L’OMBRE D’UN NOUVEAU BLOCAGE ÉLECTORAL EN ISRAËL
Par Jacques BENILLOUCHE
L'opposition anti Netanyahou |
Extrême-droite israélienne |
Les questions de personnes hantent les partis
politiques en pleine situation de blocage électoral. A priori, Yaïr Lapid est
en tête des opposants à Netanyahou dans les sondages bien que 20% des sondés
(près de 20 sièges à la Knesset) ne se prononcent pas encore. Cependant Gideon Saar, chef
de Nouvel Espoir, refuse dès à présent de faire partie d’un gouvernement
dirigé par Lapid, qualifié de gauche. Il en est de même de Naftali Bennett,
leader de Yamina, qui pose comme principe qu’il ne sera jamais ministre sous
Yaïr Lapid. On ne comprend pas ces réticences de principe alors qu’un vent de
changement s’exprime de manière majoritaire dans le pays.
Avec un système électoral à la proportionnelle
intégrale, les États-majors politiques doivent se concerter pour trouver un
programme commun minimum mais pour cela toutes les options doivent rester
ouvertes sachant que l’appel à un nouveau scrutin ne résoudrait rien. Le pays
est fracturé en deux entités irréconciliables, d’égale force. Chacun y va de
ses exclusives ; soit le refus de cohabiter avec l’extrême-droite de Ben
Gvir, soit alors le rejet des orthodoxes au sein d’un éventuel gouvernement
soit enfin l’excommunication des députés arabes.
Les électeurs israéliens ont montré leur constance
puisqu’à quelques sièges près, ils ont exprimé leur même volonté politique dans
les trois précédents scrutins qui ont mené à la même instabilité politique. Les
frontières entre les clans ne sont plus idéologiques mais personnelles dans un
combat d’ego. On ne discute plus des programmes politiques, des options
économiques pour réduire les inégalités et une certaine misère dans les classes
défavorisées, des éventuelles solutions pour résoudre le conflit
israélo-palestinien, ni enfin de l’approche guerrière ou pacifique avec l’Iran.
Le choix s’exprime à présent entre partisans d’un État palestinien en
Cisjordanie et ceux qui sont pour l’annexion totale des territoires, entre
fidèles de Netanyahou et ceux qui expriment leur volonté de changement. Les
nouveaux dirigeants ont perdu l’habitude de se parler, de négocier, de
convaincre et de composer entre adversaires. Ils restent fermes dans leurs
convictions par crainte de rogner une partie de leur auréole face à leurs
électeurs.
Les partis refusent de se prononcer sur le rôle
dévolu aux Arabes mis à l’index de toutes les formations politiques au
point de croire que la Knesset ne comporte que 110 sièges avec une majorité
maintenue à 61 députés. La pandémie du coronavirus a cependant prouvé que les
Arabes israéliens se sont comportés comme des citoyens responsables, mobilisés au
même titre que les Juifs dans la lutte contre le fléau. Ils ont acquis leur
certificat national de citoyens à part entière qui leur donne le droit de
participer au gouvernement. Ils ont perdu la qualification de terroristes prêts
à mettre Israël à feu et à sang parce qu’ils ont comparé leur situation sociale
à celle de leurs frères dans les pays arabes. Dès lors qu’Israël a normalisé
les relations avec les anciens ennemis, ils peuvent être réintégrés dans l’échiquier
politique national même si leurs dirigeants, qu'ils ne suivent plus, n'aient pas approuvé ces normalisations.
Quand les anachroniques orthodoxes comme Arie Dehry,
Moshé Gafni et Yaakov Litzman, qui ont des problèmes avec la présence féminine,
s’engagent avant les élections à ne pas participer à un gouvernement non dirigé
par Netanyahou, ils font preuve d’une inconscience politique totale visant à
ignorer le choix des électeurs. Comme l’écrivait Nietzsche : «Le
fanatisme est la seule forme de volonté qui puisse être insufflée aux faibles
et aux timides». Ils participent volontairement à un blocage politique
empêchant toute majorité de s’exprimer. C’est moi ou le chaos ! S’ils
persistent dans leur entêtement, alors ils risquent d’être remplacés par des députés
arabes qui n’ont aucun problème avec les femmes et qui n’attendent que cela
pour prouver qu’ils sont des citoyens israéliens à part entière. Les Arabes
israéliens ont évolué dans le bon sens.
Par ailleurs, certains dirigeants devraient avoir plus de courage politique en avançant ouvertement leurs pions sur l’échiquier. Naftali Bennett fait preuve d’un opportunisme gênant. Contrairement à Lapid et Saar qui se sont prononcés ouvertement contre Netanyahou, Bennett veut ménager l’avenir incertain en ne prenant pas position et en créant le doute sur ses intentions futures. Il est prêt à tout pour un portefeuille ministériel. Mais comme les sondages de plusieurs instituts montrent que Netanyahou, malgré l’apport des sièges de Yamina, ne parviendrait pas à constituer une coalition de 61 députés, il a décidé de changer de stratégie. Il sent le vent tourner et il déblatère à présent sur le premier ministre en exigeant à présent le départ de son poste : «Notre parti propose aux citoyens des programmes pour renforcer l'État d'Israël, intégrer davantage les immigrants, rapatrier les citoyens bloqués à l'étranger. Il faut remplacer Netanyahou et nous donner les rênes pour gouverner Israël». C’est le nec plus ultra de la politique politicienne.
Une suggestion .Si on interdisait les partis religieux .Car la religion n' a sa place qu'à la synagogue , à la maison ou encore au social
RépondreSupprimerÀ Henri Oltuski.
RépondreSupprimerLe problème est que ce que vous suggérez n’est absolument pas possible en Israël, en tout cas impossible pour les Juifs. En effet, n’oubliez pas que les Juifs (mâles) portent sur eux, jour et nuit, et à chaque instant de leur vie, le «signe de l’alliance» avec le DIVIN, et ce depuis le 8ième jour de leur naissance. Pour être plus précise, voici : «Dieu dit à Abraham : Toi, tu garderas mon alliance, toi et tes descendants après toi, selon leurs générations. C'est ici mon alliance, que vous garderez entre moi et vous, et ta postérité après toi : tout mâle parmi vous sera circoncis. Vous vous circoncirez; et ce sera un SIGNE d'alliance entre moi et vous. A l'âge de huit jours, tout mâle parmi vous sera circoncis, selon vos générations...» (Genèse 17, 9-12 ; Lévitique 12, 3)
Donc si vous avez une autre suggestion pour mettre Dieu à la porte de la politique israélienne ?