La commission européenne vient de
dévoiler ce qu’elle qualifie de «la toute première stratégie européenne de
lutte contre l’antisémitisme et de soutien à la vie juive». La présidente
de la Commission, Ursula von der Leyen, a déclaré : «Nous nous
engageons aujourd’hui à soutenir la vie juive en Europe dans toute sa
diversité. Nous voulons voir la vie juive s’épanouir à nouveau au cœur de nos
communautés… la stratégie que nous présentons constitue un changement radical
dans la manière dont nous réagissons. L’Europe ne peut prospérer que lorsque
ses communautés juives se sentent en sécurité et prospèrent».
Margaritis Schinas, à gauche, et la commissaire européenne aux affaires intérieures Ylva Johansson |
À son tour Margaritis Schinas, vice-président chargée de la promotion «de notre mode de vie européen» a ajouté «L’antisémitisme
est incompatible avec les valeurs de l’UE et avec notre mode de vie européen.
Cette stratégie, constitue notre engagement à la combattre… et à garantir un
avenir pour la vie juive en Europe et au-delà… Nous le devons à ceux qui ont
péri pendant la Shoah…. Aux générations futurs».
A la première lecture, on a toutes
les raisons de se réjouir de cette annonce. L’American Jewish Congress
notamment, qui s’en félicite et qu’il considère être largement inspirée par ses
propositions. Une analyse plus attentive semble indiquer qu’il s’agit plutôt
d’un très large catalogue de mesures fourre-tout, fruit d’un ratissage très
large de diverses mesures qui ont déjà été proposées ailleurs, voire mise en
œuvre en partie, avec des résultats très mitigés. En effet, sans prétendre
jeter le bébé avec l’eau du bain, il ne faut pas être naïf.
Pancarte antisémite |
Au moment où la Commission est
confrontée à de multiples sujets qu’elle n’est pas capable de résoudre, pour
n’en citer que quelques-uns : politique commune migratoire, refus de
financer les murs ou les barbelés en Pologne ou en Lituanie, sérieux litige
avec la Pologne au plan du droit, défense commune et relations de l’UE au sein
de l’Otan, position envers la Chine, nouvelle stratégie de l’indopacifique,
l’énergie, relations avec la Russie, la Commission s’attaque à un problème
vieux comme le monde ou presque, la belle affaire. Elle vient de faire une
découverte. Revenons un peu en arrière. En 2015, la Commission a nommé sa toute
première coordonnatrice de la lutte contre l’antisémitisme et du soutien à la
vie juive, on le découvre. En juin 2017, le parlement européen a adopté une
résolution sur la lutte contre l’antisémitisme. En décembre 2019, la lutte
contre l’antisémitisme a été intégrée au portefeuille du vice-président chargé
de la promotion de notre mode de vie européenne. On ne trouve aucune trace
tangible à la suite de ces diverses décisions et résolutions. On aimerait
d’ailleurs savoir à quoi correspond ce «mode de vie européen» ?
Il semble que la Commission ait
recherché un sujet sur lequel elle puisse s’appuyer sans en attendre des
résultats concrets à court terme, car ce programme doit être développé entre
2021 et 2030. Dans son préambule, elle précise que «face à la montée
inquiétante de l’antisémitisme en Europe et au-delà - la Commission veut agir
dans le monde entier» alors qu’elle ne réussit pas à faire le ménage en
Europe même. Sa stratégie est définie en trois volets :
Prévenir
toutes les formes d’antisémitisme, protéger et soutenir la vie juive,
promouvoir la recherche, l’éducation et la mémoire de la Shoah. Or on sait que
pour mettre une stratégie en œuvre, il faut la financer. Dans l’immédiat le
seul budget mentionné est de 24 millions d’euros. C’est une goutte d’eau dans
une Europe de quelques 445 millions de citoyens dont 1,4 million sont étiquetés
juifs (0,4%) avec toutes les nuances que cela comporte et représentent environ
11% de la population juive mondiale. En Europe, la France est devenue la plus
importante communauté, après l’émigration massive des Juifs russes, soit de
l’ordre de 500.000 membres.
Quand l'étoile jaune des déportés est dévoyée |
Plus
clairement cette stratégie tend à démontrer que c’est par opportunisme si la
Commission veut prendre le train de la lutte contre l’antisémitisme en marche.
Voyons les détails des principaux
objectifs : des mesures visant à renforcer la coopération avec les sociétés de
l’internet contre l’antisémitisme en ligne, on veut bien essayer d’y croire.
Mais quand on connaît les problèmes de diffusion, de désinformation, on ne peut
qu’être sceptique.
Mieux protéger les espaces publics
et les lieux de culte ; mettra-t-on des auto-mitrailleuses devant les
écoles et les synagogues ?
Créer un pôle de recherche européen
sur l’antisémitisme contemporain ! certains n’ont pas attendu pour effectuer
ces recherches.
Mettre sur pied un réseau mémoriel
lié à la Shoah, où la Shoah a eu lieu. Vous pensez à l’Allemagne, à la Pologne,
à l’Ukraine, à la France et ses camps peut être ? La Commission précise ensuite que «ces
mesures seront renforcées par les efforts internationaux déployés par l’UE pour
jouer un rôle moteur dans la lutte mondiale contre l’antisémitisme». Pas
moins ! Là nous sommes franchement dans l’outrance. Mais ce n’est pas
tout. L’UE renforcera la coopération UE-Israël dans la lutte contre
l’antisémitisme et «encouragera la revitalisation du patrimoine juif dans le
monde entier».
On voit bien que ce type de
déclaration qui n’engage que ceux qui y croient est typiquement rédigé par des
technocrates. On apprend également que la Commission publiera des rapports
approfondis sur la mise en œuvre entre 2024 et 2029. On apprend aussi que les États
membres se sont déjà engagés à prévenir et à combattre toutes les formes
d’antisémitisme au moyen de nouvelles stratégies nationales (que personne ne
connaît). Les stratégies nationales devraient être adoptées d’ici la fin de
2022 et seront évaluées par la Commission d’ici à la fin de 2023. La
bureaucratie ne saurait mieux faire.
En Allemagne, l'église catholique lance une campagne d'affichage |
On voit déjà la difficulté pour
chaque pays concerné de lutter concrètement. En Allemagne, malgré toutes les
mesures prises par le gouvernement et les Länder, la résurgence de
l’antisémitisme est une réalité quotidienne. En France, la liste est longue des
actes antisémites qui ont jalonné la période issue de la dernière guerre à ce
jour. Quand on a assisté aux dernières manifestations antivax et antipass, où
se promener avec des pancartes antisémites a été banalisé ou a parfois donné
lieu à une condamnation à 6 mois de prison avec sursis, on s’interroge.
Lorsqu’on sait qu’il a fallu plus d’un an pour que la justice accepte de
qualifier l’assassinat de Sarah Halimi, de crime antisémite, on prend la mesure
du fossé qui sépare les déclarations, le plus jamais ça, intolérable,
inacceptable, etc…et la dure réalité.
Quant à l’Histoire, nos écoliers
ont déjà beaucoup de mal à s’approprier l’histoire de leur pays, alors la Shoah
? Nos ancêtres ne sont-ils pas tous gaulois ? Pendant que certains nous
martèlent quotidiennement avec le grand remplacement, la créolisation ? Il
y a aujourd’hui collision entre les problèmes purement nationaux, sociaux,
migratoires que la pandémie a certainement aggravés et celui du traitement des
actes antisémites. Tant que l’arsenal judiciaire ne sera pas mis à niveau pour
punir lourdement et sans nuance ces actes et ces crimes de sang, qui se
répètent comme se poursuivent les agressions au nom de l’islam, rien ne
changera. Si, comme nos responsables politiques ne cessent de l’affirmer, ces
actes sont intolérables et inacceptables alors qu’ils ne se limitent pas à la
démagogie, qu’ils aient le courage de passer aux actes en faisant preuve
de morale et de responsabilité ! Agir c’est leur rôle.
Qu'elle commence donc à ne pas interdire la cashroute !
RépondreSupprimerL'UE ferait tout pour voir des Juifs y vivre, mais des Juifs qui mangenet comme tout le monde, et les males juifs comme tous les males europeens. Alors, pouet-etre que l'UE commence a balayer les recentes decisions contre la vie juive (et musulmane).
RépondreSupprimerL'Europe a toujours bafoue la vie juive, il n'y a aucune raison qu'elle ne continuasse pas!
Monsieur Moritz,
RépondreSupprimerJe m’intéresse fort peu aux « rêves » de Mme Von der Leyen dont je crois que vous avez aussi perçu l’inanité.
En revanche je m’intéresse beaucoup aux différentes formes que prend l’antisémitisme en France.
Et à ce titre je dois dire que je suis sidérée par le silence à peu près total fait autour du livre de Georges Bensoussan intitulé : « Un exil français » et sous-titré : « Un historien face à la justice ».
Je ne vous ferai pas l’affront de vous expliquer qui est Georges Bensoussan. Dans cet ouvrage il relate en détail le procès qui lui a été intenté par différentes associations telles : le CCIF, La LDH, le MRAP, Sos Racisme, la LICRA… ainsi que les conséquences qui s’en sont suivies pour lui.
Je lis sur la quatrième de couverture :
« Ce procès, le fait même qu’il ait eu lieu, en dit long sur notre société….
La frilosité de quelques institutionnels de la communauté juive et plus encore la mise à l’écart dont fut ensuite victime Georges Bensoussan doivent aussi interroger. Il fallait faire taire cet homme puisqu’il faisait s’effondrer les certitudes qui rassurent, celles qui ménagent l’ordre établi et la position des «puissants ».
Qu’est devenu ce pays, le nôtre, où celui qui dénonce le mal doit être condamné et où, à force de vouloir à tout prix cacher le danger qui menace les Juifs, élites et médias s’aveuglent volontairement sur le péril qui guette la nation tout entière. »
Cordialement.
Je rends hommage à Madame Arnaud pour la qualité de son commentaire. Vous visez juste et vous allez à l'essentiel madame. Sans mettre en doute la bonne volonté de l'UE par la bouche de sa représentante, celle-ci ne réalise pas que ses propos sont vains.
RépondreSupprimerSimplement parce que l'élite des hauts fonctionnaires européens-y compris les politiciens français- n'ont pas le courage de désigner ouvertement le véritable ennemi qui au nom de son idéologie politico- religieuse ne s'arretera pas vu le nombre "croissant" de distiller par la force des mots et des "incivilités" sa haine contre les juifs (et pas qu'eux exclusivement!).
Ne pas désigner la cause du mal revient à ne pas le combattre et conduit à une guerre perdue d'avance.
Les juifs "normaux " et majoritaires sauf à appartenir au Crif et autres asssociations islamo-gauchistes citées par Georges Bensoussan ne sont pas dupes du langage sans impact de l'UE.
Une seconde raison pour lquelle ce fléau ne fera que s'amplifier en Europe (de l'UE) vient de son double langage : L'UE souffle sur les flammes de la haine d'Israel repercutée oh combien en Europe par ses medias en aidant et subventionnant les organisations palestiniennes melées au terrorisme contre les juifs.
L'UE fait semblant de ne pas comprendre les liens entre les Juifs d'Europe et Israel ni l'impact sur sa population "islam-ique" de sa politique agressive contre Israel .
L'UE revient à ses vieux demons contre les juifs mais en déplaçant cette fois le curseur de sa haine bi millennaire sur le territoire d'Israel -évolution historique oblige: l'antisémitisme du Pharaon n'est pas celui de l'Empire romain,ni celui du Christianisme via l'Eglise, ni celui fondé sur la "race" etc..- .
Mais le fond n'a pas changé, les penchants criminels de l'Europe nont pas disparu.
L'UE qui se livre à la sélection des bons et des mauvais juifs d'Israel tient derriére son lagage hypocrite versant dans un faux humanisme ,produit de sa lacheté, souhaiterait sur son Continent séparer les bons juifs assimilés-donc déjà annihilés- des autres encore trop "communautaristes" en remake de la fameuse phrase de Clermont-Tonnerre "Tout aux Juifs en tant qu'individus, rien en tant que peuple".
Mais L'UE se montre incapable meme de respecter ses propos en tentant de remettre en cause dans sa logique leurs habitudes religieuses comme le font remarquer d'autres commentateurs.
Peut-on espérer ce que n'a pas évoqué Monsieur Moritz dans sa conclusion, à savoir l'implosion de l'UE ou tout au moins son affaiblissement notable dans le cadre de révoltes populaires par les urnes et une fois purgée de ses éléments perturbateurs?
Pour cela il faudra voir ce que réserve l'avenir à court terme .