C’est
le moment de vérité, il faut choisir ou subir. La récente séquence a mis en lumière
les limites de l’action militaire. Sans reprendre ici les multiples
commentaires et constats qui ont été faits, on en revient encore à la formule
utilisée dans le passé «établir un cesser le feu à long-terme» qu’on ne
peut pas considérer comme une stratégie mais uniquement une tactique. Celle-ci
est cependant appliquée depuis qu’Israël a quitté Gaza et qui ne fait que
repousser l’issue tout en la compliquant de plus en plus. Elle consiste à
laisser aux générations futures la résolution d’un problème majeur. Est-ce
vraiment suffisant ? C’est un manque de responsabilité. Il est vrai que
depuis les accords d’Oslo en 1993, il y a eu plusieurs tentatives qui ont
toutes échoué. Dans l’objectif de réaliser une paix durable, ces échecs ne
peuvent devenir un argument. Tout au contraire, il y a probablement plus à
apprendre de ces échecs qu’à renoncer, au vu des circonstances actuelles.
Abbas à la conférence d'Annapolis |
C’est
peut-être aussi le moment de tirer les leçons du passé, plus particulièrement
de ce qu’on a appelé le processus d’Annapolis de 2007/2009 qui impliquait les
représentants de l’OLP et de l’Autorité Palestinienne et le gouvernement
conduit par Ehud Olmert avec Tsipi Livni comme ministre des Affaires étrangères. L’Histoire
a montré à maintes reprises qu’on ne peut imposer sa loi à des populations qui
la refusent depuis des années.
Ce
qui constituait à l’époque des difficultés, sont devenues ensuite des obstacles
sérieux pour se transformer maintenant en exigences existentielles pour les
parties et qu’on ne peut plus mettre de côté. Quelle que soit l’opinion qu’on
ait, force est de constater que les narratifs respectifs ont aussi évolué et reflètent
la perception ici et maintenant des populations, israélienne et palestinienne. Israël
désire être un État juif, homogène et démocratique et surtout, souhaite
profondément le rester. Face à ces objectifs fondamentaux, le pays est déjà
confronté à diverses réalités qu’il ne peut modifier. La démographie devient un
problème majeur. Les réalités d’hier ne sont manifestement plus celles d’aujourd’hui.
Il faut un changement radical de stratégie.
L’affaiblissement de l’Autorité
Palestinienne se traduit symétriquement par l’émergence du Hamas comme seul
leader et défenseur de la cause palestinienne. Subir ou choisir, Israël peut
laisser les événements aller à leur terme en misant uniquement sur sa
supériorité militaire. C’est ce qui s’est passé, alors que le Hamas a poursuivi
un objectif politique et idéologique. En décidant et en annonçant son
intervention, il a fait la démonstration qu’il pouvait tenir tête seul à une
puissance armée qui lui est très supérieure, même s’il fallait sacrifier sa
population. On l’a vu en 2014 et à nouveau cette fois encore, sans le Hezbollah
ou l’Iran, du moins dans le discours. Aux yeux de l’opinion publique arabe,
celle des territoires, voire celle des Arabes israéliens, il émerge du conflit
comme leader de la cause, qu’on le veuille ou non.
Israël
doit empêcher la prise de contrôle par le Hamas du leadership palestinien. Ce
qui implique la remise en selle de l’AP et très probablement l’avènement d’une
nouvelle équipe. On imagine qu’Israël sait à qui s’adresser et comment la
susciter. La non-reconnaissance formelle du Hamas ne signifie pas la non-reconnaissance
de facto, dont Israël de son côté n’a pas manqué de se prévaloir, lorsqu’il l’a
jugé à son avantage selon les circonstances. L’attitude israélienne va dans ce
sens, sauf changement. Les négociations engagées sous l’égide de l’Égypte en
sont la démonstration.
camions au passage de Kerem Shalom à Gaza |
La
pression croissante des problèmes humanitaires, sanitaires, économiques de Gaza
doivent être pris en compte. Les importations de matériaux et matériels doivent
être rigoureusement contrôlées. Ce qui n’a semble-t-il pas été le cas malgré le
blocus, sinon comment explique ces centaines de tunnels. Il est impératif que
la nouvelle AP soit intiment associée à la reconstruction de Gaza, qui prendra
plusieurs années, afin de rétablir sa crédibilité et son autorité auprès des Palestiniens
et de la communauté internationale. Ce qui constituerait un changement de cap
de la politique israélienne de ces dernières années, diviser pour mieux régner
et isoler Gaza. On connait la suite. L’influence du Hamas n’a fait
qu’augmenter. On sait bien que l’AP actuelle est plus que réticente à être présente
à Gaza, d’où elle a été chassée par le Hamas. Elle craint avant tout la présence
de l’aile armée du Hamas et celle du djihad islamique, aussi longtemps que ces
deux entités armées ne seront pas contrôlées. L’AP devra prendre des
initiatives pour démontrer sa capacité à gérer dans le territoire qu’elle
contrôle.
Enfin,
le problème du retour des corps des militaires morts en action et des prisonniers
devra impérativement être réglé par un échange, démontrant la capacité du Hamas
à régler une question purement humanitaire.
Aucune
des options ne constitue une garantie à 100%. Pour autant les modalités
actuelles du blocus démontrent que ce n’est pas la bonne solution. Il faut
interrompre le financement actuel du Qatar, effectué sans contrôle. On a vu les
résultats. Dans le même temps, Israël devra encore et toujours disposer des
moyens militaires de la dissuasion. Au-delà, si Tsahal devait envisager la
destruction physique du Hamas qui reste une option, le pays devrait s’attendre
à un coût humain important. Alors la question demeure, doit-on laisser la résolution
d’une situation qui ne fait qu’empirer à la génération suivante, subir ou
choisir.
Quelle vérité? l'antisemitisme est de plus en plus présent quotidiennement en Occident. En Israël, si certains croient en une négociation pour 2 états, c'est préparer un seul état; pas celui d'Israël. Dans les économies arabo-musulmanes pauvres ou surpeuplées, à part les privilégiés du régimes , les autres doivent essayer de s'installer en Occident. L'antisemitisme vient surtout des nouvelles minorités musulmanes, africaines, latinos.
RépondreSupprimerBonjour Mr Nataf. Mon sujet n'est pas directement l'antisémitisme, que d'autres ont déjà très largement abordé et surement mieux que je ne le ferai. En revanche, on ne peut pas durablement ignorer les faits. Le moment de vérité c'est celui où on regard les faits tels qu'ils sont et non tels qu'on veut les voir ou que certains prétendent les voir. La démographie est un des faits et on ne peut l'ignorer. La minorité arabe israélienne a un problème identitaire qui est nourrit par le conflit. On ne peut pas la balayer d'un revers de main, elle existe, elle a des députés à la Knesset. On ne peut vouloir une chose et son contraire, en même temps. La vérité c'est que depuis 1948 la géopolitique aussi a changé radicalement. Tout cela fait qu'on ne peut plus employer les vieilles recettes et accepter que tous les 5 à 7 ans éclate un conflit avec Gaza et accepter que 10% des missiles arrivent en Israël, dans les conditions que l'on sait. Un conflit est parfois, pas toujours, la circonstance qui permet de repenser une stratégie. Je crois que c'est le moment, mais ça n"engage que moi.
RépondreSupprimerCordialement,