L’ATAVISME ISRAÉLIEN, VOIRE JUIF, DE LA DIVISION
Par
Jacques BENILLOUCHE
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Yaïr Lapid et Ofer Shelah |
Les partis se
multiplient comme des petits pains sans aucune stratégie de réussite car les
politiques n’ont pas compris qu’ils devaient s’orienter vers une union pour
arriver le premier au scrutin et pour prétendre au poste de premier ministre. On peut se
poser la question de ce qui distinguera, aux yeux des électeurs, Yesh Atid, de
Kahol Lavan, de Telem et du nouveau parti de Shelah, se disant tous centristes,
sinon la différence de gouvernance avec l’aggravation de l’émiettement des
voix. En quoi Espoir nouveau de Gideon Saar sera-t-il original par
rapport au Likoud, à Yamina, à Israël Beitenou, au Foyer juif, à Otzma et à
l’Union nationale sinon la multitude de prétendants à être chefs.
Les opposants à Netanyahou |
Les dirigeants israéliens n’ont pas encore assimilé le système électoral
israélien qui veut concilier plusieurs buts. Certes il donne une image fidèle
de la situation politique et du corps électoral et correspond à une conception
de la vie politique. Mais il conduit forcément à une instabilité du système
politique en favorisant le multipartisme et en donnant un rôle important aux
petits partis charnières, souvent partenaires indispensables des coalitions. Il
rend surtout difficile l’émergence d’une majorité stable et cohérente, faisant
primer une logique de coopération des partis.
8 femmes politiques éliminées par les partis |
Mais dans ce
système injuste, ce ne sont pas les dirigeants les plus droits, les plus
honnêtes et les plus désintéressés qui réussissent. Benny Gantz en est le
parfait prototype. Il faut être retors, populiste, menteur, tricheur et souvent
voleur pour accéder au sommet. Les exemples ne manquent pas même parmi les pays considérés comme les
plus démocratiques. Gantz avait voulu éviter au pays un quatrième tour d’élections
et prouver que les extrêmes pouvaient s’entendre et collaborer. Il a été abandonné par la
moitié de ses amis alors qu’unis, ils auraient pu imposer leur loi à un Netanyahou chancelant après trois échecs consécutifs.
Mais la politique
est impitoyable car elle broie justement ceux qui ont choisi de
sortir du chemin tracé par les clous mais qui ont fait un mauvais calcul. À la réflexion, il s’avère qu’elle est
souvent injuste à l’égard de ceux qui ont d’abord mis l’intérêt du pays avant
le leur. En raison de sa naïveté, de sa droiture, de son inexpérience politique mais malgré ses
convictions sincères, Benny Gantz a été cloué au pilori et souvent par ses
propres amis pour subir le sort de Shimon Peres et de Tsipi Livni, qui étaient appréciés
à l’étranger mais voués aux gémonies chez eux. Gantz a eu droit à tous les
qualificatifs honteux alors qu’il avait montré ses compétences irréfutables à la
tête de Tsahal, en particulier en tant que chef de l’unité d’élite Shaldag et
puis même en tant que ministre de la défense en restant toujours digne.
Les habits n'ont plus d'empereur |
Gantz n’a pas
échoué tout seul en n’installant pas une alternative au Likoud. Il a été
abandonné en rase campagne par ceux qui espéraient son échec et qui auraient pu le mener à la victoire en
affrontant dignement Netanyahou dans un gouvernement d’union. Ce n’est pas en
faisant de l’opposition obstructrice que l’on rend service au pays. Il a
souffert d’un système politique sclérosé qui écrase les meilleurs et qui
n’accepte aucun échec. Certains sont contents de son élimination car il libère
une place convoitée par de nombreux incompétents. Il restera certainement un
recours lorsque l’opposition aura épuisé ses canards boiteux. D’autres avant
lui, un général lui-aussi, ont été virés avant qu’on ne fasse à nouveau
appel à eux. L’échec forge les grands hommes. Gantz pourra l’être ou alors il sombrera
dans l’oubli.
Tu dois prendre un numéro |
La Gauche et le Centre sont trop nus pour se passer d’un homme qui
vient d’acquérir, dans l’échec, une expérience audacieuse face à une bête politique et que l’on veut
prématurément renvoyer dans les poubelles de l’Histoire. Quelques mois de
triste politique ne peuvent pas effacer des années au service de Tsahal. Par
ailleurs, ce n’est pas en se divisant, en créant plusieurs petites chapelles,
que l’opposition pourra émerger du trou dans lequel elle s’est placée. C’est
l’union du Centre et de la Gauche, sans exclusive, dans un seul parti que l’on
pourra apporter à nouveau l’espoir en Israël, à l’instar du 2 mars 2020, sinon
nous continuerons à avoir, pour plusieurs années encore, le règne des populistes.
Gantz est maltraité avec toute sorte de qualifications alors qu'il a le mérite d'avoir cherché l'unité du pays; des écrits bibliques mettent en garde contre une maison désunie.
RépondreSupprimerIl semblerait que le personnel politique israélien souffre à la fois d'infantilisme et d'un excès d'ego hélas conforme à la tradition historique juive
RépondreSupprimerJe souscrit totalement à votre analyse et celle concernant Gantz en particulier. Ajoutons que B.Gantz a réussi à éroder le pouvoir de B.Natanyaou car il a tenu se route et souligné la mauvaise foi de ce dernier. Gantz n'est pas intéressé par le pouvoir, seulement par l'intérêt du pays. Je ne sais pas s'il prendra part au combat qui va suivre. L'unité au centre ne pourra pas se faire avec Y.Lapid car celui-ci a "vomi" sur B.Gantz au lieu de le soutenir. A moins que son dissident ne récolte la majorité des voix de son parti, mettant Lapid sur la touche...
RépondreSupprimerCher Jacques,
RépondreSupprimerTon article est bon.
La situation politique d’Israël actuelle me fait penser furieusement à la fin de la 4ème république en France.
Je vis en France et ne connais pas tous les tenants et aboutissants de la vie politique en Israël.
Je pense qu’Israël ne s’en sortira pas tant qu’une réelle constitution ne soit proposée au peuple et soumise à un référendum, comme cela a été le cas en France à l’instigation de De Gaule, à la fin de la 4ème république.
Ce qui est le plus important dans cette constitution, c’est d’interdire les coalitions pré-électorales - qui n’ont aucun sens - car de ce fait, on ne connait pas le vrai poids électoral de chaque parti. Quel intérêt entre le Likoud, un parti laïc et les partis religieux, si ce n’est celui de garder le pouvoir ?
De ne donner le droit de vote qu’à ceux qui ont accompli le service militaire s’ils étaient en âge de le faire à leur arrivée au pays. Service militaire ou service civil en remplacement.
Ton ami d’enfance,
Gérard
@ Gérard
RépondreSupprimerLe droit de vote limité a été pensé par certains nationalistes mais cela sera discriminatoire car les Arabes seraient exclus puisqu'ils ne sont pas astreints au service militaire, à quelques exceptions près de quelques volontaires. la Cour suprême refusera une loi pareille.
Je trouve que cet article pose les bonnes questions sur le système électoral de la démocratie israélienne . Mais il est nettement hostile à Netanyahu . C’est un plaidoyer pour Gantz qui ressemble beaucoup à une oraison .
RépondreSupprimerAndré Simon Mamou
Tribune juive
On peut et on a abordé la questions sous plusieurs angles. Il reste qu'on est fondé à se demander si les électeurs n'ont pas ce qu'ils méritent ? Si l'offre politique , d'évidence trop nombreuses , surtout lorsque les nouveaux partis poussent au gré des ambitions personnelles, des déceptions ou du ressentiment correspond à la demande de ces mêmes électeurs, qui déjà à 3 reprises , ont renouvelé le même scénario, qui conduit dans le mur. Alors la question devient , lesquels d'entre ces hommes politiques - car un seul n'y réussira pas - auront le sens de l'état et le courage de modifier le système électoral pour qu'enfin Israël puisse trouver une stabilité dont le pays a plus que jamais besoin ? A défaut les mêmes causes produisant généralement les mêmes effets , dans une configuration particulièrement averse, on recommencera jusqu'à une catastrophe qui pour le coup remettrait tout en cause.
RépondreSupprimerPourquoi mes commentaires ne sont ils jamais publiés ? Certains étaient très laudatifs ! Ou bien doit on ne jamais critiquer ? C’est dommage de ne publier que les fidèles , d’autres dont moi apprécient bcp ces articles mais ne sont pas tjrs d’accord avec le point de vue partial de l’auteur ! Pas grave du tout !
RépondreSupprimer@André
RépondreSupprimerIl ne s'agit pas de commentaires laudatifs ou non. Nous publions tous les commentaires qui ne sont pas insultants. Votre commentaire n'avait pas lieu d'être censuré.
Mais pour éviter de ressembler à d'autres sites qui publient tout avec le désordre que cela entraîne, chez nous tous les commentaires sont "modérés" mais le modérateur n'est pas toujours disponible à la minute près, surtout un vendredi soir. Avec deux heures de retard et après disponibilité du modérateur, votre commentaire est passé tout à fait normalement.
Merci pour votre commentaire.
Tout est dit dans ces deux phrases :
RépondreSupprimer"On peut se poser la question de ce qui distinguera, aux yeux des électeurs, Yesh Atid, de Kahol Lavan, de Telem et du nouveau parti de Shelah, se disant tous centristes, sinon la différence de gouvernance avec l’aggravation de l’émiettement des voix. En quoi Espoir nouveau de Gideon Saar sera-t-il original par rapport au Likoud, à Yamina, à Israël Beitenou, au Foyer juif, à Otzma et à l’Union nationale sinon la multitude de prétendants à être chefs."
On peut aussi rester perplexe devant ces milliers de manifestants qui viennent chaque semaine exprimer leur rancoeur sous les fenètres de Bibi sans se demander par qui ils envisagent de le remplacer.
Cher Jacques, ta remarque est tout à fait justifiée concernant les arabes israéliens qui ne peuvent ou ne veulent pas faire de service militaire. Pour autant, j'imagine qu'il y a beaucoup de travail dans le service civil pour améliorer leur situation matérielle et morale. Je pense que cela ne peut que les conforter dans leurs situation à l'intérieur de la société israélienne. J'ai l'impression, quand j'écoute l'émission d'Eiran Zinger sur Rechet bet (MARKHABET, Jeudi à 14h je crois), qu'ils se sentent un peu délaissés par le pouvoir central.
RépondreSupprimerAmitié.
Gérard