ISRAËL PRÉPARE SA DÉFENSE AÉRIENNE AU LASER
Par Jacques BENILLOUCHE
L’annonce a été faite par le
premier ministre Naftali Bennett selon laquelle Tsahal prépare le déploiement
d’un système original de défense aérienne au laser. Sont ainsi visés les drones
et les missiles d’origine iranienne. Selon le premier ministre : «Cela
nous permettra, à moyen et long terme, d'entourer Israël d'un mur laser qui
nous défendra contre les missiles, les roquettes, les drones et autres menaces
qui enlèveront essentiellement la carte la plus forte que nos ennemis ont
contre nous». Des tests grandeur nature ont permis la réussite, à
100%, d’un système laser installé sur un petit avion commercial.
Les sociétés Lockheed et Rafael
d'Israël se sont associées pour construire cette nouvelle arme de défense
sol-air capable d’abattre des roquettes. Ce système élargira le parapluie de
défense aérienne multicouche d'Israël. En effet, Tsahal a constaté sa
vulnérabilité face à de petits drones sans pilote, produits à bas prix, capables
de pénétrer ses systèmes de défense aérienne traditionnels. Lors du dernier
conflit, le Hamas avait déployé des drones construits sur des modèles conçus en
l'Iran. Certes, le système Dôme de fer est très efficace contre les attaques de
roquettes qui suivent une trajectoire parabolique à arc élevé mais des échecs
ont été constatés contre les drones bas et volant droit. Mais ce système est surtout
très coûteux. Des millions de dollars sont dépensés face à des Kassam qui valent quelques centaines de dollars.
Défense laser |
Mais comme toute nouveauté d’armement,
les coûts de conception et de développement sont très élevés d’où la nécessité de s’associer
avec des Américains pour assurer la commercialisation. Ou alors, dès à présent,
engranger des options de commandes. Cela a été certainement au menu des
discussions de Benny Gantz lors de son voyage au Bahreïn le 2 février. Cela
cadre avec la stratégie de Bennett : «Israël partagera la technologie
avec des voisins alliés qui font face à des menaces de l'Iran et de ses milices
par procuration dans toute la région».
D’ailleurs les Émirats ont
demandé le soutien des États-Unis pour renforcer leurs défenses aériennes à la
suite d'une attaque meurtrière de drones revendiquée par les rebelles houthis
du Yémen sur Abou Dhabi. L'Arabie
saoudite a également été visée. La coalition militaire dirigée par Riyad a
déclaré avoir intercepté huit drones lancés vers le royaume à la suite de l'attaque
d'Abu Dhabi. Le commandement central américain considère donc comme priorité
absolue l’amélioration des capacités de défense de ses alliés alors que les
drones et les missiles fabriqués par l'Iran ont proliféré dans la région.
Cette situation s’est aggravée depuis que les États-Unis ont retiré une partie de leurs défenses aériennes des pays arabes au cours de l'année écoulée. Israël veut donc se substituer aux Américains pour la défense aérienne de la région. Cela d’autant plus qu’en cas d’accord nucléaire, la situation risque d’empirer car selon Bennett : «Lever les sanctions et inonder le régime iranien de milliards de dollars signifie plus de roquettes, plus de drones, plus de cellules terroristes, plus de cyberattaques et d'opérations de propagande».
Ce nouveau système complètera ainsi la protection du ciel israélien contre les différentes menaces aériennes à savoir le Dôme de fer pour se défendre contre les roquettes à courte portée, le système Arrow qui intercepte les missiles balistiques en dehors de l'atmosphère terrestre, le système de défense antimissile David's Sling, conçu pour intercepter les missiles balistiques tactiques et les roquettes à moyenne et longue portée, ainsi que les missiles de croisière tirés à une distance de 40 à 300 km. Mais tous ces systèmes, certes efficaces, sont très coûteux alors que, par comparaison, quelques impulsions laser sont de l’ordre de quelques dollars. C'est le rôle du ministre de la Défense de trouver des clients potentiels.
D'après certains commentateurs (Yonah Jeremy Bob, du Jpost), l'annonce de Naftali Bennet a surtout pour but d'intéresser des investisseurs, car développer ce programme de lasers (outre qu'il ne sera pas opérationnel avant plusieurs années) sera extrêmement coûteux. En attendant, cela donne de l'espoir et cela conforte son image d'homme d'Etat soucieux de défendre son peuple...
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