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lundi 25 janvier 2021

Netanyahou superstar défié par des nains politiques

 

NETANYAHOU SUPERSTAR DÉFIÉ PAR DES NAINS POLITIQUES


Par Jacques BENILLOUCHE

Copyright © Temps et Contretemps 

Netanyahou et ses adversaires

          Bien que les sondages reflètent l’image de l’électorat à un instant donné, une constante s’impose toujours. Netanyahou caracole en tête tandis que ses principaux challengers sont loin derrière lui. Si la mayonnaise a relativement pris avec Gideon Saar, les autres candidats s’affichent comme des nains politiques; certains illustres ne passant pas le seuil électoral. Certes, il aura du mal à constituer une majorité pour gouverner sauf si une trahison lui fait la courte échelle car avec ses alliés habituels il pointe déjà à 50 sièges. L’opposition réunie peut le faire tomber mais elle est tellement émiettée qu’elle part au combat en ordre dispersé car cinq chefs de partis rivalisent pour être chacun le tombeur de la superstar. Aucun n’a le profil charismatique pour prétendre le remplacer soit parce qu’ils ont été longtemps écartés au sein de leur parti dans des postes subalternes, soit parce qu’ils n’ont pas acquis l’envergure d’un grand dirigeant.




            Pour l’instant les sondages lui attribuent une moyenne de 30 sièges et ses poursuivants peinent à se hisser à son niveau. Gideon Saar ne décolle pas autour de 16 sièges tandis que Yaïr Lapid et Naftali Bennett stagnent avec 14 députés. Malgré leurs années de militantisme, ils n’arrivent pas à se donner l’image d’un futur premier ministre capable de gouverner à la place d’un monstre politique qui domine la scène politique parce qu’il n’a jamais laissé personne se hisser à son niveau. Le cas de Benny Gantz est éloquent en la matière puisqu’il n’a jamais réussi à percer pour l’égaler.

            Netanyahou est un expert pour exploiter à son profit toutes les situations. Si la pandémie a été mal gérée au début avec des chiffres variables décevants de contaminés, le vaccin de Pfizer est venu bien à propos pour redorer son blason. Il est un fait indéniable qu’Israël a été jalousé par les autres nations pour avoir vacciné près de deux millions de citoyens en si peu de temps. Il a eu en effet le courage politique et financier de commander huit millions de vaccins, au prix fort de 42 dollars pour un prix de base de 15 alors que le produit de Pfizer n’était pas encore homologué par les instances médicales internationales. Il aurait pu subir les aléas du Français Sanofi qui ne délivrera son vaccin qu’à la fin de 2021. Il a eu du flair, certains disent de la chance, mais il a réussi à surfer sur la troisième vague de la pandémie en atténuant ses effets. Rien n’est cependant acquis car les morts quotidiens se comptent dorénavant par 50.

Des bougies électroniques ont été placées sur une place de Jérusalem en mémoire des personnes décédées du Covid-19 en Israël


            Netanyahou superstar pourrait être balayé si les hôpitaux n’arrivent pas à absorber les nombreux cas graves qui s’élèvent à plus de 1.200 actuellement, engorgeant les salles d’hôpitaux et bloquant les appareils respiratoires pour augmenter le nombre de morts. La fermeture des commerces et des restaurants provoque un niveau de contestation qui pourrait être fatal au gouvernement actuel si le blocage persiste. La fermeture des écoles pénalise les femmes qui travaillent et qui sont condamnées à l’inaction par impossibilité de se rendre à leur travail. Paradoxalement on ne parle plus des problèmes juridiques du premier ministre mais plutôt de la crise économique qui perdure.  

Soumission au rav Chaim Kanievsky


Mais un point faible pourrait déconsidérer Netanyahou. Sa trop grande proximité avec les religieux orthodoxes se justifie car il a besoin d’eux pour un éventuel nouveau gouvernement. Alors la permissivité est totale vis-à-vis d’eux ce qui n’est pas du bon gout de la population. Ils refusent les instructions sanitaires du gouvernement, à savoir le port du masque et la limitation des réunions ; ils refusent le bouclage de leurs quartiers au risque de contaminer le reste de la population. La capitulation de Netanyahou face aux rabbins orthodoxes est critiquée parce que la morbidité explose dans les quartiers haredi. Mais la police a ordre d’être indulgente vis-à-vis d’eux en évitant les procès-verbaux et en fermant les yeux sur les petites réunions. Il ne s’agit pas de créer des troubles avec les craignant-Dieu. Mais les laïcs n’apprécient pas que leur vie soit mise en danger par une minorité et ils estiment que le Grand Netanyahou a tort de capituler devant les ultra-orthodoxes pour des raisons politiques.


Réunion d'orthodoxes sans masques pendant le confinement

   Alors les opposants exploitent cette faille dans la stratégie de Netanyahou en fustigeant les orthodoxes qui sont d’ailleurs en petite perte de vitesse. Ils en sont à souhaiter son échec dans cette pandémie qui fait de nombreuses victimes. Le covid a sauvé sa situation politique mais la pandémie peut être à l’origine d’une chute politique non programmée. Nombre de ses soutiens le lâchent, non seulement parmi la classe politique mais parmi les inconditionnels qui commencent à se rebiffer parce qu’ils trouvent dangereuse sa gestion solitaire de tous les maux actuels du pays. Effectivement, il ne délègue rien et ne partage rien sachant qu’il dispose d’un socle électoral solide. Alors il fait le grand écart en rendant visite avec la presse, soit à des rabbins orthodoxes, soit à villes arabes où il espère drainer quelques sièges. Ses conseillers en communication exploitent les prises de position élogieuses des dirigeants étrangers pour les mettre en évidence auprès de ses électeurs.

Ron Huldaï ramasse tout ce qu'il peut


Netanyahou n’a plus d’autre choix car sa stratégie de la peur n’a plus d’effet. L’intimidation face aux Iraniens ne paie plus malgré les nombreux fake news diffusés auprès d’une population qui ne s'en laisse plus conter. Les sites de caniveau, qui prônent ou prévoient la guerre et qui incitent à la panique en poussant la population à faire des réserves alimentaires et même à se ravitailler en masques à gaz, ne font plus recette. Le danger des missiles depuis Gaza laisse les Israéliens indifférents. Netanyahou n’arrive plus à créer les conditions d’un rassemblement sécuritaire autour de lui.

La situation politique a changé depuis les dernières élections. Le premier ministre a des rivaux faibles à gauche et au centre. Il profite de la guerre des egos qui fait rage dans les rangs du centre où pas moins de quatre leaders se disputent les voix qui diminuent de jour en jour. Le défi vient à présent de son propre camp, de la droite et même de la droite radicale qui utilisent l’argument de son âge, 71 ans, pour justifier qu’il doit laisser la place. Alors il occupe physiquement le terrain, là où il peut être, là où les médias peuvent parler de lui, dans les sites de vaccination, dans les aéroports pour recevoir les vaccins, mais il en fait trop et la population, hormis les inconditionnels, n’est plus aussi crédule. D’autre part, le temps lui manque réellement pour prouver qu’il est le meilleur face aux appétits de ses anciens collègues, voire amis. Il est sur une trajectoire qui voit s’éclipser sa réussite habituelle.



Mais il est trop tôt pour faire des prévisions à quelques semaines du scrutin qui verra s’élever contre lui tous ses anciens amis, tous ses dauphins et accessoirement ses ennemis politiques. C'est une bête politique qui n'a pas épuisé tous ses atouts.  Si l'opposition part en ordre dispersée et si elle ne se regroupe pas sous la bannière d'un seul leader, alors tous les espoirs sont permis à Netanyahou.

2 commentaires:

  1. Constat tout à fait objectif. Que l'on soit pro ou anti Bibi.

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  2. Et pendant ce temps ,toujours pas un homme ou une femme d'état ,qui a une vision réaliste, pragmatique, pour l 'avenir des enfants d'Israël ,tandis que les "palestiniens " sont toujours de plus en plus nombreux ;

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