NETANYAHOU PERSISTE ET SIGNE
Par Jacques BENILLOUCHE
Copyright © Temps et Contretemps
Cela devient une litanie et pourtant la campagne électorale est terminée. A longueur de déclarations à la presse et d’interventions à la Knesset, Netanyahou ne cesse d’accuser le gouvernement de gauchisme et de faiblesse, hier encore. C’est certainement son rôle en tant que chef de l’opposition de fustiger le nouveau gouvernement mais il se décrédibilise à force de répéter des contrevérités. L’opposition devrait modifier sa sémantique qui commence à dater car son langage n’a pas évolué depuis 1996 lorsque Netanyahou a été confronté avec succès contre Shimon Peres.
Cela avait marché à l’époque parce que Peres était en tête des sondages et qu’il avait perdu. Les slogans sécuritaires martelés pendant la campagne électorale avaient fait mouche. Peres n'avait pas réussi à susciter un sentiment de sécurité parmi le public israélien. Netanyahou n’a pas cessé de qualifier ses adversaires de «gauchistes, faibles, et dangereux pour l'État». Mais cette tactique a pris l’eau et n’est plus crédible. Au temps des réseaux sociaux, il est nécessaire de changer de discours. Cela n’avait déjà pas marché en 1999 contre le travailliste Ehud Barak, ancien chef d’État-major, auréolé de ses succès et de ses médailles en tant de commandant des forces spéciales et qui avait résisté aux attaques.
Netanyahou reprend aujourd’hui la même tactique qui avait marché hier, consistant à répéter que la coalition du Premier ministre Naftali Bennett est un gouvernement de gauchistes incapables de prendre en charge le risque sécuritaire. Il est vrai que Lapid et Bennett n’ont pas la réputation d’être des spécialistes militaires de haut niveau mais comme dans toutes les démocraties, le gouvernement civil s’appuie sur son armée. Parce qu’il a été membre d’une unité d’élite, Netanyahou pense pouvoir se distinguer des dirigeants actuels. Mais Macron, Johnson, Merkel et Biden n’ont pas à prouver leurs qualifications militaires.
En revanche, les états de service de Benny Gantz donnent une crédibilité à l’ensemble du gouvernement et ses premières années à la Knesset ont prouvé qu’il avait assimilé le système politique israélien, avec ses combines, ses renoncements et ses manipulations. Le gouvernement peut s’appuyer sur un ministre de la Défense compétent et digne de confiance lui permettant de mener un combat efficace pour la sécurité nationale. Certes le gouvernement n’a pas encore été confronté à une situation militaire grave, contre le Hamas ou le Hezbollah ou même contre les Palestiniens, mais il peut compter sur l’efficacité de Tsahal qui sert le pays quel que soit son gouvernement.
D’ailleurs l’efficacité de l’armée est meilleure lorsqu’elle n’est pas gênée dans ses décisions par les politiques. Chacun son rayon. Tsahal propose et le gouvernement décide. Malgré cela, Netanyahou ne s’avoue pas vaincu et continue à utiliser les médias pour affirmer ses vues et mettre en garde, selon lui, la population israélienne. Il est maître dans l’art de publier «des annonces politiques importantes» tout en martelant avec acharnement que le gouvernement de Bennett «nuit à la sécurité d'Israël».
Le chef d'état-major Aviv Kohavi, et le président américain des chefs d'état-major interarmées Mark Milley, |
C'est archi faux. Il est difficile de croire à ces assertions lorsque l’on sait que le chef d’État-major, Aviv Kohavi, a été nommé par Netanyahou lui-même et qu’il est l’un des meilleurs que Tsahal a eus. C’est lui qui détient les clefs de la sécurité d’Israël et non les ministres civils. Il connait avec certitude les capacités opérationnelles de ses hommes car il a occupé toutes les fonctions militaires du haut commandement, en particulier à la tête des services de renseignement de l’armée. Il a prouvé qu’il avait une pensée militaire originale. D’ailleurs, il est fort probable qu’il sera reconduit à son poste pour une cinquième année. C’est lui que le gouvernement, dès sa constitution, a envoyé aux États-Unis pour discuter avec les hautes autorités américaines du problème iranien. Netanyahou ne l’a jamais fait car sa politique a toujours été d’éviter de mettre à la lumière des dirigeants capables de lui faire de l’ombre.
Certes l’opposition doit jouer son rôle mais de manière intelligente en s’appuyant sur un programme réaliste, sur des projets de lois inédits et en proposant de nouveaux thèmes mais sans axer ses critiques sur les personnes qui sont des élus de la nation. Certaines situations graves exigent une union nationale contre l’ennemi. Dans l’opposition, Menahem Begin a toujours été dur vis-à-vis du gouvernement travailliste mais toujours digne en ne s’aventurant jamais au niveau politique de caniveau. Netanyahou doit s’appuyer sur cet exemple. Le Likoud doit prendre de la hauteur et se comporter en opposant utile s’il veut un jour revenir aux affaires.
Idit Silman |
Mais il n’en prend pas le chemin avec ses idéologues irascibles, déçus de leur échec, qui font du zèle en maniant l’insulte comme argument politique. L'insulte s'inscrit dans le cadre de l'offensive menée par l'opposition contre la nouvelle coalition. Ainsi Miki Zohar en colère a apostrophé la député de Yamina Idit Silman, présidente de la Commission des arrangements à la Knesset : «Réponds-moi comme une bonne fille». C’est d’une part discriminatoire vis-à-vis d’une femme et déplacé de la part d’un député à la Knesset. Trop c’est trop. L’opposition doit soigner son comportement mais l’exemple vient d’en haut et les députés sans envergure veulent imiter le chef et en faire trop pour se faire remarquer.
Il a le droit de leur rendre la monnaie de leur pièce ! Ils ont été horribles avec lui ! Maintenant qu’ils sont au pouvoir ils ont choisi de s’enrôler sous la bannière de Barack Obama .
RépondreSupprimerCe commentaire a été supprimé par l'auteur.
RépondreSupprimerhmm... donc d'après mon homonyme il suffit de déclamer publiquement ses suppositions personnelles comme le font certains politiques présentement dans l'opposition pour en faire un fait avéré ....
RépondreSupprimer
RépondreSupprimerCher monsieur Benillouche,
Je dois vous dire mon étonnement de vous voir citer le nom du président Macron parmi ceux des chefs d'état qui, selon vous, n'auraient rien à prouver à leurs armées.
Pourtant il est des faits qui disent le contraire.
Ainsi, le président Macron a eu à essuyer la démission de deux généraux en chef de l'état-major des Armées en moins de quatre ans !
De plus cette "Tribune des Généraux", qui à l'origine comportait la signature de vingt généraux - malgré les menaces de Mme Parly, ministre des Armées - vient de passer la barre des soixante-et-une signatures de généraux.
Et pour finir, notons que le général Antoine Martinez, président de "Volontaires pour la France", confirme - sans que cela n'intéresse le moins du monde, nos media main-stream - qu'il présente sa candidature à l'élection présidentielle de 2022 face à Emmanuel Macron.