Alon Ushpiz directeur général du ministère des affaires étrangères remet l’invitation de Yair Lapid à son homologue marocain à Fouad Yazourh DG du ministère
Le gouvernement d’alternance doit rapidement démontrer ses capacités à poursuivre la politique étrangère qui a constitué le succès de l’ex-premier ministre sous le patronage de Donald Trump, ce que revendique le Likoud et ses partisans. Dans le même temps il doit promouvoir le changement dans l’action. Yaïr Lapid, ministre des Affaires étrangères de l’alternance, a lancé une invitation à son homologue marocain. Ce n’est pas un hasard. Il y a quelques jours, le ministre qui jouit d’une aura et du respect de ses pairs, sans qui le gouvernement d’alternance n’aurait jamais vu le jour, a chargé le directeur général du ministère, Alon Ushpiz de remettre le document officiel au ministre marocain Nasser Bourita diplomate chevronné, considéré, comme l’artisan principal de la normalisation entre les deux pays.
Moulay el Hassan |
De
sources privées, on indique qu’il serait notamment question de préparer la
visite officielle d’une haute personnalité très proche du Roi. Ce pourrait être
l’héritier du trône Moulay el Hassan ou le frère du roi SAR le Prince Moulay
Rachid, voire la princesse Lalla Meriem. Rien n’est fait, mais le sujet est des
plus actuels. La communauté d’origine marocaine forte de près de 450.000 personnes,
accueillerait avec enthousiasme une telle visite. Elle n’a pas oublié le rôle
éminent joué par le roi Mohamed V en faveur des Juifs marocains, malgré les vicissitudes
de l’époque et le poids de l’histoire.
Très
souvent, pour satisfaite des motifs de politique intérieure, les États concluent
des accords qui restent lettre morte. Ici les ingrédients sont disponibles pour
se traduire par des réalités. Les liens anciens existants entre le Mossad et
les services secrets marocain, déjà évoqués, en font partie. Il faut aussi
avoir en vue la relation ancienne et étroite entre Rabat et Amman, les deux
souverains sont montés sur le trône la même année et ont une communauté
d’intérêts avec Jérusalem même si sa relation avec Amman n’est pas toujours
sans difficultés.
Nasser Bourita ministre marocain des affaires étrangères |
Après
les accords d’Abraham, ces trois pays font partie de l’arc de défense contre
l’arc chiite sinon dans une coalition formelle, mais de fait par tous les paramètres
qui les rapprochent. Les monarchies du Golfe sont à la fois la cible de l’Iran,
pas toutes (Oman, Qatar) de Daesh, d’autres organisations terroristes qui
veulent les renverser. C’est aussi le cas du Maroc et de la Jordanie. Israël, est-il
besoin de le rappeler, est confronté à pratiquement toutes ces menaces, auxquelles
s’ajoutent Hamas et Hezbollah. C’est l’axe sécuritaire commun.
Sous
l’impulsion royale depuis une dizaine d’années le Maroc est en pointe
régionalement en matière d’intelligence économique et stratégique. On cite volontiers
la formule d’un des précurseurs de cette discipline, Abdelmalek Alaoui : «surveiller
comme les Chinois, analyser comme les Français et agir comme les Américains»
en vue de forger la doctrine mise en œuvre depuis.
Il
est vrai que le Maroc n’a pas les moyens de rivaliser avec les grandes
puissances, y compris l’UE notamment sur le plan économique ; pour autant,
dans une Afrique aux enjeux économiques et sécuritaires très complexes, le
royaume chérifien a su se positionner très efficacement. Sous l’impulsion du
roi Mohamed VI, le Maroc a formé des cadres et des spécialistes dans les
meilleures universités, que l’on retrouve tant dans la société civile qu’au
sein de l’État. L’intelligence économique et stratégique n’est plus un objectif,
mais la règle que s’impose le royaume pour affronter des défis multiformes.
Il
s’agit maintenant de passer à l’étape suivante, car les liens diplomatiques ne
constituent pas une fin en soi. Le royaume doit faire face à des menaces
intérieures et extérieures. La bénédiction américaine sur la souveraineté du
Maroc sur le Sahara occidental aura été le levier qui a permis la normalisation,
ce qui a envenimé encore un peu plus ses relations avec son voisin algérien. La
menace salafiste intérieure comme extérieure est omni présente. La Jordanie partage
cette menace salafiste et d’autres, d’autant qu’elle a des frontières avec
l’Irak 181km, la Syrie 375 km sur un total de 1.619, Arabie saoudite 728 km,
Israël 335 km.
Pour
le royaume, il s’agit d’acquérir et de développer ses capacités défensives et offensives,
tout particulièrement dans le domaine de la guerre cybernétique qui devient
chaque jour plus effective, au même titre que l’usage des drones, qui sont deux
domaines où Israël excelle. On observe de plus en plus d’offensives cybercriminelles
qui s’attaquent aux entreprises privées ou étatiques indifféremment, en vue
d’obtenir des rançons, tout en créant le chaos. Pour comparaison, on compte en
France plus de six cents objectifs stratégiques, tels les chemins de fer, hôpitaux,
distribution électrique, parmi d’autres, susceptibles de constituer autant de
cibles cyber. Sur le plan économique, l’implantation
marocaine en Afrique comme dans certains pays arabes doit permettre aux deux
pays de conjuguer leurs moyens et leurs efforts sur tous les plans les intéressants.
SAR la princesse Lalla Meriem |
On
a pu observer ces derniers temps en Iran ainsi qu’aux États-Unis de telles
attaques toujours plus nombreuses et destructrices contre des réseaux ferrés,
des hôpitaux, des ports, très coûteuses économiquement et susceptibles de déstabiliser
n’importe quel État. On comprend aisément que même une petite nation, qui
dispose de cette technologie peut être armée pour faire face à ces attaques,
c’est la partie défensive et être offensives lorsque les circonstances le nécessitent.
Il suffit d’imaginer le chaos provoqué par la neutralisation des transports ou
de la distribution d’eau. Ce sont les mêmes effets qu’un conflit conventionnel,
mais avec des moyens hautement sophistiqués. Les éliminations ciblées relèvent également
de cette technologie.
Le souverain marocain fait preuve de pragmatisme, d’anticipation et de grande sagesse politique, faire le bon choix au bon moment, à l’instar de son père feu son altesse Hassan II. Le gouvernement d’alternance ne voudra pas manquer cette occasion de marquer de façon significative son arrivée aux responsabilités et ce faisant renforcer l’image et le statut d’Israël. Yaïr Lapid, avec son opiniâtreté et ses convictions, semble bien être l’homme de la situation.
Merci pour votre intéressant article.
RépondreSupprimerUne erreur s'est glissée dans le décompte de la communauté juive au Maroc, vidée de ses membres :"La communauté juive s’est donc fortement réduite sur son territoire d’origine. Elle est passée de 300000 membres en 1953 [1]
[1]
Date du dernier recensement disponible appréhendant les juifs… à 5 000 environ, dont la plupart appartiennent à la classe moyenne et à l’élite du pays. Ils se sont majoritairement regroupés à Casablanca."
La différence sensible à double zéro méritait d'etre apportée.
Source :https://www.cairn.info/revue-autrepart-2002-2-page-53.htm
Je vous remercie pour votre commentaire. En fait je me réfère à la communauté d’origine marocaone ...En Israël....
RépondreSupprimerBien cordialement,
F Moritz