Pages

mercredi 5 août 2020

L'explosion de Beyrouth porte la signature du Hezbollah


L’EXPLOSION DE BEYROUTH PORTE LA SIGNATURE DU HEZBOLLAH

Par Jacques BENILLOUCHE
Copyright © Temps et Contretemps


Le modus operandi de l’explosion de Beyrouth ne porte pas la signature d’Israël. La destruction planifiée de tout un quartier est contre productif. L’action d’Israël est plus ciblée, pour viser les armes de destruction et non les hommes. Tsahal n’a pas pour vocation de faire du bruit et de faire le plus de dégâts collatéraux possibles. S’il doit détruire un hangar contenant des missiles, il fait un travail d’orfèvre, planifié et préparé avec minutie.



L'unité Shaldag en visite chez le président

Des agents du Mossad sont d’abord envoyés sur place avec une excellente couverture pour photographier l’élément à détruire et filmer avec minutie les environs. Ensuite des éléments des unités militaires d’élite Maglan, dont la spécialité est de détruire les systèmes ennemis, sont infiltrés sur place avec des équipements de technologie de renseignements permettant de récolter des données et de les transmettre en temps réel. En fonction du lieu où se situe l’opération, ils sont doublés par des spécialistes de l’unité Shaldag dont la mission est de se déployer sur le terrain ennemi pour effectuer des reconnaissances spéciales, pour analyser le terrain, pour placer des pastilles électroniques afin de déterminer avec précision la cible à détruire par un missile ou par une action de l’aviation israélienne.
Assassinat d'Hariri

Le Hezbollah place volontairement son arsenal dans des hangars au centre de Beyrouth pour utiliser la population comme bouclier contre les attaques israéliennes. Malgré cela, Israël ne joue pas la carte de l’horreur en visant une population innocente. On se souvient de l’attentat contre l'ancien premier ministre libanais Rafic Hariri, tué dans un attentat à la voiture piégée à Beyrouth le 14 février 2005. On ne lui a laissé aucune chance. Tous les moyens avaient été mis en place pour ne pas rater sa petite voiture. Une camionnette chargée de centaines de kilos d’explosifs avait tué 22 personnes et fait 226 blessés en créant un cratère géant symbolique de la volonté de tuer. Des innocents avaient payé pour avoir été présents sur le lieu visé. Le «crime» d’Hariri avait été de vouloir reconstruire le pays et d’incarner la volonté d'indépendance des Libanais qui voulaient s'émanciper de la tutelle des Syriens et du Hezbollah.

La décision du Hezbollah de nier immédiatement la responsabilité d’Israël est suspecte. Il ne cherche pas ses faveurs mais Hassan Nasrallah ne voulait pas qu’on lui enlève la paternité d’un acte qu’il a prémédité et qui devait servir de leçon au gouvernement libanais. Deux raisons l’ont poussé à cet acte ignoble. D’une part, face à la crise sanitaire et économique au Liban, le gouvernement voulait s’affranchir de la présence de ministres du Hezbollah, des boulets dont le rôle est de bloquer toute avancée politique parce que la milice se nourrit au terreau du chaos. Les Libanais ont compris que la milice, et son complice le président Aoun, œuvraient uniquement pour asseoir la présence syrienne et iranienne dans le pays.   
Accusés par le TSL

D’autre part, ce vendredi 7 août, le Tribunal spécial pour le Liban (TSL) doit rendre son jugement sur le meurtre de l’ancien Premier ministre Rafic Hariri. Les accusés, affiliés au Hezbollah, sont  jugés par contumace, Salim Ayache, Hussein Oneïssi, Assaad Sabra et Hassan Habib Merhi. La mise en accusation du Hezbollah n’était pas du goût de son chef et il a décidé de le faire savoir avec pertes et fracas. La leçon doit être bien assimilée par les juges qui savent qu’ils font courir un risque à ceux qui soutiennent le TSL et qui préparent le chaos qui en découle.

Le chef du courant du Futur, Saad Hariri, a prévu de se rendre à La Haye pour assister à la lecture du verdict du TSL dans l’affaire de l’assassinat de son père. Il était prévu qu’il s’exprime à l’issue de l’annonce du jugement. Le tribunal, basé aux Pays-Bas, rendra son jugement par contumace dans le procès de quatre membres présumés du Hezbollah accusés d’avoir participé à l’assassinat mais le parti chiite, a toujours refusé de livrer les suspects malgré plusieurs mandats d’arrêt lancés par le TSL.
Nazar Najarian

  Le lieu de l’attentat n’a pas été choisi au hasard. La déflagration au port maritime de Beyrouth a eu lieu non loin du domicile de Saad Hariri, ancien Premier ministre libanais.  Par ailleurs il se trouve à proximité du siège du parti Kataeb, les Phalanges libanaises, dirigées par la famille Gemayel, fortement nationalistes et militarisées depuis 1975, qui mettent l'accent sur l'indépendance et sur le respect de la diversité au Liban et qui sont bien sûr opposés au Hezbollah et à la présence iranienne au Liban. Le parti, dirigé aujourd’hui par Samy Gemayel, était aussi visé puisque son secrétaire général, Nazar Najarian, qui était au siège du parti au moment de l'explosion, vient de succomber à ses blessures.

  Cette explosion va rebattre les cartes au Liban au moment où le pays traverse la plus grande crise économique de son histoire. On risque à nouveau de s’orienter vers la libanisation du Liban sous le regard prudent des Israéliens qui, cependant, ne permettront jamais que le chaos déborde à ses frontières. Pour l’instant les Libanais pansent leurs blessures mais il serait temps qu’ils s’éveillent de leur torpeur pour mettre de l’ordre dans leurs affaires et se débarrasser du Hezbollah avec l’aide de certains pays occidentaux qui affirment soutenir le pays sans pourtant y mettre les moyens.

7 commentaires:

  1. Jean-Marc ILLOUZ5 août 2020 à 10:54

    Désolé Cher Jacques Benillouche
    Une bonne description du professionnalisme des méthodes israeliennes mais peu pertinente ici et surtout qui fait beaucoup trop d’honneur au Hezbollah!
    Et ceux de ses adversaires que tu cites et que j ai connus de près ... ne sont helas ni les bisounours,ni les “patriotes” Indépendants que tu imagines.
    La carence totale d un état féodal régit depuis toujours par des prédateurs dynastiques et leurs alliés locaux et etrangers explique de la même manière le désastre financier libanais que cette gravissime négligence signalée à plusieurs reprises par la Sécurité Libanaises a des autorités polymorphes et restées sans réponse faute d accord entre elles
    Sans parler du contexte, d’Israel des années 80 et aujourd’hui du rôle ouvert ou sournois de l’Iran,Syrie,Turquie,
    Arabie Saoudite et Qatar qui ont tous leurs sales pattes dans l indemerdable merdier Libanais!
    A leurs population ne reste que des morts, dès mutilés, des poches vides et des prières sans lendemain

    RépondreSupprimer
  2. François GUTHMANN5 août 2020 à 11:00

    Je pense perso qu'il s'agit bien de négligences et de corruption liées à la manière de stocker ce produit. Bien à l'image de ce que nous connaissons tous ici en Israël et de manière plus générale dans la région.

    Deux autres pistes :
    1. Le nitrate d'ammonium peut être utilisé à fin d'explosifs,
    2. Le QG des Kataïb (les phalanges chrétiennes) étaient à proximité immédiate, ...
    A qui appartenait ce lieu de stockage ? Et les produits chimiques qui y étaient entreposés ?

    RépondreSupprimer
  3. Marianne ARNAUD5 août 2020 à 11:18


    Cher monsieur Benillouche,

    Ne trouvez-vous pas que vous allez un peu vite en besogne ? Du moins si on se réfère à l'explosion de l'usine AZT de Toulouse à laquelle on a déjà comparé l'explosion de Beyrouth ?

    A Toulouse il a fallu attendre au moins 16 ans pour que le Tribunal juge définitivement qu'il s'agissait d'un accident, alors que dès les débuts de l'enquête, en septembre 2001, le bruit avait couru qu'un enquêteur aurait dit : "Si Paris veut que ce soit un accident, ce sera un accident !" Les mauvaises langues persistent à dire que toutes les preuves pouvant faire penser à un attentat islamiste ont été écartées jusqu'à la condamnation du directeur de l'usine pour négligence.

    Je n'ose imaginer que pour l'explosion de Beyrouth, il suffirait de reprendre la phrase de l'enquêteur de Toulouse, en remplaçant "Paris" par la capitale que vous voudrez, pour faire de l'explosion de Beyrouth un simple accident.

    Très cordialement.

    RépondreSupprimer
  4. Je suis pour ma part troublé de la quasi concomitance des explosions et incendies en Iran et à Beyrouth. Par ailleurs, quel intérêt aurait le Hezbollah à détruire le port (qu’il contrôle) par où transitent ses armes et marchandises venant d’Iran ? Quel intérêt aurait le Hezbollah (deja fragilisé économiquement et politiquement) à plonger un peu plus le Liban dans le chaos ?

    RépondreSupprimer
  5. Quelque soit la cause directe de cette catastrophe, ce pays s'enfonce parce qu'il a perdu, tout comme l'Allemagne, la raison de vivre.
    Souvenons-nous, Il y a 12 ans, ce pays faisait la fête pour accueillir en héros national Samir Kuntar, le monstrueux assassin de notre petite fille à tous, Einat Haran, à coups de crosse. Notre peuple en pleurs a été témoin de l'allégresse de ce Liban réuni fraternellement autour de son héros national Samir Kuntar de sinistre mémoire. Un jour, peut-être, les Libanais se rendront compte qu'ils avaient sans doute scellé leur destin à cette occasion.

    Philippe Grimberg



    https://www.terrorism-info.org.il/Data/pdf/PDF_18441_3.pdf

    RépondreSupprimer
  6. Stocker ces produits ☢️☢️☢️ en plein centre🤔🤔🤔🤔🤔
    C'était risqué...dans le contexte géopolitique et religieux actuel du pays

    RépondreSupprimer
  7. Albert GUENOUN6 août 2020 à 10:00

    Explosion du port de Beyrouth. Mon avis personnel !!!
    On nous prend encore pour des billes en nous faisant croire que l'explosion a pour origine 2500 t de nitrate d'ammonium utilisé normalement comme engrais agricole C'est le même scénario que l'usine d'AZF à Toulouse il fallait à tout prix que ce soit un accident!!!.
    J'ai bien observé les vidéos il y a une première explosion puis une deuxième plus importante avec dégagement de fumées rouges jaunâtres typiques de composés azotés puis une troisième beaucoup plus forte avec un champignon de fumée typique d'une explosion souterraine.
    J'ai moi-même utilisé sur les chantiers de grands terrassements ce type d'explosif à base de nitrate d'ammonium.
    Pour que ce produit explose il faut 3 conditions : être confiné dans un forage ou dans une fosse fermée - être mélangé à de la matière organique tel que le fuel - utiliser un détonateur avec une petite cartouche de dynamite (booster).
    Quand on parle de stock dans un hangar sur le port c'est peu probable que le produit était confiné et aucun fuel ne devait être stocké à proximité du fait du risque d'explosion.
    De plus la puissance de l'explosion et les dégâts engendrés provoquant un tremblement de terre de magnitude 4,5 ne peut être produite par 2500 t de nitrate non confiné.
    Lorsque j'utilisais ce type d'explosif les charges par tir pouvaient atteindre 4 t et cela provoquait des vibrations très faibles car amorçage bien maitrisé.
    Je veux bien admettre qu'une charge de 2500 t provoque un mini séisme mais pas de cette magnitude. Il a fallu d'après moi une bombe de forte puissance ou un missile pour provoquer la première explosion et que le nitrate d'ammonium ait été préalablement imprégné par du fuel peut être par un réservoir du port dont on a provoqué une fuite pour que la condition d'explosion soit remplie
    Il y a eu l'explosion des 2500 t de nitrate a provoqué ensuite l'explosion d'un arsenal souterrain contenant des explosifs beaucoup plus puissants et détonants et brisants pour provoquer de tels dégâts et des effets ressentis jusqu'à l'ile de Chypre.
    Cela sent l'attentat ou une attaque à plein nez avec une savante préparation et le fait d'experts en explosifs.
    La vérité ne sera peut-être jamais connue mais les conséquences d'un tel désastre sont imprévisibles pour le Liban et les pays avoisinants. L'avenir nous le dira !!!!

    RépondreSupprimer