LES RELATIONS ENTRE MOSCOU ET JÉRUSALEM EN QUESTION
Par Jacques BENILLOUCHE
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky et son homologue israélien, Isaac Herzog |
Reznikov rencontre le président de la Knesset |
Ce conflit armé pourrait
entraîner des répercussions sur la politique intérieure d’Israël qui abrite
près de 500.000 immigrants ukrainiens et plus de 400.000 originaires de Russie.
Par ailleurs, les sanctions américaines contre la Russie pourraient nuire aux
intérêts de sécurité d'Israël en Syrie où Tsahal agit presque librement contre
les bases iraniennes et contre les transports d’armement du Hezbollah, avec
l’aval tacite russe. Tsahal a toujours coordonné ses opérations avec Moscou
mais cela risque de changer si Israël se range du côté des Américains pour
condamner l’invasion russe.
La Russie a anticipé les
inquiétudes d’Israël en affirmant son soutien aux besoins de sécurité d’Israël.
Malgré le mécontentement de Moscou face aux déclarations israéliennes
concernant son invasion de l'Ukraine, l’ambassadeur russe a rassuré le
gouvernement israélien qu’il poursuivra sa coordination militaire avec Israël
au sujet de la Syrie. On rappelle qu’à la suite de l'intervention russe de 2015 dans la guerre civile
syrienne, Israël avait mis en place une action de coordination entre plusieurs
chaînes de commandement militaires, pour réduire les risques de dégâts
occasionnés par les actions respectives de chacune de ces chaînes de
commandement, et susceptibles de causer des accidents. Il s’agit d’empêcher un
affrontement entre Israël et la Russie, par inadvertance, lors des frappes
israéliennes contre les déploiements iraniens et les transferts d'armes dans
l'État arabe voisin.
L’ambassadeur d’Ukraine en
Israël, Yevgeny Korneitchouk, a déclaré que, s’il comprenait que les liens
sécuritaires délicats d’Israël avec Moscou empêchaient l’offre d’aide militaire
à Kiev après l’invasion de la Russie, il s’attendait à plus de soutien sur le
front diplomatique. Il aimerait plus précisément que
les dirigeants israéliens utilisent leur poids diplomatique à Moscou pour
favoriser une résolution pacifique du conflit : «Nos responsables
militaires discutent quotidiennement des questions pratiques. Ce mécanisme
s'est avéré utile et continuera de fonctionner».
Cependant la Russie a mis un
bémol dans sa déclaration en précisant que, tout en exprimant son soutien aux
besoins de sécurité d'Israël, elle réitérait son opposition aux violations de
la souveraineté syrienne. Elle a aussi profité pour dénoncer «l'occupation des
hauteurs du Golan» en évoquant «la position immuable de la Russie, selon
laquelle nous ne reconnaissons pas la souveraineté israélienne sur les hauteurs
du Golan qui sont une partie inaliénable de la Syrie». À quoi Tsahal a répondu : «nos forces agiront en
cas de besoin pour contrer les menaces, défendre le peuple d'Israël et notre
souveraineté».
la porte-parole du ministère russe des affaires étrangères Maria Zakharova |
Pour sa part, Israël ne partage
pas de frontières physiques terrestres ou maritimes avec la Russie ou
l’Ukraine. Pourtant, il découvre que sa capacité à contrer militairement l’Iran
et son allié libanais le Hezbollah en Syrie pourrait dépendre de son approche
de la crise ukrainienne. Au début du mois de février, la porte-parole du
ministère russe des affaires étrangères Maria Zakharova avait condamné les
frappes israéliennes contre des cibles en Syrie, les qualifiant de «violation
grossière de la souveraineté de la Syrie». Elle a averti qu’elles «pourraient
déclencher une forte escalade des tensions. De telles actions posent des
risques sérieux pour les vols internationaux de passagers».
Le ministre israélien de la défense Benny Gantz a insisté : «Nous continuerons à empêcher l’implantation iranienne qui ronge la Syrie de l’intérieur. C’est un intérêt suprême pour le peuple et le régime syriens : stabiliser, retirer les forces iraniennes de leur territoire et permettre la réhabilitation du pays». Dans le même temps, le ministre des affaires étrangères Yaïr Lapid reconnaissait : «Nous avons une sorte de frontière avec la Russie étant donné la présence militaire russe en Syrie pour soutenir le président Bachar El-Assad».
Merav Michaeli |
Par conséquent, pris dans une impasse, Israël s’est empressé d’éviter de provoquer davantage la colère de la Russie. Il a annoncé qu’il interdisait aux États baltes de transférer vers l’Ukraine des armes comportant des composants israéliens. Mais, contrairement à la Turquie qui pense avoir une plus grande marge de manœuvre dans ses relations avec la Russie, la Chine et les États-Unis, Israël estime que ses options, comme dans le cas de la Chine, sont plus limitées lorsqu’il s’agit de la Russie. Il ne peut se permettre de mettre en péril ses relations avec Washington.
C’est ce qu’a expliqué la ministre israélienne des transports Merav Michaeli quelques heures avant que la crise ukrainienne n’atteigne son paroxysme : «Il ne fait aucun doute que la relation spéciale qu’Israël entretient avec les États-Unis, que ce gouvernement s’efforce de réhabiliter et de reconstruire, est à un autre niveau que celle qu’Israël entretient avec la Russie». Cependant, pour garder une certaine neutralité, Israël n'a pas signé la résolution soutenue par les États-Unis condamnant l'invasion de l'Ukraine par la Russie et a tenté d'adopter un ton modéré sur la crise russo-ukrainienne.
Israël a effectivement tout intérêt à réfléchir sérieusement avant toute déclaration et toute position officielles contre la Russie. En effet, celui qui a ouvert la boîte de Pandore de ce conflit, et par conséquent en est entièrement responsable, et sera responsable d’ailleurs de tout ce qui en résultera notamment politiquement et économiquement pour le monde entier, c’est sans nul doute l’Otan, c’est-à-dire l’Occident et les Etats-Unis (cf F.Moritz à ce sujet).
RépondreSupprimerDonc qu’Israël reste prudent pour ne pas donner avant l’heure à l’Ours de la Taïga, qui a fini d’hiberner et qui est affamé, toutes les bonnes raisons d’aller se paître de toutes les bonnes choses dont regorge à profusion le pays où coulent le si bon lait et le si bon MIEL...
On décrit souvent la Russie comme un ours endormi. Ça fait des années que Poutine hait les démocraties et déstabilise le monde. Il soutient l’Iran, qui n’en serait pas là sans son aide.
RépondreSupprimerIl est allé « buter les Tchétchènes jusque dans les chiottes » comme il l’a dit lui-même, il a pris la Crimée, l’Ossetie, envoyé des mafieux en Afrique, il soutient des régimes affreux à Cuba, au Venezuela, en Algérie. Il menace les pays baltes en permanence, Il a massacré en Syrie. Il laisse de la latitude aux Israéliens pour empêcher l’Iran de s’installer plus à leur frontière nord, où il les a laissés arriver et on doit le remercier ?
Ce type est ultra dangereux. Il faut de la diplomatie pour l’empêcher de l’être plus, peut-être, mais en aucun cas faut-il prendre son parti.
à V. Jabeau.
RépondreSupprimerAujourd'hui, il vaut mieux ne prendre parti pour personne sauf pour DIEU Lui-Même. Car des dirigeants, des types ultra dangereux comme vous dites, il y en a partout car ils le sont quasiment tous, pas de la même manière bien sûr, mais quasiment tous dans leurs aspirations profondes d'impérialisme, de recherche de pouvoir, et de richesses, et de puissance etc.