L’ÉGYPTE CALME LES ARDEURS DU HAMAS EN CISJORDANIE
Par Jacques BENILLOUCHE
L’opération
menée par l’unité d’élite Duvdevan en Cisjordanie a mis en évidence l’existence
de cellules actives du Hamas chargées d’organiser des manifestations et
d’alimenter les troubles parmi la population. Les services de renseignements
égyptiens étaient depuis longtemps informés de l’existence de groupes terroristes.
L'opération menée pour capturer les deux fugitifs, Munadil Nafayat et Eham
Kamamji, a révélé la complicité de deux hommes qui ont aidé les hommes à se
terrer dans une maison dans la partie orientale de Jénine, une ville réputée
pour avoir été le cadre d’affrontements meurtriers entre manifestants
palestiniens et l'armée israélienne. Durant l’opération l'armée a saisi une
grande quantité d'explosifs qui devaient être utilisés dans une opération à
Jérusalem.
Le Shin Bet et l'armée
israélienne n’ont pas arrêté tous les membres de la cellule, mais l'appareil de
sécurité israélien espère détruire l'infrastructure que le Hamas a établie en
Cisjordanie pendant des mois, dans le cadre d’autres opérations.
Selon le journal Rai
Al-Youm, basé à Londres, Israël a menacé d'annuler les facilités
qu'il a accordées à Gaza et a envoyé un message détaillé «aux services
secrets égyptiens concernant le Hamas et la situation à Gaza et en
Cisjordanie». Il s’agit d’un message d’avertissement accusant le Hamas «d'essayer
d'envenimer la situation, de soutenir les manifestations dans les villes de
Cisjordanie et de réactiver les opérations individuelles». Le médiateur égyptien a été informé du risque
d’annuler toutes les facilités économiques dans la bande de Gaza, y compris la
zone de pêche, les travaux de franchissement des frontières, et l'entrée des
matériels de base pour la population du secteur. Israël a informé l'Égypte que «le
Hamas paiera un lourd tribut s'il poursuit son approche consistant à envenimer
la situation en Cisjordanie et à Gaza, et que toutes les incitations
économiques qui ont été précédemment approuvées seront immédiatement retirées».
Kerem Shalom |
Parmi ces incitations
figurent l'agrandissement de la zone de pêche maritime à 15 milles au lieu de
12, et la réouverture complète du passage commercial de Kerem Shalom avec
l'introduction de tous les équipements et marchandises, en plus d'augmenter la
part des commerçants et des travailleurs du secteur souhaitant travailler en
Israël. Le nombre de «commerçants», en fait des ouvriers, a été
porté à 7.000 et l'approvisionnement en eau de Gaza sera augmenté de 5 millions
de mètres cubes.
Le 31 mai, le chef du
renseignement égyptien Abbas Kamel s'est rendu à Gaza pour la première fois
depuis le début des années 2000 et a rencontré le chef du Hamas, Yahya Sinwar,
pour faire avancer les négociations sur le cessez-le-feu, pour envisager des
plans de reconstruction, pour aborder la question des prisonniers
israéliens et pour mettre en œuvre le plan Lapid : «sécurité contre
économie». Il s’agit de la première étape du plan israélien pour
reconstruire la bande, réhabiliter les infrastructures et promouvoir une trêve
à long terme dans la bande. Le plan Lapid consiste à imposer des restrictions à
l'activité des actions terroristes en échange de l'amélioration des conditions
de vie : «le plan sera mis en œuvre avec la participation de l'Autorité
palestinienne, en échange de l'engagement du Hamas de maintenir le calme
pendant une longue période».
Abbas Kamel |
Le plan de Lapid,
recommandé par Benny Gantz, comporte deux phases. La première à court terme consiste dans la reconstruction de la bande et la réhabilitation des
infrastructures, notamment l'électricité, le gaz, l'eau, les services de santé
et un réseau routier, et la lutte contre le terrorisme. La deuxième phase, de
grande envergure, comprend l'établissement de plages, d'îles artificielles, de
zones industrielles, de projets économiques et l'établissement d'un port pour
Gaza. Le but est de ne pas affaiblir l'Autorité palestinienne avec l’objectif
de lui remettre l'administration économique et civile de Gaza.
Matériel de construction égyptien |
Le 23 septembre, les
entreprises égyptiennes et les travailleurs de la bande de Gaza ont commencé
les travaux préliminaires de la première phase de reconstruction, d'un montant
de 500 millions de dollars. Naji Sarhan, sous-secrétaire du ministère des
Travaux publics et du Logement de Gaza, a confirmé que les machines égyptiennes
et les bulldozers ont commencé à travailler sur le projet d'aménagement de la
rue côtière Al-Rasheed dans le nord de la bande de Gaza. Il a déclaré que les entreprises égyptiennes
avaient commencé les opérations de dragage soulignant qu'une délégation
d'ingénieurs égyptiens était arrivée à Gaza par le terminal de Rafah, pour
suivre le processus de reconstruction. Les ouvriers égyptiens ont pu enlever
toutes les traces de destruction et les décombres des destructions. L'Égypte a
introduit 51 engins de chantier lourds, au cours du mois de juin, qui ont
enlevé environ 270 tonnes de gravats, sur 12 sites, afin de permettre les
travaux de reconstruction des zones détruites. Il est évident que les Égyptiens
ne se lanceraient pas dans de tels travaux s’il y avait un risque de
réchauffement de la situation.
Sinwar et Haniyeh |
Une délégation du
Hamas, dirigée par Ismail Haniyeh et Yahya Sinwar, s'est rendue en Égypte le 3
octobre pour discuter d’un éventuel échange de prisonniers avec Israël. Zaher
Jabarin, membre du bureau politique du Hamas, a révélé les termes d’une «feuille
de route claire» insistant sur la libération de tous les ex-prisonniers qui
ont été de nouveau arrêtés après avoir été libérés dans le cadre de l'accord
d'échange de prisonniers Gilad Shalit en 2011.
Le premier ministre
de facto du Hamas, Issam al-Da'alis, a également rejoint la délégation en Égypte
avec une délégation d'hommes d'affaires pour discuter des questions concernant
le processus de reconstruction et le transport entre l'Égypte et Gaza. Des
éléments du djihad islamique palestinien se sont aussi rendus au Caire pour
participer aux discussions et pour être impliqués dans les négociations.
Issam al-Da'alis |
Ayman al-Sharawneh,
dirigeant du Hamas à Gaza, a révélé que la délégation du Hamas
rencontrera au Caire des responsables égyptiens du renseignement pour discuter «des
développements dans les territoires palestiniens, d'un accord d'échange de
prisonniers avec Israël, des incitations pour Gaza et la levée du siège
israélien imposé à Gaza». Il a reconnu que les trois terroristes tués à
Biddu étaient affiliés au Hamas mais prétend qu’ils avaient agi de manière
autonome sans concertation avec Gaza. Pour lui «Le processus de
reconstruction de Gaza a commencé et Israël ne pourra pas
l'arrêter. La résistance palestinienne à Gaza ne restera pas les bras
croisés si le siège s'intensifie et si les incitations cessent».
La mise en œuvre du cessez-le-feu connaît des hauts et des bas mais les médiateurs d’Égypte et du Qatar agissent pour maintenir un niveau minimum de stabilité afin de retarder une implosion de la situation. Une certitude cependant, tant que le Hamas et le Djihad islamique ne lanceront pas de roquettes, Israël restera engagé. En signe de bonne volonté, l'Egypte a décidé d'augmenter le volume du commerce et des voyages avec Gaza par le passage de Rafah. Elle a autorisé l'entrée des matériaux de construction, y compris le fer, et les importations à Gaza et à fournir «de grandes quantités de marchandises». L'exportation de marchandises, notamment de produits agricoles, d'artisanat et de meubles, depuis Gaza serait également autorisée vers les marchés extérieurs.
"...la rue côtière Al-Rasheed dans le nord de la bande assiégée."
RépondreSupprimerDéfinition du Larousse: Siege: Opération menée contre un ouvrage ou une place forte en vue de s'en emparer de vive force.
Comme si Israël s'appretait à envahir Gaza. De vive force. C'est risible!
Idem pour votre éternelle appellation de Cisjordanie !
Vos articles sont souvent intéressants, toujours très bien documentés mais constamment empruntés de cette novlangue d'une certaine gauche d'un autre age.
Pierre Spira
@Pierre Spira
RépondreSupprimerVotre remarque est judicieuse. Désolé il manquait des guillemets dans le mot. Pour éviter toute mauvaise interprétation, je l'ai supprimé.
Merci pour votre commentaire.
Ce refus israelien de nommer les choses par leur nom est la source de la continuation du conflit israelo-palestinien. Qu'on le veuille ou non, les Palestiniens existent, la Cisjordanie existe, Gaza existe. Sinon, nous devons accorder a tous ces gens le statut d'Israelien a part entiere (le monde entier ne tolererait pas moins), ce qui entrainera la disparition immediate de l'Etat d'Israel par l'ajout de 4,5 millions de Palestiniens a ceux possedant la citoyennete depuis 1948 (pres de 2 millions). Les "aionistes" messianiques sont en fait des anti-sionistes deguises, car les Juifs religieux n'ont jamais accepte la creation de l'Etat. Ils acceptent les subsides neanmoins.
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