MAHMOUD ABBAS PRÉPARE ENFIN SA
SUCCESSION
Par Jacques BENILLOUCHE
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Hussein Al-Sheikh avec Mahmoud Abbas |
Mahmoud Abbas songe enfin à préparer sa succession à l’âge de 86 ans. Les deux finalistes putatifs pour le remplacer sont enfin désignés et viennent de recevoir des postes de très haut niveau au sein du parti Fatah. Il était temps car, malgré l'illusion qu'il donne dans ses déplacements, le président est physiquement vieillissant. Cela faisait plus de quatre ans que le Conseil central de l’OLP ne s’était pas réuni ce qui a mis en cause la légitimité même de l’organisation.
Conseil central de l'OLP |
Sur proposition d’Abbas,
le conseil central de l’OLP composé de 141 membres a désigné Hussein Al-Sheikh,
61 ans, comme secrétaire général du comité exécutif de l’OLP dont la fonction
essentielle est de dialoguer avec Israël et les États-Unis. Il succède en fait à Saëb Erekat [1], décédé le 10 novembre 2020, après avoir contracté le covid. Il s’agissait aussi de remplacer l’ancienne membre du comité exécutif Hanane Achraoui, qui a démissionné pour divergences.
Dans la même réunion, le conseil a choisi Rawhi Fattouh, 73 ans, un autre proche d'Abbas, pour diriger le Conseil national, la plus haute instance décisionnelle de l'OLP, et Ali Faisal et Musa Hadid comme ses vice-présidents, Les deux dirigeants nommés sont soutenus par l’Occident et, pour avoir été depuis longtemps aux côtés d’Abbas, il ne faut pas s’attendre à une révolution dans la politique palestinienne.
Rawhi Fattouh |
Hussein al-Sheikh devient négociateur en chef de l’Autorité mais il ne jouit pas d’une réelle côte auprès des Palestiniens alors qu’il est très apprécié par les Israéliens pour son comportement et sa modération. Les États-Unis le voient comme le défenseur de la coopération avec les forces sécuritaires israéliennes. Lui-même, en tant que colonel de 1994 à 1997, a dirigé les forces de sécurité de l’AP. Il fait partie de la vieille génération des apparatchiks du Fatah, réputés pour leur corruption et leurs magouilles politiciennes. Il est habitué des réunions avec le nouveau régime israélien puisqu’il avait assisté en décembre 2021 à la rencontre de Mahmoud Abbas avec Benny Gantz à son domicile et rencontré en janvier 2022 Yaïr Lapid.
A l’occasion du Conseil central, le président Mahmoud Abbas, dont l’autorité est contestée, a souhaité «l’organisation de réformes et la fin des divisions internes». Il a par ailleurs déclaré : «Nous portons une grande attention au processus de réforme et nous sommes prêts à prendre les mesures nécessaires pour y parvenir». Ces réformes risquent d’intervenir trop tard car la grogne s’est déjà amplifiée au sein des dirigeants palestiniens dont certains avaient prévu d’organiser leurs propres listes aux élections législatives [2]. Par ailleurs il est abandonné par les principaux pays arabes qui ne supportent plus son intransigence .
En effet, de façon générale, les institutions palestiniennes sont de plus en plus
décriées. Le président Abbas, élu en 2005 et dont le mandat devait s’achever en
2009, est au plus bas dans les sondages et des manifestations se sont
multipliées en Cisjordanie pour appeler à sa démission [3]. Il avait annulé en avril les
élections présidentielle et législatives prévues en mai 2022, les premières en
15 ans, sous prétexte fallacieux que le scrutin n’était pas garanti à
Jérusalem-Est : «Notre but est de tenir la présidentielle et les
législatives dès que nous pourrons tenir ces scrutins à Jérusalem». Mais
Abbas n’a pas précisé d’échéances ni dévoilé comment il allait s’y
prendre pour organiser ces scrutins à Jérusalem-Est, où vivent plus de 250.000
Palestiniens. L’absence d’élections porte un coup sévère à la légitimité de la
direction de l’AP et même à celle du Conseil central.
Mouchir al-Masri |
Des centaines de personnes s’étaient rassemblées dans le centre de Gaza à
l’initiative du Hamas qui ne fait pas partie de l’OLP mais qui souhaiterait l’intégrer
car cette organisation est reconnue internationalement comme représentant du
peuple palestinien. Cependant, selon un cadre du Hamas, Mouchir al-Masri :
«Le Hamas, des factions palestiniennes et les masses expriment leur rejet de
cette rencontre du Conseil central qui ne fait que diviser, et n’exprime pas la
volonté du peuple».
Israël ne peut que se réjouir de cette division car le statu quo persistera
et éloignera à longue échéance la création d’un État palestinien unifié.
[1] https://benillouche.blogspot.com/2020/11/deces-du-negociateur-en-chef-des.html
[2] https://www.blogger.com/blog/post/edit/1376925726094234065/8372717741270393479
[3] https://benillouche.blogspot.com/2021/08/depasse-mahmoud-abbas-ne-controle-plus.html
2 commentaires:
La succession d'Abou Mazen se fera dans un bain de sang.
Israël ne peut que se réjouir...Il ne se réjouit pas, lui qui a quitté Gaza dans un geste de paix, et en déracinant des centaines d'Israéliens. Oui, l'État hébreu ne peut tolérer que s'établisse dans la proche Judée, un État gouverné par le Hamas et d'où le groupe terroriste lui lancerait des roquettes, tout en y creusant des tunnels d'atttaque.
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