L’ILLUSION DU LOUP SOLITAIRE PALESTINIEN
Par Jacques BENILLOUCHE
Attentat à Tapouah le 2 mai 2021 |
On nous refait souvent le coup du loup solitaire qui
attaque des civils israéliens. Selon les estimations initiales de Tsahal,
présentées au chef d’État-major Aviv Kohavi, la fusillade au carrefour de
Tapouah est le «résultat d'une attaque d’un loup solitaire, menée par un
Palestinien dans un véhicule qui s'est brièvement arrêté près d'un arrêt de bus
très fréquenté sur la route 60». Trois jeunes de Yeshiva (école talmudique)
sont entre la vie et la mort. À la sortie du lycée, ces jeunes prennent
généralement une année sabbatique en Israël avant de rejoindre leur université
à l’étranger ou l’armée en Israël.
Le sort du ou des tueurs est tracé d’avance et ils
le savent, ce qui ne les a pas dissuadés d’agir. Et pourtant, malgré l’issue
fatale inévitable à laquelle ils sont condamnés d’avance, les actions
terroristes génèrent un sentiment d’incompréhension de la part des Israéliens.
Les terroristes savent qu’ils ont une chance infime de s’en sortir et qu’ils
finissent, dans la plupart des cas, par être éliminés ou capturés car ils ne
peuvent ni échapper à l'armée, ni à la population israélienne. Qu’ils soient
capturés vivants ou abattus, leur famille touche d’importantes compensations
financières, de là à se demander s’il n’existe pas de volontaires de la mort
pour uniquement régler une situation économique difficile dans certaines
familles.
Le paradoxe est que la mort plane toujours sur les
Juifs qui magnifient la vie et intensifient leur volonté de survie, mais aussi
sur les terroristes palestiniens qui s’enferment dans le refus de vivre. Une
femme palestinienne, d’un certain âge, armée d'un couteau, a tenté le 2 mai de
poignarder au carrefour du Goush Etsion deux soldats armés. Elle savait qu’elle
n’avait aucune chance de réussir son acte et pourtant elle a refusé de se
soumettre aux sommations d’usage face à deux soldats déterminés et entrainés
pour garder leur sang-froid. Elle n’avait que l’espoir de mourir ! C’est à
se demander si elle recherchait le suicide ou un moyen de subsistance pour sa
famille.
Une femme menace deux soldats de son couteau |
L’incompréhension
vient de ce qu’aucune voix ne s’élève parmi les dirigeants palestiniens à l’exception
cependant de Mansour Abbas qui a condamné l’acte. Les leaders arabes israéliens
ne cherchent pas à dissuader leurs ouailles de renoncer à un combat perdu
d’avance. Au contraire, ils les glorifient parce que l’Autorité et le Hamas se
satisfont d’une situation qui leur permet de détourner les esprits de leur
propre turpitude et surtout de leurs propres échecs. Ils glorifient ceux qu’ils
envoient consciemment à la mort : «Notre héros et martyr s’est acquitté de
son devoir de résistance et de défense de la terre de Palestine». Rien n’est
dit sur la fin prématurée d’un jeune qui avait toute la vie devant lui. Les
Palestiniens se satisfont de cette situation ubuesque et ils sont rares à
réclamer un changement au sommet. Alors, comme il n’est pas certain qu’une
fatwa palestinienne, prônant la suspension des attaques au couteau, ait un
effet dissuasif, les jeunes à la fleur de l’âge meurent dans l’indifférence de
leurs dirigeants.
L’attentat est un
suicide en fait puisque le sort est toujours jeté d’avance. Perpétré par des «loups
solitaires» sous influence, il est devenu aujourd'hui la forme d'attaque
privilégiée au sein des organisations terroristes fondamentalistes. Intoxiqués
par une idéologie extrémiste séculaire, les candidats au suicide deviennent
dangereux après un endoctrinement permanent. Mais ils ne sont pas si solitaires
que cela car ils agissent sur ordre, en fonction des impératifs politiques du
moment. Par simple coïncidence, des élections palestiniennes doivent avoir
lieu. Aujourd’hui, il s’agit de forcer la main de Mahmoud Abbas pour qu’il
maintienne les élections législatives et présidentielle et d’obtenir des
Israéliens le droit d’organiser les élections à Jérusalem. Les tueurs ne sont
donc pas si solitaires que cela.
Israël et l’Occident
sont confrontés à des terroristes issus des fondamentalistes musulmans qui, en
manifestant des motivations divines ou mystiques, augmentent leur capacité de
destruction. On l’a constaté en France et en Belgique, on le subit en Israël. Parfois
des organisations agissent dans l’ombre pour intégrer ces attentats dans le
cadre d’une action militante. Mais il existe une nébuleuse terroriste dotée
d’un objectif unique. L'esprit de martyr et de sacrifice des jeunes au couteau
est tel qu'une fois l'assassinat réalisé ou raté, leurs auteurs se laissent
tuer par l'armée ou lyncher par la foule parce qu’ils ont la certitude que
c’est le seul moyen pour eux de rencontrer Dieu, selon leur interprétation
controversée du Coran. Leurs gourous leur font croire qu’ils sont victimes du
sionisme et que leur action pourrait influencer et convertir le monde à leur
image.
Les terroristes au couteau,
souvent très jeunes, ne ressemblent certainement pas à des désespérés, nerveux,
aux yeux hagards. Ils agissent de manière sereine, roulant en voiture et
s’arrêtant face à des stations d’autobus, sans rechercher l'anonymat. Ils
troublent la vie sociale par l’irruption inopinée d’un terrorisme qui apparaît
souvent comme un substitut de la guerre. Ils adoptent des méthodes qui
présentent certains avantages tactiques en frappant à l’improviste et en
s’attaquant à des cibles civiles qui ne se tiennent pas sur leurs gardes. En
quoi l'assassinat d'un jeune étudiant désarmé peut faire d'eux des héros ? Contrairement
à eux, les nationalistes juifs de la guerre d'Indépendance ont toujours attaqué
des soldats britanniques et ménagé les civils.
Il est difficile de
croire que l’action terroriste est improvisée puisque les coups sont préparés
minutieusement pour les porter à l’endroit où l’Israélien ne s’y attend pas et
n’a donc pas pris de disposition efficace pour les parer. Pour maintenir
l’impératif de discrétion, ils s’organisent en microcellules autonomes,
difficiles à infiltrer, qui génèrent une méfiance dans l’espace public pour
favoriser la suspicion généralisée. La mort de leurs victimes n’est pas une fin
en soi car leur objectif consiste à provoquer la peur au sein de la population
ce qui explique qu’ils frappent leurs cibles de manière aléatoire. Les civils
anonymes, souvent armés uniquement de leur foi, sont des proies
particulièrement faciles lorsqu’ils vaquent à leurs occupations ordinaires dans
l’espace public. Le terroriste qui s’en prend à eux, sans sommation, fait alors
voler en éclat la quiétude de leur vie quotidienne pour suggérer que plus
personne n’est à l’abri.
C’est le but recherché, celui de désorganiser la vie
de tous les jours en Israël. Parler de loup solitaire est un leurre quand on
constate que plusieurs habitants du village d'Aqraba, en Cisjordanie, près de
Naplouse, ont participé activement ou passivement à la tentative de meurtre
contre trois jeunes innocents le 2 mai 2021.
Ils ont réussi à
abolir la distinction entre combattant et civil dans une guerre asymétrique. Il
ne se s’agit pas de combats classiques et localisés mais d’un affrontement
impossible à circonscrire dans l’espace et donc susceptible de diffuser un
ébranlement de large amplitude. Dans son entreprise de déstabilisation, le
terrorisme sait utiliser les media comme caisse de résonance pour propager l’onde
de choc de ses actions aussi loin que permettent les moyens mondiaux de
communication. Et ils parviennent même à susciter à l’étranger de la sympathie
à leur égard puisqu’Israël est souvent condamné par l’opinion internationale
pour l’élimination des terroristes et même accusé d’apartheid. C’est pourquoi
le Hamas voue une reconnaissance immense à ces sacrifiés.
D'autre part et c'est
leur but, l’impact des attentats sur la relation conflictuelle
israélo-palestinienne est certain. Malgré la supériorité militaire et
économique d’Israël dans la région, le sentiment d’insécurité est
progressivement ancré dans les esprits de la population. Tant que les attentats
persistent, il n'y a aucune raison pour engager un dialogue politique. Le
terrorisme contribue à diaboliser l’adversaire. L’attentat contre ces jeunes a
pour but d’inciter les Juifs à considérer tous les Arabes comme des ennemis et
à les empêcher d’intégrer la classe politique «sioniste». Au moment où
l’on envisage un nouveau gouvernement avec le soutien actif ou tacite des
partis arabes, ces attentats enlèvent toute illusion. Les terroristes
deviennent donc complices de leurs propres ennemis. Mais ils savent que les Israéliens ne supportent pas qu'on touche un cheveu à leurs jeunes.
Les terroristes
palestiniens en mal d’identité et manipulés, personnifient désormais le mal
absolu aux yeux de nombreux Israéliens. Cependant, même s’ils savent que la
mort est toujours au bout de leur chemin, les kamikazes persistent à s’engager
sur une voie sans issue. Tant que leurs dirigeants refuseront de leur montrer
un autre chemin pacifique ou pragmatique, alors leurs jeunes enduiront leurs
mains du sang de leurs victimes innocentes. On ne cesse de rêver à une
réconciliation arabo-juive, mais les loups ne sont pas si solitaires puisqu’ils
s’évertuent à briser toutes les tentatives pacifiques.
En tout cas ça signifie que la guerre d'indépendance n'est ni terminée ni gagnée.
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RépondreSupprimerCher monsieur Benillouche :
Si le "loup solitaire" est en effet une illusion, autrement dit qu'il est un leurre et n'existe pas, il convient néanmoins, de ne pas le confondre avec les "Loups gris" qui eux, sont une organisation ultra-nationaliste turque, décrite comme néo-fasciste, anti-communiste, anti-grecs, anti-kurdes, anti-arméniens, homophobe, antisémite et anti-chrétiens :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Loups_gris
Très cordialement.
RépondreSupprimerLe nationalisme palestinien ne cherche pas une place mais toute++++ la place; les jeunes talmudistes, de Tapouah sont une cible preferee, plus identifiables comme juifs sans defense. Une autre attaque avec mort à Baltimore USA d'un Yeshiva boy venu pour un mariage