La dissuasion mutuelle serait-elle devenue l’arme absolue, l’outil du statu
quo ? Une assurance pour l’avenir ? L’argument est d’actualité et c’est
la question que se posent les alliés et partenaires de l’Amérique, Israël en
tête alors que Naftali Bennett rencontre le président américain. A l’heure où
la nouvelle équipe est au pouvoir à Téhéran, où l’Amérique se décrédibilise après
n’avoir pas réagi à l’attaque des installations pétrolières saoudiennes, à
l’attaque d’un drone sur un bâtiment de sa flotte et pas autrement qu’en
déclarations à la suite de l’attaque d’un navire marchand dans la mer d’Oman,
les réalités régionales géostratégiques changent, mais elles s’imposent aussi à
Israël. Plutôt que d’évoquer un équilibre de la terreur, il s’agit plus
exactement d’un équilibre de la menace.
La réaction limitée des États-Unis à l’attentat de Kaboul confirme leur
très grande prudence dans la vengeance annoncée, deux hauts responsables
de Daesh abattus pour près de 200 morts et autant de blessés, le compte est bon
selon Joe Biden.
L’Iran est confronté à une triple menace permanente : militaire,
économique et politique qui fonde les origines de sa doctrine unique de
dissuasion dont le socle est un vaste arsenal de missiles produits en Iran,
dont le déploiement s’effectue sur place et à partir de ses affidés, au premier
rang desquels le Hezbollah. A mesure que sa capacité s’accroit en quantités et
performances, l’Iran augmente ses possibilités de frappes à travers tout le
Moyen Orient, dont Israël. L’implantation à grande distance des milices chiites
qu’elle contrôle permet à l’Iran de ne pas s’engager directement dans des
combats terrestres, sauf par l’envoi de conseillers spéciaux. Un autre pilier
réside son vaste quadrillage naval en mesure d’empêcher la navigation dans le
golfe persique et donc de provoquer une crise du pétrole avec toutes les
conséquences sur le plan international.
L’Iran par petites touches et escarmouches en a plusieurs fois fait la
démonstration. Ses ennemis désignés, en premier lieu les États-Unis et Israël
ne réagissent qu’avec énormément de mesure à toutes ces provocations. Pour
mémoire lors de l’explosion d’un drone espion en juin 2019, l’Amérique avait
décidé d’envoyer quelques centaines de G.I supplémentaires dans la région.
Quand des drones iraniens ont détruit 50% des installations pétrolières
saoudiennes, aucune réaction américaine n’a été enregistrée. Depuis 2014,
l’Iran n’a pas de solution face aux centaines d’attaques d’Israël contre des
cibles iraniennes et des milices affidées en Syrie et en Irak. Tsahal, s’abstient
d’attaquer directement le réseau des sites de lancement de missiles du
Hezbollah ou de l’Iran y compris les installations nucléaires.
Les réactions iraniennes sont ou inexistantes ou très modestes. L’Iran s’abstient de toute action susceptible
d’être considérée par les États-Unis ou Israël comme un franchissement de la
ligne rouge. L’Iran veille à ne pas entrainer les États-Unis dans un conflit de
grande ampleur car elle reconnaît la très large supériorité militaire américaine
et la relation spéciale entre Jérusalem et Washington qui soutiendrait une
frappe israélienne le cas échéant. Quant au plan nucléaire, il n’existe pas de
cas où un État se serait attaqué à un autre sans être lui-même victime d’une
frappe en retour avec les conséquences qu’on imagine. Même si la question de
l’arme nucléaire a toute son actualité, les Ayatollahs savent pertinemment
qu’une riposte américaine et israélienne les détruirait.
Donc on en reste à la menace. Cette réalité est fondée sur la réalité de la
supériorité aérienne israélienne qui est reconnue. L’aviation iranienne est
vétuste et inexistante, elle est constituée d’appareils russes ou autres
inefficaces. Israël s’était d’ailleurs opposé à la vente d’appareils au Qatar.
Durant la visite de Naftali Bennett à la Maison Blanche, il a été question de demander
aux États-Unis une augmentation spéciale du financement militaire étranger pour
se procurer une version avancée de l’avion de combat F-15, avec deux options.
La première serait un accord américain permettant à Israël d’utiliser les fonds
alloués avant le calendrier initial de l’accord FMF (fonds spéciaux militaires) ;
la seconde serait une augmentation de cette allocation spéciale au sein de cet
accord.
L’objectif de Tsahal est d’obtenir un financement suffisant pour acheter 20
à 25 avions F-15IA et de mettre à jour la flotte existante de 25 F-15I en
remplaçant toute la suite avionique qui inclut radar, ordinateurs notamment.
L’objectif de modernisation de la flotte de F-15 s’inscrit dans la volonté
israélienne de diversifier ses options en cas de conflit potentiel avec l’Iran.
Alors que le F-35 est son principal chasseur. Comme le déclare un
responsable : Le F-15 est le camion qu’il nous faut pour pouvoir
transporter tous les nouveaux armements dont nous disposons.
Cette demande majeure de Tsahal corrèle sa position : conserver sa supériorité
dans les airs. Israël a déjà contracté 50F-35s et souhaite en ajouter 25 de
plus. Le F35 est à date le seul modèle susceptible de pénétrer les systèmes de
défense russes S-300 installés en Syrie et S-400 installés en Turquie. Ces
nouveaux achats en liaison avec des équipements développés en Israël doivent
permettre à Tsahal d’agir et de réagir avec force et précision tant en ce qui
concerne un éventuel conflit avec l’Iran qu’avec le Hezbollah qui disposerait
d’un arsenal de l’ordre de 140.000 missiles.
Un accord serait exemplaire de la relation spéciale entre les deux États et
démontrerait le niveau de leur imbrication stratégique. Ce serait un signal
très fort tant vers l’Iran que vers les pays du Golfe. Tandis qu’un refus
marquerait le début d’une période incertaine et périlleuse pour Israël, en
raison du signal inverse.
Enfin l’Iran n’a pas pu jusque-là trouver de solutions aux sanctions
actuelles. Même à propos de l’accord avec la Chine ou avec la Turquie. Il y a
encore loin de la coupe aux lèvres. S’il est vrai que Téhéran a bâti un arc
chiite contre Israël, les accords avec les pays arabes offrent de nouvelles
perspectives stratégiques. L’axe israélo-golfique peut désormais prendre corps.
L’Afghanistan, grand producteur de pavot sera un nouveau souci pour l’Iran avec
ses plus de six millions de drogués, comme l’est Daesh, Irak inclus.
Le président français et le premier ministre irakien à Bagdad
A Bagdad dans un
Irak divisé et affaibli - où l’Iran agit déjà avec ses milices - la récente
réunion sans les États-Unis n’a accouché d’aucune proposition concrète. Il est
à craindre qu’un scénario du type afghan ne s’y produise. Paris semble vouloir
remplacer Washington en Irak. Voudrait-on passer de l’ensablement sahélien à
celui de l’Irak, après les bourbiers syriens, libyens ? L’Europe qui n’a pas d’adresse en politique
étrangère et militaire est hors-jeu. Comme pour l’Ukraine, la Biélorussie, le
Liban, la Syrie ou l’aide aux Kurdes, on se complait dans des déclarations de
soutien et on se satisfait de sanctions très asymétriques et peu dissuasives.
Israël ne peut se contenter de bonnes intentions et doit maintenir son
propre niveau de dissuasion, surtout quand on voit comment son voisin libanais
a été soutenu depuis sa prise de contrôle par l’Iran via le Hezbollah. Ainsi va
la politique, sans foi, ni loi !
Il y a encore quelques mois, Bibi caracolait par l'utilisation abondante de declarations guerrieres et de bimbardements reussis sur la Syrie. Le changement de gouvernement s'est accompagne d'un silence etrange sur ces fameuses attaques. Mais il semblerait que l'une des dernieres reactions russes pourrait expliquer ce changement de propos. La Russie a en effet declare que l'installation sur le sol syrien de nombreuses batteries S-400 et S-600 a reussi a detriure la quasi totalite des fuseees et drones israeliens volant dans le ciel syrien.
RépondreSupprimerVerite ou fake news?
@Georges Kabi : d’après l’agence Menapress de Metula, cette information est fausse. Ce qui semble vrai en revanche, c’est que les Russes ont menacé Israël d’un conflit aérien en Syrie, ce qui fait que la dernière attaque air-sol d’Israël en Syrie ait été menée depuis le … Liban.
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