LE LIBAN CONSTATE QUE LA SOLIDARITÉ ARABE EST UN LEURRE
Par
Jacques BENILLOUCHE
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Bachir Gemayel |
C’est dans le malheur qu’on
peut compter ses amis ; le Liban en fait l’amère expérience lui qui, en communauté
de destin avec les Juifs, aurait dû depuis longtemps suivre l’exemple de la
Jordanie et de l’Égypte pour s’entendre avec Israël sur un nouvel avenir
pacifique. Du temps de Bachir Gemayel, les Israéliens se voyaient déjà en train
de skier le matin dans la station de Mzaar Kfardébian, avant de plonger dans la Méditerranée
l'après-midi. C’était un rêve qui a duré l’instant d’une respiration. La petite
Suisse du Moyen-Orient s’est éteinte sous les coups de boutoir d’un islamisme
pur et dur qui a transformé un pays riche en pays sous-développé.
La queue devant un guichet automatique |
Depuis quelques mois, le Liban est frappé par toutes les
calamités, financières et sanitaires, tandis que les pays arabes, les
pétromonarchies féodales assises sur leurs tas d’or, observent sans lever le
petit doigt. La seule solidarité qui vaille pour eux concerne le consensus
contre Israël, autrement dit contre «l’entité sioniste». Chacun pour soi
et l’islam pour tous. Le coronavirus a aggravé une situation qui l’était déjà.
Le confinement et le couvre-feu nocturne ont détruit ce qui restait encore
d’activité économique. Et pourtant les Libanais ne râlent pas bien qu’ils
trouvent le temps long. Les classes défavorisées, les plus démunies, souffrent
d’un manque de tout et se battent pour une simple bouchée de pain.
Mais cette situation ne date pas du coronavirus,
plusieurs de nos articles en attestent. Nous sommes sensibles à ce pays parce
que nous avons de nombreux amis exilés à Paris qui nous content leur vie passée
comme s’il s’agissait d’une simple illusion. Ils souffrent de voir le Liban
s’enfoncer dans le marasme. Certains étaient nos vrais amis et l’avaient
démontré. Nous avons toujours le souvenir brûlant d’un médecin qui, malgré les
dangers, avait tenu à aider Israël pendant ses guerres et qui a fini assassiné par
un véhicule, sa tête ayant buté sur un trottoir du boulevard de Courcelles à
Paris. Il était convaincu que nous irions dîner, un jour, juifs et chrétiens sur
la promenade de la Corniche à Beyrouth. Le sort en a voulu autrement.
La promenade de Beyrouth |
La crise socio-économique s’est doublée d’une crise du
régime. A ces deux dimensions s’ajoutent les pressions extérieures qui s’exercent
sur le Liban faisant de ce pays un État tampon, coincé entre les
ambitions des puissances régionales. Les chefs communautaires ont accaparé
l’économie à leur profit menant à la destruction de l’économie libanaise via
l’endettement en dollars pour les placer en bons du Trésor en livres libanaises
avec des taux allant jusqu’à 40%. Une politique systématique a coulé l’État
libanais en le surendettant, à la grande joie des banquiers libanais. Le
résultat ne s’est pas fait attendre, 50% des Libanais vont se retrouver sous le
seuil de pauvreté d’ici à quelques mois.
Les
Libanais ont toujours vu Israël comme leur ennemi existentiel, qui œuvrait selon
eux pour la déstabilisation du Liban depuis des années. Mais une frange de la
population résiste, orientée complètement dans l’orbite occidentale, par
Arabie saoudite interposée, et elle veut construire un État fort, en
distinguant l’ami du véritable ennemi, Israël n’étant pas le problème du Liban. Cette frange rêve à nouveau de la période d’or du Liban, entre 1943 et 1970, avant que
les Palestiniens ne sortent des camps et ne s’arment. Les relations inter communautaires étaient beaucoup plus détendues et la
corruption régnait beaucoup moins. Le danger est venu des partis communautaires
provocateurs et activistes, ainsi que des militants islamistes sunnites
anti-Hezbollah. Le rôle régional de l’Iran s’est détourné vers ses
prolongements en Syrie dans une région en pleine tourmente avec la présence
activiste de la Russie et de la Turquie en Syrie.
La population libanaise est contrainte à de longues files d’attente devant les
distributeurs de billets alors que, par opportunisme, les banques ont fermé.
Dans cette ambiance délétère, les pauvres ne peuvent plus accepter les mesures
de confinement, en particulier dans la région sud de Beyrouth. Des dizaines de
milliers de familles bénéficient du programme d’aide du ministère des affaires
sociales car beaucoup de professions sont dans la dèche.
Le
gouvernement est aux abonnés absents depuis plusieurs mois au point d’être mis
en défaut de paiement pour sa dette publique de 92 milliards de dollars
représentant 178% de son PIB. La contestation publique est à son paroxysme se
traduisant par des manifestations populaires face à la pénurie de devises
fortes. Mais le Liban paie à présent la note des Hariri qui ont mené une
politique ultra libérale dans les années 1990, s’inspirant d’ailleurs de celle
de Netanyahou qui avait réussi à combattre la crise économique.
Le secteur industriel s’est beaucoup dégradé à la suite de la libéralisation des droits de douane qui a poussé beaucoup d’entreprises libanaises à fermer devant la concurrence des produits arabes, chinois, pakistanais et bangladais. Le Liban a ainsi perdu des pans entiers d’industrie à l’exception de quelques clandestins qui font de la contrefaçon en matière d’habillement et de textile. Mais quelques industries pharmaceutiques, métalliques et agroalimentaires se portent plutôt bien malgré tout. L’industrie de fabrication de meubles semble résister à la concurrence étrangère et surtout, l’importance du travail de l’or et des métaux précieux destinés à la fabrication de bijoux en partance pour la Suisse, en fait les premiers produits libanais d’exportation.
Meubles libanais |
Le secteur industriel s’est beaucoup dégradé à la suite de la libéralisation des droits de douane qui a poussé beaucoup d’entreprises libanaises à fermer devant la concurrence des produits arabes, chinois, pakistanais et bangladais. Le Liban a ainsi perdu des pans entiers d’industrie à l’exception de quelques clandestins qui font de la contrefaçon en matière d’habillement et de textile. Mais quelques industries pharmaceutiques, métalliques et agroalimentaires se portent plutôt bien malgré tout. L’industrie de fabrication de meubles semble résister à la concurrence étrangère et surtout, l’importance du travail de l’or et des métaux précieux destinés à la fabrication de bijoux en partance pour la Suisse, en fait les premiers produits libanais d’exportation.
Le
coronavirus, qui n’a fait que 16 décès grâce aux mesures de confinement prises
rapidement, n’a fait qu’aggraver la situation économique. Les ports et
aéroports sont fermés entraînant un arrêt des importations avec risque de
pénurie car le pays achète à l’étranger 80% de ses besoins. Les prix flambent
et le pouvoir d’achat s’écroule alors que la livre libanaise a perdu 75% de sa
valeur. Les supermarchés sont à court de marchandises tandis que les rayons en
Israël explosent, à quelques centaines de kilomètres.
Dirigeants du CCG |
Pour
faire face aux conséquences de la pandémie, le Liban a besoin de milliards de
dollars mais la solidarité arabe n’existe pas. Les pétromonarchies du Golfe et
les régimes féodaux du Moyen-Orient se font discrets pour ne pas avoir à
intervenir alors qu’ils l’ont fait en 2006 quand il a fallu reconstruire
des centaines d’écoles, de ponts et d’autres infrastructures détruites pendant
la guerre avec les Israéliens. Mais à ce moment-là il fallait montrer la
solidarité anti-israélienne.
Ces «amis» justifient leur froideur par l’obligation de sanctions imposées par les États-Unis au Hezbollah et à ses proches et ils mettent les Libanais dans le même panier. Alors tout le Liban paie la note d’autant plus qu’il est brouillé avec la Syrie avec qui il partageait les intérêts économiques. L’égoïsme arabe s’exprime ouvertement. D’autres pays arabes l’ont compris, qui ont misé sur une collaboration avec le "Satan" israélien. Le pays, qui était censé être le deuxième pays à ouvrir des relations diplomatiques avec Israël, s’enfonce dans une misère acceptée mais son honneur reste sauf. Il pourra s'effondrer restant digne comme le capitaine d'un bateau qui coule.
Ces «amis» justifient leur froideur par l’obligation de sanctions imposées par les États-Unis au Hezbollah et à ses proches et ils mettent les Libanais dans le même panier. Alors tout le Liban paie la note d’autant plus qu’il est brouillé avec la Syrie avec qui il partageait les intérêts économiques. L’égoïsme arabe s’exprime ouvertement. D’autres pays arabes l’ont compris, qui ont misé sur une collaboration avec le "Satan" israélien. Le pays, qui était censé être le deuxième pays à ouvrir des relations diplomatiques avec Israël, s’enfonce dans une misère acceptée mais son honneur reste sauf. Il pourra s'effondrer restant digne comme le capitaine d'un bateau qui coule.
Cher monsieur Benillouche,
RépondreSupprimerJe n'ai aucune peine à croire que la solidarité arabe n'a pas joué en faveur du Liban. Mais force est de constater que les dirigeants de l'UE, si prompts à faire la leçon à tout le monde, se sont aussi comportés de manière indigne. Demandez aux Italiens ce qu'ils en pensent !
Très cordialement.