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jeudi 4 novembre 2021

Le rêve d'une Europe sans antisémitisme Par Francis MORITZ

 

LE RÊVE D’UNE EUROPE SANS ANTISÉMITISME

Par Francis MORITZ 



La commission européenne vient de dévoiler ce qu’elle qualifie de «la toute première stratégie européenne de lutte contre l’antisémitisme et de soutien à la vie juive». La présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, a déclaré : «Nous nous engageons aujourd’hui à soutenir la vie juive en Europe dans toute sa diversité. Nous voulons voir la vie juive s’épanouir à nouveau au cœur de nos communautés… la stratégie que nous présentons constitue un changement radical dans la manière dont nous réagissons. L’Europe ne peut prospérer que lorsque ses communautés juives se sentent en sécurité et prospèrent».



Margaritis Schinas, à gauche, et la commissaire européenne aux affaires intérieures Ylva Johansson

À son tour Margaritis Schinas, vice-président chargée de la promotion «de notre mode de vie européen» a ajouté «L’antisémitisme est incompatible avec les valeurs de l’UE et avec notre mode de vie européen. Cette stratégie, constitue notre engagement à la combattre… et à garantir un avenir pour la vie juive en Europe et au-delà… Nous le devons à ceux qui ont péri pendant la Shoah…. Aux générations futurs».

A la première lecture, on a toutes les raisons de se réjouir de cette annonce. L’American Jewish Congress notamment, qui s’en félicite et qu’il considère être largement inspirée par ses propositions. Une analyse plus attentive semble indiquer qu’il s’agit plutôt d’un très large catalogue de mesures fourre-tout, fruit d’un ratissage très large de diverses mesures qui ont déjà été proposées ailleurs, voire mise en œuvre en partie, avec des résultats très mitigés. En effet, sans prétendre jeter le bébé avec l’eau du bain, il ne faut pas être naïf.

Pancarte antisémite


Au moment où la Commission est confrontée à de multiples sujets qu’elle n’est pas capable de résoudre, pour n’en citer que quelques-uns : politique commune migratoire, refus de financer les murs ou les barbelés en Pologne ou en Lituanie, sérieux litige avec la Pologne au plan du droit, défense commune et relations de l’UE au sein de l’Otan, position envers la Chine, nouvelle stratégie de l’indopacifique, l’énergie, relations avec la Russie, la Commission s’attaque à un problème vieux comme le monde ou presque, la belle affaire. Elle vient de faire une découverte. Revenons un peu en arrière. En 2015, la Commission a nommé sa toute première coordonnatrice de la lutte contre l’antisémitisme et du soutien à la vie juive, on le découvre. En juin 2017, le parlement européen a adopté une résolution sur la lutte contre l’antisémitisme. En décembre 2019, la lutte contre l’antisémitisme a été intégrée au portefeuille du vice-président chargé de la promotion de notre mode de vie européenne. On ne trouve aucune trace tangible à la suite de ces diverses décisions et résolutions. On aimerait d’ailleurs savoir à quoi correspond ce «mode de vie européen» ?

Il semble que la Commission ait recherché un sujet sur lequel elle puisse s’appuyer sans en attendre des résultats concrets à court terme, car ce programme doit être développé entre 2021 et 2030. Dans son préambule, elle précise que «face à la montée inquiétante de l’antisémitisme en Europe et au-delà - la Commission veut agir dans le monde entier» alors qu’elle ne réussit pas à faire le ménage en Europe même. Sa stratégie est définie en trois volets :

      Prévenir toutes les formes d’antisémitisme, protéger et soutenir la vie juive, promouvoir la recherche, l’éducation et la mémoire de la Shoah. Or on sait que pour mettre une stratégie en œuvre, il faut la financer. Dans l’immédiat le seul budget mentionné est de 24 millions d’euros. C’est une goutte d’eau dans une Europe de quelques 445 millions de citoyens dont 1,4 million sont étiquetés juifs (0,4%) avec toutes les nuances que cela comporte et représentent environ 11% de la population juive mondiale. En Europe, la France est devenue la plus importante communauté, après l’émigration massive des Juifs russes, soit de l’ordre de 500.000 membres.

Quand l'étoile jaune des déportés est dévoyée


     Plus clairement cette stratégie tend à démontrer que c’est par opportunisme si la Commission veut prendre le train de la lutte contre l’antisémitisme en marche.

Voyons les détails des principaux objectifs : des mesures visant à renforcer la coopération avec les sociétés de l’internet contre l’antisémitisme en ligne, on veut bien essayer d’y croire. Mais quand on connaît les problèmes de diffusion, de désinformation, on ne peut qu’être sceptique. 

Mieux protéger les espaces publics et les lieux de culte ; mettra-t-on des auto-mitrailleuses devant les écoles et les synagogues ?

Créer un pôle de recherche européen sur l’antisémitisme contemporain ! certains n’ont pas attendu pour effectuer ces recherches.

Mettre sur pied un réseau mémoriel lié à la Shoah, où la Shoah a eu lieu. Vous pensez à l’Allemagne, à la Pologne, à l’Ukraine, à la France et ses camps peut être ?  La Commission précise ensuite que «ces mesures seront renforcées par les efforts internationaux déployés par l’UE pour jouer un rôle moteur dans la lutte mondiale contre l’antisémitisme». Pas moins ! Là nous sommes franchement dans l’outrance. Mais ce n’est pas tout. L’UE renforcera la coopération UE-Israël dans la lutte contre l’antisémitisme et «encouragera la revitalisation du patrimoine juif dans le monde entier».

On voit bien que ce type de déclaration qui n’engage que ceux qui y croient est typiquement rédigé par des technocrates. On apprend également que la Commission publiera des rapports approfondis sur la mise en œuvre entre 2024 et 2029. On apprend aussi que les États membres se sont déjà engagés à prévenir et à combattre toutes les formes d’antisémitisme au moyen de nouvelles stratégies nationales (que personne ne connaît). Les stratégies nationales devraient être adoptées d’ici la fin de 2022 et seront évaluées par la Commission d’ici à la fin de 2023. La bureaucratie ne saurait mieux faire.

En Allemagne, l'église catholique lance une campagne d'affichage


On voit déjà la difficulté pour chaque pays concerné de lutter concrètement. En Allemagne, malgré toutes les mesures prises par le gouvernement et les Länder, la résurgence de l’antisémitisme est une réalité quotidienne. En France, la liste est longue des actes antisémites qui ont jalonné la période issue de la dernière guerre à ce jour. Quand on a assisté aux dernières manifestations antivax et antipass, où se promener avec des pancartes antisémites a été banalisé ou a parfois donné lieu à une condamnation à 6 mois de prison avec sursis, on s’interroge. Lorsqu’on sait qu’il a fallu plus d’un an pour que la justice accepte de qualifier l’assassinat de Sarah Halimi, de crime antisémite, on prend la mesure du fossé qui sépare les déclarations, le plus jamais ça, intolérable, inacceptable, etc…et la dure réalité.

Quant à l’Histoire, nos écoliers ont déjà beaucoup de mal à s’approprier l’histoire de leur pays, alors la Shoah ? Nos ancêtres ne sont-ils pas tous gaulois ? Pendant que certains nous martèlent quotidiennement avec le grand remplacement, la créolisation ? Il y a aujourd’hui collision entre les problèmes purement nationaux, sociaux, migratoires que la pandémie a certainement aggravés et celui du traitement des actes antisémites. Tant que l’arsenal judiciaire ne sera pas mis à niveau pour punir lourdement et sans nuance ces actes et ces crimes de sang, qui se répètent comme se poursuivent les agressions au nom de l’islam, rien ne changera. Si, comme nos responsables politiques ne cessent de l’affirmer, ces actes sont intolérables et inacceptables alors qu’ils ne se limitent pas à la démagogie, qu’ils aient le courage de passer aux actes en faisant preuve de morale et de responsabilité ! Agir c’est leur rôle.

4 commentaires:

  1. Qu'elle commence donc à ne pas interdire la cashroute !

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  2. L'UE ferait tout pour voir des Juifs y vivre, mais des Juifs qui mangenet comme tout le monde, et les males juifs comme tous les males europeens. Alors, pouet-etre que l'UE commence a balayer les recentes decisions contre la vie juive (et musulmane).
    L'Europe a toujours bafoue la vie juive, il n'y a aucune raison qu'elle ne continuasse pas!

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  3. Monsieur Moritz,

    Je m’intéresse fort peu aux « rêves » de Mme Von der Leyen dont je crois que vous avez aussi perçu l’inanité.

    En revanche je m’intéresse beaucoup aux différentes formes que prend l’antisémitisme en France.

    Et à ce titre je dois dire que je suis sidérée par le silence à peu près total fait autour du livre de Georges Bensoussan intitulé : « Un exil français » et sous-titré : « Un historien face à la justice ».

    Je ne vous ferai pas l’affront de vous expliquer qui est Georges Bensoussan. Dans cet ouvrage il relate en détail le procès qui lui a été intenté par différentes associations telles : le CCIF, La LDH, le MRAP, Sos Racisme, la LICRA… ainsi que les conséquences qui s’en sont suivies pour lui.

    Je lis sur la quatrième de couverture :

    « Ce procès, le fait même qu’il ait eu lieu, en dit long sur notre société….

    La frilosité de quelques institutionnels de la communauté juive et plus encore la mise à l’écart dont fut ensuite victime Georges Bensoussan doivent aussi interroger. Il fallait faire taire cet homme puisqu’il faisait s’effondrer les certitudes qui rassurent, celles qui ménagent l’ordre établi et la position des «puissants ».

    Qu’est devenu ce pays, le nôtre, où celui qui dénonce le mal doit être condamné et où, à force de vouloir à tout prix cacher le danger qui menace les Juifs, élites et médias s’aveuglent volontairement sur le péril qui guette la nation tout entière. »

    Cordialement.

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  4. Je rends hommage à Madame Arnaud pour la qualité de son commentaire. Vous visez juste et vous allez à l'essentiel madame. Sans mettre en doute la bonne volonté de l'UE par la bouche de sa représentante, celle-ci ne réalise pas que ses propos sont vains.
    Simplement parce que l'élite des hauts fonctionnaires européens-y compris les politiciens français- n'ont pas le courage de désigner ouvertement le véritable ennemi qui au nom de son idéologie politico- religieuse ne s'arretera pas vu le nombre "croissant" de distiller par la force des mots et des "incivilités" sa haine contre les juifs (et pas qu'eux exclusivement!).
    Ne pas désigner la cause du mal revient à ne pas le combattre et conduit à une guerre perdue d'avance.
    Les juifs "normaux " et majoritaires sauf à appartenir au Crif et autres asssociations islamo-gauchistes citées par Georges Bensoussan ne sont pas dupes du langage sans impact de l'UE.
    Une seconde raison pour lquelle ce fléau ne fera que s'amplifier en Europe (de l'UE) vient de son double langage : L'UE souffle sur les flammes de la haine d'Israel repercutée oh combien en Europe par ses medias en aidant et subventionnant les organisations palestiniennes melées au terrorisme contre les juifs.
    L'UE fait semblant de ne pas comprendre les liens entre les Juifs d'Europe et Israel ni l'impact sur sa population "islam-ique" de sa politique agressive contre Israel .
    L'UE revient à ses vieux demons contre les juifs mais en déplaçant cette fois le curseur de sa haine bi millennaire sur le territoire d'Israel -évolution historique oblige: l'antisémitisme du Pharaon n'est pas celui de l'Empire romain,ni celui du Christianisme via l'Eglise, ni celui fondé sur la "race" etc..- .
    Mais le fond n'a pas changé, les penchants criminels de l'Europe nont pas disparu.
    L'UE qui se livre à la sélection des bons et des mauvais juifs d'Israel tient derriére son lagage hypocrite versant dans un faux humanisme ,produit de sa lacheté, souhaiterait sur son Continent séparer les bons juifs assimilés-donc déjà annihilés- des autres encore trop "communautaristes" en remake de la fameuse phrase de Clermont-Tonnerre "Tout aux Juifs en tant qu'individus, rien en tant que peuple".
    Mais L'UE se montre incapable meme de respecter ses propos en tentant de remettre en cause dans sa logique leurs habitudes religieuses comme le font remarquer d'autres commentateurs.
    Peut-on espérer ce que n'a pas évoqué Monsieur Moritz dans sa conclusion, à savoir l'implosion de l'UE ou tout au moins son affaiblissement notable dans le cadre de révoltes populaires par les urnes et une fois purgée de ses éléments perturbateurs?
    Pour cela il faudra voir ce que réserve l'avenir à court terme .

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