L’Europe est victime d’un déclin
démographique qui pèsera d’un poids déterminant sur toutes les prochaines
décisions de l’UE. La prochaine décennie sera marquée par le problème
migratoire, cause d’une confrontation entre les deux pays. On en connaît les paramètres
essentiels que sont, la chute de la natalité, le renversement de la pyramide
des âges, l’âge de la retraite, autre sujet délicat au sein de l’UE, le déficit
croissant en main d’œuvre qualifiée, etc… autant de variables qui excluent la
définition d’une politique migratoire homogène et particulièrement entre nos
deux grands pays.
On semble cependant avoir retenu le
plus petit dénominateur commun, en évoquant la notion d’émigration choisie,
selon quelles modalités ? Pour autant, les paradigmes des deux pays
présentent des différences de fond qui les mettent très vite en opposition,
sinon en collision. Le président français a communiqué l’agenda qu’il se
propose de couvrir comme président du Conseil européen pendant un semestre. Force est de constater qu’il s’agit d’une
projection de ses objectifs sur le plan national qui ne peuvent s’appliquer aux
27. Il paraît utopique que ces derniers accomplissent en six mois, ce que la
France n’a pu accomplir durant un quinquennat ; réunir deux sommets
magistraux ne permettra pas de résoudre les grands problèmes. Pour ne pas
ajouter à l’UE une crise de plus à la crise actuelle de gouvernance, on évitera
le vrai sujet qui reste l’enjeu majeur de tous, avec des aspects spécifiques à
chacun des membres, que sont intiment imbriqués, la démographie et la question
migratoire.
La tortue française ne rattrapera
pas le lièvre allemand. Parce que, selon qu’on se trouve en deçà ou au-delà du
Rhin, la dynamique pour atteindre la ligne d’horizon n’est pas la même. La
France est le seul pays de l’UE qui n’est pas confronté à une chute importante
des naissances, à l’exception de tous les autres. L’Allemagne est forte
aujourd’hui de ses plus de 83 millions d’habitants. Elle a pu conserver ce
niveau uniquement grâce à une immigration massive de l’ordre d’un million en
2015 et le flux annuel de réfugiés ou demandeurs d’asile de l’ordre de 200.000.
La cohorte de naissances élevées de la génération du baby-boom de 1955 à 1970
représente toujours l’un des groupes d’âge les plus importants en Allemagne.
Elle a maintenant l’âge de la retraite. Tous les indicateurs sont au rouge,
natalité, décès, La société vieillit, ce qui génère de nouveaux problèmes aigus
de retraite et de soins.
Pour comprendre la situation, il faut savoir que l’UE a enregistré 420.000 primo demandeurs en 2020 dont 102.525 en Allemagne, 86.800 en Espagne contre 81.800 en France. Les projections indiquent que la population française resterait relativement stable entre 67,4 millions actuellement à 68,6 en 2060. Tandis qu’en Allemagne on passerait de 83,4 en 2021 à 74,4 millions en 2060, soit une perte de dix millions, qui sont autant de forces vives, de consommateurs, de cotisants. Cette évolution est caractérisée par trois tendances : le faible taux de natalité, une augmentation de l’espérance de vie, le vieillissement de la population qui est beaucoup plus important qu’en France et pose d’importants problèmes sur les retraites et le système de soins à très court terme. Le facteur migratoire atténue, en partie, le déficit démographique. Actuellement en Allemagne 20,3% des habitants sont issus de l’immigration dont 9,2 millions ont un passeport allemand et 7,2 sont citoyens étrangers.
L’agenda français met en avant des thèmes
essentiellement nationaux plus qu’européens qui reflètent ses points faibles
majeurs que sont la désindustrialisation et sa relocalisation, le coût du
travail grevé par des charges excessives. On voudrait que les autres en fassent
autant. Non, l’Allemagne n’est pas confrontée à ce paramètre car son industrie
est performante et progresse régulièrement car tirée vers le haut par une
évolution technologique permanente, l’emploi et le niveau des rémunérations qui
attirent un fort contingent d’immigrants qualifiés.
Ce qui se traduit chez les Allemands par une balance commerciale fortement excédentaire. En France, à l’inverse, on se félicite dès que le trop fameux «indice de consommation des ménages» augmente. Le résultat immédiat est une forte hausse des importations qui se traduit par un déficit chronique de la balance commerciale. On est mal placé pour faire la leçon à nos voisins. Au même titre que le taux de chômage ne descend pas en dessous de 8-8,1% ce qui semble constituer une performance. L’Allemagne affiche un taux de l’ordre de 5,5%.
Dans ce contexte le taux de chômage
des jeunes est le plus bas d’Europe, entre 7 et 8% contre 21% en France. Il y a
45 millions de salariés en Allemagne, plus de 50% de sa population contre 27,5
en France. Le secteur agricole outre Rhin emploie encore de l’ordre de 1% des
actifs et est passé devant la France en matière d’exportation. En Allemagne,
d’ici 2030 il y aura près de 3 millions d’emplois non pourvus, faute de
personnel qualifié en notamment dans le secteur médical. Peut-être des chômeurs
français voudront-ils envisager d’y trouver un emploi ? Ce sujet ne fait
pas partie des thèmes retenus, entre Européens pourquoi pas ?
Ce qui précède illustre à quel
point l’Allemagne ni ne peut, ni ne veut souscrire aux mesures proposées par
son voisin. En matière démographique, elle doit impérativement conserver un
flux minimum de 200.000 par an, au moins pour se maintenir à son niveau actuel,
voire substantiellement plus, pour ne pas voir sa population se réduire
brutalement. Le refus du déficit budgétaire que le nouveau ministre allemand
des Finances du parti libéral a dejà fait connaitre à ses collègues posera un
problème à la France qui n’a jamais su ou pu se plier à cette règle. Elle
préfère emprunter et laisser les futures générations rembourser.
L’Allemagne devenu quatrième
exportateur d’armes mondial, après la France, devient un concurrent sérieux. On
verra comment la nouvelle ministre des Affaires étrangères Annalena Baerbock, issue
des verts, conjuguera les ventes d’armes létales et ses préoccupations «droit-de-l’hommiques»,
la morale, le refus des compromis avec la Chine, celui du gazoduc russe
Nordstream-2, le souhait d’ajouter des sanctions aux sanctions à la Russie.
Elle a déjà pris la peine de déclarer qu’elle conduira «une politique guidée
par les valeurs» et d’ajouter «à la longue le silence éloquent n’est pas
une sorte de diplomatie même si ces dernières années il a été perçu comme tel
par certain». Ce qui en dit long sur ses intentions. On verra si
l’Allemagne nouvelle se démarque tant que ça de celle d’Angela Merkel, comme le
laisse entendre ses déclarations.
Le président français revendique la
souveraineté européenne, alors que les 27 et la commission, qui est son organe
de gouvernement, ne sont pas capables de s’exprimer d’une seule voix. Ira-t-on
diplomatiquement à Pékin ? On verra a-t-on dit. On apprend qu’en
fait la France sera représentée par sa ministre des Sports. Bel exemple d’unité européenne.
Cette configuration semble devoir
conduire les gouvernements et les instances communautaires à une révision en
profondeur des traités et accords existants pour se diriger vers une forme fédérale
qui semble mieux adaptée aux multiples différences, cultures et attentes des
peuples. Il y a fort à parier que la nouvelle coalition tricolore en fera voir
de toutes les couleurs à son partenaire français
dans les prochains mois.
Ok, mais les primes braguette francaises ne feront jamais l excedent commercial de nos voisins.
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RépondreSupprimer"Deutschland über alles » : Bismark, Guillaume II et Hitler en avaient rêvé, l’UE l’a réalisé.
Et voici que, d’Ouest en Est, politiquement et économiquement, l’Allemagne unifiée domine toutes les nations européennes.
Pour le meilleur, chantent les uns, en adoptant l’Ode à la Joie, hymne des jeux olympiques grandioses de 1936 à la gloire du régime hitlérien.
Et pour le pire, murmurent les autres, ainsi qu’il en est pour le Royaume Uni qui a fui cet intolérable imperium germanique.