NETANYAHOU SUPERSTAR DÉFIÉ PAR DES NAINS POLITIQUES
Par Jacques BENILLOUCHE
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Netanyahou et ses adversaires |
Pour l’instant les sondages lui
attribuent une moyenne de 30 sièges et ses poursuivants peinent à se hisser à son niveau.
Gideon Saar ne décolle pas autour de 16 sièges tandis que Yaïr Lapid et Naftali
Bennett stagnent avec 14 députés. Malgré leurs années de militantisme, ils n’arrivent
pas à se donner l’image d’un futur premier ministre capable de gouverner à la
place d’un monstre politique qui domine la scène politique parce qu’il n’a jamais
laissé personne se hisser à son niveau. Le cas de Benny Gantz est éloquent en
la matière puisqu’il n’a jamais réussi à percer pour l’égaler.
Netanyahou est un expert pour
exploiter à son profit toutes les situations. Si la pandémie a été mal gérée au
début avec des chiffres variables décevants de contaminés, le vaccin de Pfizer est
venu bien à propos pour redorer son blason. Il est un fait indéniable qu’Israël
a été jalousé par les autres nations pour avoir vacciné près de deux millions
de citoyens en si peu de temps. Il a eu en effet le courage politique et
financier de commander huit millions de vaccins, au prix fort de 42 dollars
pour un prix de base de 15 alors que le produit de Pfizer n’était pas encore
homologué par les instances médicales internationales. Il aurait pu subir les
aléas du Français Sanofi qui ne délivrera son vaccin qu’à la fin de 2021. Il a
eu du flair, certains disent de la chance, mais il a réussi à surfer sur la
troisième vague de la pandémie en atténuant ses effets. Rien n’est cependant
acquis car les morts quotidiens se comptent dorénavant par 50.
Des bougies électroniques ont été placées sur une place de Jérusalem en mémoire des personnes décédées du Covid-19 en Israël |
Netanyahou superstar pourrait être
balayé si les hôpitaux n’arrivent pas à absorber les nombreux cas graves qui s’élèvent
à plus de 1.200 actuellement, engorgeant les salles d’hôpitaux et bloquant les appareils
respiratoires pour augmenter le nombre de morts. La fermeture des commerces et
des restaurants provoque un niveau de contestation qui pourrait être fatal au
gouvernement actuel si le blocage persiste. La fermeture des écoles pénalise les femmes qui travaillent et qui sont condamnées à l’inaction par impossibilité de se rendre à leur travail. Paradoxalement on ne parle
plus des problèmes juridiques du premier ministre mais plutôt de la crise
économique qui perdure.
Soumission au rav Chaim Kanievsky |
Mais
un point faible pourrait déconsidérer Netanyahou. Sa trop grande proximité avec
les religieux orthodoxes se justifie car il a besoin d’eux pour un éventuel
nouveau gouvernement. Alors la permissivité est totale vis-à-vis d’eux ce qui n’est
pas du bon gout de la population. Ils refusent les instructions sanitaires du
gouvernement, à savoir le port du masque et la limitation des réunions ;
ils refusent le bouclage de leurs quartiers au risque de contaminer le reste de
la population. La capitulation de Netanyahou face aux rabbins orthodoxes est
critiquée parce que la morbidité explose dans les quartiers haredi. Mais la
police a ordre d’être indulgente vis-à-vis d’eux en évitant les procès-verbaux
et en fermant les yeux sur les petites réunions. Il ne s’agit pas de créer des
troubles avec les craignant-Dieu. Mais les laïcs n’apprécient pas que leur vie soit
mise en danger par une minorité et ils estiment que le Grand Netanyahou a tort de
capituler devant les ultra-orthodoxes pour des raisons politiques.
Alors les opposants exploitent cette faille
dans la stratégie de Netanyahou en fustigeant les orthodoxes qui sont d’ailleurs
en petite perte de vitesse. Ils en sont à souhaiter son échec dans cette
pandémie qui fait de nombreuses victimes. Le covid a sauvé sa situation
politique mais la pandémie peut être à l’origine d’une chute politique non programmée.
Nombre de ses soutiens le lâchent, non seulement parmi la classe politique mais
parmi les inconditionnels qui commencent à se rebiffer parce qu’ils trouvent dangereuse
sa gestion solitaire de tous les maux actuels du pays. Effectivement, il ne
délègue rien et ne partage rien sachant qu’il dispose d’un socle électoral
solide. Alors il fait le grand écart en rendant visite avec la presse, soit à
des rabbins orthodoxes, soit à villes arabes où il espère drainer quelques
sièges. Ses conseillers en communication exploitent les prises de position
élogieuses des dirigeants étrangers pour les mettre en évidence auprès de ses
électeurs.
Ron Huldaï ramasse tout ce qu'il peut |
Netanyahou
n’a plus d’autre choix car sa stratégie de la peur n’a plus d’effet. L’intimidation
face aux Iraniens ne paie plus malgré les nombreux fake news diffusés auprès d’une
population qui ne s'en laisse plus conter. Les sites de caniveau, qui prônent ou prévoient la
guerre et qui incitent à la panique en poussant la population à faire des
réserves alimentaires et même à se ravitailler en masques à gaz, ne font plus
recette. Le danger des missiles depuis Gaza laisse les Israéliens indifférents.
Netanyahou n’arrive plus à créer les conditions d’un rassemblement sécuritaire
autour de lui.
La
situation politique a changé depuis les dernières élections. Le premier
ministre a des rivaux faibles à gauche et au centre. Il profite de la guerre
des egos qui fait rage dans les rangs du centre où pas moins de quatre leaders
se disputent les voix qui diminuent de jour en jour. Le défi vient à présent
de son propre camp, de la droite et même de la droite radicale qui utilisent l’argument
de son âge, 71 ans, pour justifier qu’il doit laisser la place. Alors il occupe
physiquement le terrain, là où il peut être, là où les médias peuvent parler de
lui, dans les sites de vaccination, dans les aéroports pour recevoir les
vaccins, mais il en fait trop et la population, hormis les inconditionnels, n’est
plus aussi crédule. D’autre part, le temps lui manque réellement pour prouver
qu’il est le meilleur face aux appétits de ses anciens collègues, voire amis. Il
est sur une trajectoire qui voit s’éclipser sa réussite habituelle.
Mais il est trop tôt pour faire des prévisions à quelques semaines du scrutin qui verra s’élever contre lui tous ses anciens amis, tous ses dauphins et accessoirement ses ennemis politiques. C'est une bête politique qui n'a pas épuisé tous ses atouts. Si l'opposition part en ordre dispersée et si elle ne se regroupe pas sous la bannière d'un seul leader, alors tous les espoirs sont permis à Netanyahou.
Constat tout à fait objectif. Que l'on soit pro ou anti Bibi.
RépondreSupprimerEt pendant ce temps ,toujours pas un homme ou une femme d'état ,qui a une vision réaliste, pragmatique, pour l 'avenir des enfants d'Israël ,tandis que les "palestiniens " sont toujours de plus en plus nombreux ;
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