L’ARGENT EST LE NERF DES ÉLECTIONS
Par
Jacques BENILLOUCHE
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Les idées seules
et les convictions ne suffisent pas à booster une élection législative. Les
candidats ne peuvent rien faire sans argent, sans budget électoral et sans aide
financière. C’est pourquoi, certaines tentatives politiques se soldent souvent
par un fiasco par manque d’argent. Bien sûr les militants peuvent cotiser pour
leurs candidats mais les montants des dons sont négligeables par rapport aux
besoins effectifs. Cependant, pour assurer la démocratie, pour éviter les
circulations occultes d’argent et les aides douteuses venant de l’étranger, le
gouvernement israélien finance les partis à la Knesset mais pas les nouveaux
partis qui doivent faire preuve de beaucoup d’imagination pour exister.
Le gouvernement verse donc des subsides aux partis, conformément à
la loi sur le financement de 1973. Cette aide officielle est proportionnelle au
nombre de députés élus à la Knesset sortante. Le produit du financement est
versé par le Trésor public sur le compte bancaire de chaque faction qui a
droit, en vertu des dispositions de la loi, aux dépenses électorales pendant
les élections, aux dépenses courantes tous les mois à partir du mois suivant la
publication des résultats des élections à la Knesset jusqu'au mois où les
résultats des élections ont été publiés à la prochaine Knesset et à financer
les paiements du personnel parlementaire. Les nouveaux partis reçoivent une allocation
rétroactivement pour chaque membre élu. Mais un député qui quitte son parti ne
peut transférer sa quotepart au parti qui l’accueille.
Il est donc évident que la manne perçue par les partis les aide à
être courtisés, surtout par ceux qui manquent de financement. Benny Gantz en
particulier touche une aide financière sur la base de 17 députés même si les
sondages lui attribuent actuellement 5 sièges. Le financement de l'élection
repose sur une «unité de financement», qui s'élève actuellement à 1,375 million de
shekels par député (353.000 euros). Le parti Kahol-Lavan dispose donc d’un trésor
de guerre offert par l’État de l’ordre de 24 millions de shekels, de quoi attirer
toutes les convoitises.
Cependant, après les élections, l’État aide encore les partis qui
n’ont pas dépassé le seuil électoral pour leur permettre d’amortir une partie
de leur investissement électoral. Ceux qui ont remporté moins de 1% des voix ne
perçoivent strictement rien. Ceux qui obtiennent entre 1 et 3,25% des voix
peuvent prétendre à un financement sur la base d’une seule unité de financement
soit 1,375 million de shekels quel que soit le pourcentage obtenu.
Pour protéger les partis qui s’effondrent brutalement d’une
élection à l’autre, le calcul est basé sur une moyenne entre les deux dernières
élections. L’exemple de Kadima est explicite. En 2013, le parti est passé de 28
sièges en 2009 à seulement 2 sièges en 2013. Grâce au calcul moyen entre les
deux campagnes électorales, il a reçu 16 unités de financement (une moyenne de
28 sièges en 2009 et 2 sièges en 2013, plus une unité de financement). Kahol-Lavan
avec ses éventuels cinq nouveaux députés touchera 11 unités (moyenne entre 17
et 5). Il attire donc les convoitises. Un nouveau parti perçoit un nombre
d'unités de financement égal au nombre de sièges qu'il a remporté aux
élections, plus une unité de financement.
L’argent est nécessaire car les partis en ont besoin pendant la
période électorale, pour la propagande, les sondages, les consultants et
l'organisation. La grande majorité de ces dépenses est financée par les aides
d’État. 99% de l'argent dépensé par les partis proviennent du financement des
élections. Par conséquent, les partis dépendent entièrement des fonds de
financement de l’État. Deux raisons principales. D’abord le financement des
élections en Israël est le plus élevé parmi les pays de l’OCDE. Par ailleurs, les partis ont du mal à se
financer à partir de dons en raison des restrictions strictes qui existent en
Israël dans ce domaine. Ainsi une personne et sa famille sont autorisées à
donner un maximum de 2.300 shekels au parti au cours d'une année électorale. Les
aides de la part des sociétés est interdit.
Une grande importance est attachée à la manière dont l'argent du
financement est réparti entre les partis et à son pouvoir d'influencer
l'élaboration de la carte politique. Les lois de financement travaillent en
faveur des partis existants en général, et des grands partis en particulier,
contribuant ainsi à préserver la répartition du pouvoir politique existant et
rendant difficile le succès des nouvelles forces. Les nouveaux venus doivent
avoir une fortune personnelle ou renoncer à abattre le barrage électoral.
Merci à Michèle Mazel pour ses précieux conseils.
Certainement d'accord en général avec votre titre . Cela s'appelle le "nerf de la guerre. "Mais pas toujours. La preuve lorsque sous Obama des millions de dollars ont été investis en Israel pour faire tomber Natanyahou par le biais d'agence de propagandes électorales "V15" qui ont loué plein de boutiques provisoirement à cette fin dans le pays cela n'a pas marché. D'où le besoin de transparence imposée peu aprés ces élections pour déterminer d'où vient l'argent et sur quels montants susceptibles de provoquer un déséquilibre et donc de fausser les élections . Ce qui a permis aussi de révéler que beaucoup de pays européens envoyaient -et continuent de le faire- des fonds conséquents par le biais d'ONG " baptisées humanistes" pour influer sur la politique israélienne en vue de préparer le terrain le jour venu. Parfois aussi des Etats ont des dirigeants forts pour contrer le pouvoir nocif de l'argent "extérieur".A insi Poutine avait menacé Soros s'il osait spéculer sur le rouble pour destabiliser son pays. Conscient des risques pesant sur sa tete, (une chute d'un balcon d'où on est suicidé de deux balles dans la tete est si vite arrivée!) celui-ci, d'ailleurs désigné récemment comme ennemi public de la Hongrie pour les memes raisons, s'est bien gardé de mettre son projet à éxécution.
RépondreSupprimerCher monsieur Benillouche,
RépondreSupprimerJules Michelet, en son temps, ne disait-il pas déjà : "La politique est l'art d'obtenir de l'argent des riches et des suffrages des pauvres, sous prétexte de les protéger les uns des autres" ?
Très cordialement.