Femme palestinienne devant un barrage
Pour orienter le débat sur ce préalable, pour lui définitif, il sortit
l’arme absolue. «Ce n’est pas en tournant le dos aux choses, qu’on leur fait
face», citation de leur guide à tous, Pierre Dac. Et prolongea cette
déclaration en fustigeant un double aveuglement. Aussi volontaire que dangereux.
Celui de la majorité juive israélienne. Qui, lassée par la durée du conflit
israélo-palestinien, rebutée par les tentatives de paix successives et toutes
avortées, habituée aux soubresauts épisodiques et limitée de drames et
affrontements, se satisfait d’un endormissement format statut quo. Dissociant
pour son confort, les éruptions militaires de Gaza de la situation des territoires
palestiniens. Celui du pouvoir israélien, qui décennie après décennie, encore
plus lors des douze dernières années, développe une politique masquée d’implantation
dans ces territoires. La revendication historico-territoriale servant de cheval
de Troie. Relevant autant du fait accompli que de la poussière poussée sous le
tapis.
La critique est facile, l’art est difficile, interrompit….
L’irrédentiste, toute solution est pire que le problème. Tout simplement. Se
recevant un retour aussi déterminé. C’est là que se situe l’erreur. Tout
simplement. La démonstration suivit. Visiblement murie de longue date. Le
statu quo n’est pas endormissement. Il est empoisonnement. Les solutions alternatives
classiques sont effectivement pires que la situation actuelle. Un État conduit
à la dissolution d’un État pour les Juifs. Deux États conduit maintenant à étendre
la menace terroriste sur la plus grande partie de ses frontières. Mais on DOIT
crever l’abcès. On DOIT trouver une médecine inventive, insista-t-il,
glissant un regard en coin vers son contradicteur. Homéopathique. Imaginée
par les hommes de bonne volonté de tout bord. Débordant le milieu politique. Par
exemple, une dualité. Non pas de deux États, mais d’un État israélien et d’une
entité, type Autorité renforcée, apte à devenir État, associé, démilitarisé. Ou
toute autre trouvaille.
Courageux mais pas téméraire, évitant sagement le terrain miné de
la définition de cette fameuse solution, Jonathan déplaça le débat sur le
tonitruant «DOIT».
Première raison, internet. L’endormissement est d’abord moral. La
nation y perd son âme. L’occupation, quoiqu’on la nomme, crée des occupants.
Dans leur comportement chez ces jeunes soldats israéliens entraînés dans
l’utilisation de la force. Dans leur inconscient chez les citoyens modérés, en
toute conscience chez les extrémistes. Semaine après semaine, un journaliste,
honni pour ses opinions et réputé pour ses reportages, décrit des exactions effrayantes,
commises auprès de la population palestinienne. Dans l’indifférence, le
silence, le déni. La perte morale amène parallèlement l’extrémisme religieux au
nationalisme extrémiste. Sans compter la captation incontrôlée d’une part peut être
démesurée des finances publiques par le budget militaire.
Externe, ensuite. L’image internationale du pays, jadis admiré sans
réserve, passée quasi universellement au rouge. Plombée, malgré ses
performances technologiques, culturelles, économiques, par l’éternité d’un
conflit dissymétrique. Et, contrairement au discours officiel, par le rejet
tout autant universel de son dirigeant. Que l’on doit créditer, même
partiellement, de l’avancée régionale apportée par les accords d’Abraham.
Avancée qui n’attend pour se généraliser que se règle positivement le sort du
peuple palestinien. Raison externe encore car le conflit israélo-palestinien,
par sa continuité, son imagerie, offre aux antisémites de tout acabit et de
tout continent, une plateforme inespérée, inépuisable, de développement et de
renouvellement. Et Israël ne peut pas revendiquer le soutien de la diaspora juive
et s’exonérer de sa responsabilité vis-à-vis d’elle.
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Ecole mixte |
«Ils n’en meurent pas tous, mais tous en sont frappés». La
peste du conflit israélo-palestinien, qui touche à des degrés divers une série
d’acteurs, aurait sans doute inspiré La Fontaine, comme celle qui décimait toutes
les familles animales. Les États arabes environnant, soucieux de développement,
les Etats-Unis, soucieux de l’installation de la paix au Moyen-Orient, l’Europe
soucieuse de l’extension de préserver son influence, tous se retrouvent dans
l’intérêt mutuel pour une cohabitation normalisée, puis fructueuse entre
Israéliens et Palestiniens.
Une cohabitation que la communauté d’ennemis, risque climatique, défi
écologique, crises pandémiques…. devrait faciliter, dit encore le professeur
vétéran, dans un signe de tête amical à son dentiste préféré.
3 commentaires:
Un problème bien posé est un problème à moitié résolu...
Il est vrai que le problème a été bien posé par Jonathan à qui on ne peut dénier ni la bonne volonté, ni la créativité.
Il ne lui reste plus qu'à expliquer comment dans le "conflit dissymétrique" qui les oppose aux Palestiniens, les Israéliens feront mieux que les États-Unis au Vietnam ou en Afghanistan, ou que les Français en Indochine ou en Algérie ?
Hormis la différence de situation assez évidente pour qu'il ne s'y attache pas, Jonathan peut, sans beaucoup de risque de se tromper, dire que les Israéliens peuvent optimiser leur chance en ne faisant ni comme les Américains ni comme les Français.
Et sans vouloir encore, s'aventurer en terrain instable, il peut dire que:
. être pro-actif, faire quelque chose sera mieux que de ne rien faire, donc au mieux interrompre le statut quo,
. être créatif, dans les propositions, dans l'association à des acteurs de bonne volonté extérieurs, dans la pression sur un système politique palestinien, toujours envasé dans le déni, le refus et la corruption, mais maintenant isolé.
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