Espoir d'une nouvelle ère en Israël

 

ESPOIR D’UNE NOUVELLE ÈRE EN ISRAËL

Par Jacques BENILLOUCHE

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          Rien n’est encore acquis car Netanyahou n’a pas désarmé. Tant qu’il lui reste un souffle de vie, il ne s’avoue jamais vaincu et il ne se résigne pas à quitter le pouvoir. Il continue à agir dans l’ombre pour saper les efforts de Yaïr Lapid qui organise sa coalition. Il ne se passe pas de jour sans un discours, une publication, un bon mot pour attaquer les «gauchistes» qui veulent l’écarter de la rue Balfour. Les observateurs censés savent que le gouvernement constitué par Lapid et Bennett ne sera pas un gouvernement de gauche. La vraie gauche, ne dispose que de 13 sièges à la Knesset ; Travaillistes 7 et Meretz 6, très loin des accusations du Likoud qui tente de rabaisser l’opposition à une bande de gauchistes purs et durs. Les Centristes de Lapid et Gantz disposent de 25 sièges et la Droite de Bennett, Lieberman et Saar compte 20 députés. On ne peut pas dire qu’un clan écrase l’autre. L’équilibre des forces est respecté ce qui interdit tout procès d’intention.

Pouvez-vous bouger vers la gauche un petit peu, mr bennett

            Au cours des négociations actuelles, l’opposition a effacé la notion de gauche, droite et centre au profit d’une coalition d’union nationale pour remplacer une direction monochrome et autoritaire sous la conduite d’un gourou, seul maitre à bord. Une nouvelle ère semble se dessiner en Israël pour plus de démocratie et dans le cadre d’une entente collégiale. C’est une volonté qui reste à appliquer L’entêtement de Netanyahou à vouloir rester à tout prix au pouvoir en organisant quatre élections s’explique par l’espoir d’en gagner une pour se protéger contre une justice implacable. Ces élections à répétitions ont entrainé une division dans la société israélienne, néfaste pour régler les défis auxquels elle est confrontée. Le pays n’a jamais connu autant de haine répandue parmi ses citoyens. L’opposition a donc une grande tâche qui l’attend, à savoir guérir la société israélienne décomposée par des guerres politiques. Son échec à s'entendre ne sera jamais pardonné.

Bibi et ses extrémistes

            Un gouvernement d’unité doit réconcilier toutes les classes et surtout ne pas s’orienter vers une épuration politique car alors il réitèrera le même sentiment de vengeance personnelle du premier ministre contre ceux qui ne se soumettent pas à ses directives. Le pays a besoin de rassembler ses forces et de se remettre au travail. Il ne peut se permettre de sombrer dans les guerres intestines ou le combat des égos. Tout le monde peut avoir sa part de pouvoir et surtout sa part de tâche à accomplir, à l’exception des partis nationalistes d’extrême-droite revanchards et certains députés arabes toujours alignés sur l’Autorité palestinienne.  

            Avec 58 sièges, un gouvernement minoritaire peut fonctionner normalement et efficacement car, en face, aucune opposition ne pourra le faire tomber par une motion de censure, faute de recueillir 61 voix. Il est probable que le départ de Netanyahou du gouvernement facilitera la recomposition de la droite dont certains rejoindront certainement la coalition quand ils comprendront qu’ils n’ont plus à craindre la colère du Lider Maximo. La vie est ainsi faite, le roi est mort, vive le roi ! 

         Bien sûr les inconditionnels de Bibi le suivront dans l’opposition. Ils sont assimilés aux Grognards de Napoléon pour qui «la Garde meurt mais ne se rend pas!». Lapid peut compter sur le soutien, actif ou passif, de certains éléments arabes qui ont montré leur volonté de s’insérer au sein des partis «sionistes» avec leur identité respectée. Ils ont beaucoup de revendications communautaires pour améliorer le sort de leurs populations sachant que rien ne peut se faire sans l’aide gouvernementale. Les Arabes israéliens ont montré leur volonté de se distinguer des Palestiniens en étant à la pointe du combat contre la covid-19. La haine à leur égard doit être définitivement exclue. Ils se sont montrés dignes d’être acceptés parmi la communauté juive, comme des citoyens normaux et légalistes.

            La coalition se prépare rapidement car tout est déjà inscrit sur les tablettes. Les postes ministériels se répartissent avec une volonté d'avancer dans la nouvelle ère. Naftali Bennett, accusé de traitrise par le Likoud, a justifié sa position le 5 mai et expliqué les règles du jeu.

«Ce n'est pas agréable de se tenir au centre d'une attaque organisée. J’ai assumé un rôle très difficile de la part de ceux qui essaieront - pas sûr qu'ils réussiront - d'arrêter la révolution politique qu'Israël veut rattraper après quatre systèmes électoraux sans détermination - et de créer un gouvernement qui mettra le pays sur les rails et qui fournira du travail pour les citoyens. Je tiens à mettre l'accent sur deux choses : D’abord, ce n'était pas mon premier choix. J’ai été avec force avec Netanyahou dès qu'il a reçu le mandat. Il a échoué. Il n'a pas pu convaincre Smotrich d'entrer, et le reste est connu. Nous sommes confrontés à deux options, une cinquième élection ou une tentative de former un gouvernement large… Son principe d'organisation sera simple - la bonne volonté et la compréhension que toutes les questions qui ont été contestées entre la droite et la gauche depuis plus de soixante-dix ans ne doivent pas être résolues maintenant. Vous pouvez accepter de ne pas être d'accord. Mais - il y a des principes fondamentaux que je ne suis pas prêt à abandonner et des lignes rouges que je ne passerai pas. Ce ne sont pas des jours faciles. Je sais d'où je viens et où je vais, et je suis déterminé à épuiser cette expérience jusqu'à la fin, mais ce n'est pas facile quand les gens avec qui vous avez marché, avec qui vous avez été élevé politiquement, utilisent de mauvais mots que je ne veux même pas répéter. Droite, gauche, centre, séfarades, ashkénazes, laïcs, religieux, nous sommes frères. Nous sommes à un moment où nous devons choisir - de continuer à nous combattre jusqu'à ce que le pays se brise, ou de commencer à réparer».