan Ali, qui a pu examiner la dépouille, a certifié que la
journaliste a été tuée d'une balle l'ayant atteinte «à grande vitesse» à
la tête. Aux ordres de l’AP et seul dans son laboratoire, il prétend cependant qu’il lui est
difficile de conclure à la cause du décès. S'il était persuadé qu'Israël était responsable, il aurait claironné l'information.
Obsèques symboliques |
Comme d’ordinaire à l’étranger les accusations
fusent contre Israël. Les États-Unis et de nombreux pays condamnant la mort de
la journaliste réclament une enquête «transparente». Après des
obsèques symboliques dans la rue avec la dépouille de la journaliste portée à
bout de bras sur un brancard, une cérémonie officielle est prévue à Ramallah à
la Moukata en présence de Mahmoud Abbas et de représentants de la
presse, avant les funérailles, le 13 mai, dans une église de Jérusalem. On oublie
de préciser que la journaliste a été tuée dans le camp de réfugiés de Jénine, le
bastion des factions armées palestiniennes qui organisent de nombreuses
attaques contre des civils en Israël. Le risque était grand pour la journaliste de se rendre au milieu des combats.
Les thèses
israéliennes ont certes évolué. Naftali Bennett avait d’abord expliqué que la
journaliste avait «probablement succombé à un tir de combattants
palestiniens». Mais le ministre de la Défense Benny Gantz a indiqué à la
presse étrangère que l'armée «n'était pas certaine de la manière dont elle a
été tuée. C'est peut-être un Palestinien qui a tiré sur elle. Le tir est
peut-être aussi venu de notre côté, nous enquêtons. Nous avons besoin de la
preuve médico-légale des Palestiniens, y compris la balle ayant tué la
reporter, afin de mener une enquête complète». Ceci pour confirmer le doute
et justifier qu’Israël ne rejette jamais sa responsabilité si tel est le cas.
Tsahal ne cesse de réclamer aux Palestiniens «la
balle retrouvée dans le corps de Shireen Abu Aqleh afin
de permettre à la division des enquêtes criminelles de la police militaire de
mener une enquête scientifique pour retracer l'origine du tir». Il a même
suggéré à des responsables palestiniens et américains d’assister lors de
l'examen de la balle pour identifier l'arme dont elle provenait. Mais sans
donner d’explication, Hussein al-Sheikh, dirigeant au sein de l’AP, refuse :
«Israël a demandé une enquête conjointe et que nous leur remettions la balle
à l'origine de l'assassinat de la journaliste mais nous refusons. L'enquête
doit être complètement indépendante». A priori il s'agit d'une indépendance limitée aux
Palestiniens et confirmée par le Premier ministre palestinien, Mohammed
Shtayyeh.
L'ambassadeur Danny Danon, président du Likoud mondial et ancien
ambassadeur d'Israël aux Nations Unies, a critiqué l'AP pour son refus de
coopérer avec Israël dans l'enquête sur la mort de la journaliste d'Al Jazeera :
«Il est stupéfiant qu'au lieu d'appeler à une enquête conjointe et
transparente entre Israël et l'Autorité palestinienne pour découvrir la vérité
sur le récent incident, il y ait une ruée immédiate et collective pour dénoncer
Israël sans aucune preuve à l'appui. Le fait que l'AP refuse de coopérer à une
enquête semble sans conséquence, ni provoquer de tollé. C'est triste et
choquant mais pas surprenant».
RépondreSupprimerComme par hasard, l'affaire du décès de la journaliste d'Al Jazeera (tuée le 12 mai, aussitôt imputée à Tsahal alors que l'Autorité Palestinienne refuse d'en communiquer les preuves) arrive à point pour gommer dans l'opinion internationale le bénéfice qu'Israel pouvait tirer de l'arrestation le 8 mai, par Tsahal des responsables de la tuerie perpétrée à Elad. Sur les réseaux sociaux, l'opinion d'une majorité d'Israéliens s'était offusquée : pourquoi ne les a-t-on pas tués sur place ? Jusqu'à quand aura-t-on davantage pitié des assassins plutôt que des victimes ? Un peu partout dans le monde, la mansuétude d'Israël à l'égard de ceux qui, jour après jour, travaillent à son éradication, étonnait. Les Juifs seraient-ils devenus stupides ? "S'il vient pour te tuer, tue le d'abord" : ce commentaire de Rachi est le bon sens même. Mais non : la mort de cette journaliste permet opportunément à nos ennemis d'affirmer qu'Israël est bien l'Etat nazi et criminel que la propagande palestinienne essaie (et réussit) de faire avaler à l'opinion internationale.