GANTZ AU MAROC POUR
FINALISER LA COOPÉRATION MILITAIRE
Par Jacques BENILLOUCHE
Le ministre israélien de la défense, Benny Gantz, est arrivé au Maroc le 23 novembre au soir pour une première visite visant à renforcer la coopération sécuritaire entre les deux pays, un an après la normalisation de leur relation, et en pleine tension entre Alger et Rabat sur le Sahara occidental. Cette visite a été précédée en août par celle du ministre israélien des Affaires étrangères, Yaïr Lapid, le plus haut responsable israélien à se rendre au Maroc depuis 2003.
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Il s’agit de la première visite d’un ministre israélien de la Défense depuis 2006. Gantz devrait rencontrer Abdul Latif Al-Loudiyi, ministre délégué auprès du Premier ministre chargé de la Direction de la Défense Nationale pour discuter de la coopération militaire et sécuritaire conjointe, ainsi que pour signer quelques accords à cet égard. Il rencontrera Nasser Bourita, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération le 25 novembre avant de quitter le Royaume.
Benny Gantz serre la main à son homologue marocain Abdellatif Loudiyi après la signature d'un protocole d'accord |
Le but du voyage est
le renforcement de la coopération militaire et stratégique entre les deux
États. Depuis que le Royaume marocain et l'État d'Israël ont renoué leurs
relations, les deux parties se sont précipitées pour combler le retard en
signant plusieurs accords et en renforçant le lien aérien pour permettre aux
ressortissants de la communauté juive ainsi que les citoyens des deux pays qui
souhaitent se détendre ou rechercher opportunités d'investissement, de visiter
les deux pays en toute tranquillité. La visite de Benny Gantz pose les
fondements de relations militaires et de sécurité solides pour deux pays qui
font face à des défis communs à cet égard.
Skylock Dome |
Les forces armées royales
ont annoncé que le Maroc allait acquérir le système de défense aérienne
anti-drone Skylock Dome de fabrication israélienne. Le système, révélé pour la première fois en février lors de l'International
Defence Exhibition and Conference (IDEX) à Abu Dhabi, peut détecter et
neutraliser les drones sans pilote. Ces systèmes anti-drone,
modulaires et multicouches, offrent une solution complète pour les aéroports,
les infrastructures critiques, les bases militaires et les événements nationaux
pour permettre aux gouvernements et aux municipalités d'anticiper et de
répondre efficacement aux incursions de drones.
Le Maroc et Israël
devraient signer un accord qui verrait les deux pays coproduire des drones
kamikazes. Le contrat doit inclure les systèmes de missiles à courte et moyenne
portée dont l'armée marocaine a besoin pour renforcer son arsenal militaire,
ainsi que des véhicules blindés et des chars qui peuvent être utilisés dans
tout conflit armé qui pourrait éclater avec l'Algérie ou paralyser le Front Polisario
le long du mur du Sahara occidental. Ce n'est pas la première fois que le Maroc
s'intéresse aux systèmes aériens sans pilote. En avril, le pays avait négocié l'achat
de 13 drones de combat turcs Bayraktar TB2 dont une partie a été livrée en
septembre. Ces drones turcs avaient prouvé leur efficacité sur plusieurs
théâtres d'opérations, en Irak ou en Syrie et se sont avérés
mortellement efficaces dans la guerre entre l'Azerbaïdjan et les forces
arméniennes au Haut-Karabakh.
Le Maroc ne voit aucun
problème à se procurer des drones turcs tout en convenant avec Israël de
fabriquer des drones dans le cadre d’une joint-venture impliquant des parties
marocaines et des parties étrangères, voire américaines. Quatre Hermes 900 de
fabrication israélienne ont déjà été envoyées au Maroc pour contrer les
attaques le long du mur du Sahara occidental. Ce mur de 2.720 kilomètres sépare
les zones occupées par le Maroc et celles contrôlées par le Front Polisario au
Sahara occidental. Le Maroc recourt généralement à la diversification de ses
équipements et de ses partenaires militaires. Le budget 2022 du
gouvernement marocain prévoit que 12,8 milliards de dollars seront consacrés à
l'acquisition de nouveaux chars, avions de combat et autres matériels majeurs. Cette
coopération militaire entre le Maroc et Israël n’est pas nouvelle après des décennies de relations secrètes en matière de défense et de
renseignement.
Yaïr Lapid au Maroc |
Benny Gantz a
détaillé le programme de sa visite au Maroc.
24 novembre
* 10h30 Visite du mausolée Muhammad V.
* 11h00 Réunion avec le ministre de la
Défense, à l'issue de laquelle ils signeront un protocole d'accord de sécurité
(MOU) lors de la cérémonie.
* 11h55 Rencontre avec le chef d'État-major
(l'inspecteur général des forces armées).
* 13h30 Déjeuner officiel avec le ministre de
la Défense, le ministre des Affaires étrangères et les chefs d'établissement de
la défense.
* 16h00 Visite de la première unité de
parachutistes au Maroc.
* 16h45 Rencontre avec le ministre des
Affaires étrangères.
25 Novembre
* 11h00 Rencontre avec le responsable de la
DGED (responsable de l'institution marocaine)
* 12h00- Visite de la synagogue "Talmud
Torah".
* 18h00- Retour en Israël.
Cette coopération militaire entre Israël et le Maroc va envenimer les relations avec l’Algérie
qui voit d’un mauvais œil son voisin acquérir de l’armement de haute
technologie. Quant à la Tunisie, elle persiste dans sa volonté de ne rien
entreprendre avec «l’entité sioniste», préférant s’enfoncer dans une
crise économique dramatique dont elle a du mal à se lever. Elle n’a pas assimilé le principe de la paix par l’économie en s'inspirant de ce que font d'autres pays arabes.
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