Billet d’humeur
CORONAVIRIUS : DEUX POIDS, DEUX MESURES
Par
Jacques BENILLOUCHE
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Un
drame vient d’avoir lieu au marché Mahané Yehouda de Jérusalem. Un propriétaire
de boutique, acculé par les difficultés financières en raison de la fermeture
de son commerce et l’inexistence d’aide gouvernementale, s’est suicidé aujourd’hui
dimanche, 26 avril. Paix à son âme. On lui avait imposé des règles de confinement qui auraient été normales si des exceptions n’avaient pas eu lieu. Cela aurait été normal si tout le monde était logé à la même enseigne et si deux
poids et deux mesures n’avaient pas été appliquées à ce commerçant. Bien sûr,
les mesures sanitaires sont indispensables pour vaincre le coronavirus et
Israël peut enorgueillir d’avoir le moins de décès par rapport aux pays
occidentaux.
la queue à Ikéa |
Mais
on ne peut pas traiter les petits boutiquiers du marché comme les tenants d’une
grande multinationale. Ces petits commerçants vivent au jour, gagnant leur vie
à la sueur de leur front et ne bénéficiant d’aucun droit au chômage comme un
salarié. Le gouvernement aurait dû prendre des mesures immédiates pour aider
ces petites gens. Dans le même ordre d'idée, notre ami Laurent Cigé a mis la clef sous la porte de son commerce de chocolats par manque de fonds.
Or l’excuse d’un manque de budget ne tient pas. Le gouvernement
a fait construire deux résidences pour le premier ministre à coup de millions
de dollars. Il a décidé de mettre en place un gouvernement pléthorique qui coûtera à la
collectivité un milliard de shekels (260 millions de dollars) alors que ce
pauvre boutiquier était à 5.000 shekels près (1.400 dollars). Les caisses de la Banque d'Israël regorgent de devises dont une partie aurait pu, exceptionnellement en période d'urgence, être utilisée pour la sauvegarde des PME.
Je leur ai dit que j'allais chez IKEA |
Le
gouvernement ultra-libéral ferme les yeux sur ses dépenses mais il est plus
regardant sur celles de ses citoyens. Un suicide est inadmissible car il faut beaucoup
de courage et beaucoup de désespoir pour passer à l’acte. Ce malheureux a sauté
le pas comme ce marchand de légumes à Tunis, en 2011, qui avait déclenché la Révolution
du jasmin et les Printemps arabes parce qu’il était lui aussi
désespéré. Tarek Bouazizi s’était immolé par le feu, le 17 décembre 2010, parce
qu’on lui interdisait de vendre ses légumes un peu comme le marchand de Mahané Yéhouda.
Mais deux poids et deux mesures s’imposent
en Israël. Alors que le malheureux, qui s'est suicidé, ne pouvait pas ouvrir son
étal, les propriétaires Shulem Fisher et Matthew Bronfman d’IKEA ont rapporté
avoir donné des millions de shekels à la secte Gur Hasidic du ministre de la
santé, Yaakov Litzman, ces dernières années. Les propriétaires d'IKEA Israël,
ont fait don de 681.000$ en 2018, et plus de 1.107.000$ en 2018. On ignore les
chiffres de 2019 et 2020 mais cela leur a permis de bénéficier de mesures exceptionnelles d’ouverture de leur immense centre commercial où des milliers
d’acheteurs s’y pressent, en dépit des risques de contamination.
Mais
les mères en deuil n’ont pas eu cette chance. Elles n’ont pas été autorisées à
se recueillir sur la tombe de leurs enfants morts au champ d’honneur, à l’écart
du monde, à l’écart de la vie, en pleine tristesse. Le ministre de la santé a
dû assimiler les cimetières militaires à des lieux risqués de villégiature pour
leur interdire de pleurer au-dessus d’une pierre tombale. Il ne s’agit
nullement de contester les mesures de confinement mais tout le monde doit être
logé à la même enseigne, les puissants et les petites gens. Or ce n'est pas le cas.
Sociologiquement, et ceci d’après les études concernant les élections, ce malheureux commerçant était plus du côté de Nathanyaou. Il ne savait malheureusement pas pour lui que celui qui est depuis plus de 10 ans premier ministre ne se soucie pas du bien-être des israéliens. Il ne savait pas que la corruption organisée par ceux qui sont au pouvoir permettrait aux « bienfaiteurs » de cette coalition de s’affranchir des règles avec la bénédiction de certains ministres
RépondreSupprimerUn vrai cirque ce pays qui se vante de ses succès technologiques, de la défense de ses citoyens, de son éthique et qui garde au pouvoir des hommes corrompus, soucieux de leur propre bien-être. Les marchands du Temple ne faisaient pas mieux.
RépondreSupprimerC’est scandaleux! Quelle honte ! Pauvre homme , quelle tristesse!
RépondreSupprimerj’espère que le gouvernement va se réveiller, c’est n’importe quoi, lorsque tout le monde dormira sur la plage 🏖 ou va savoir où, vont-ils ouvrir les yeux ?
Le gouvernement ne peut pas se réveiller, vu qu'il s'en moque bien et ce depuis des années qu'il a tout fait pour casser le travail organisé, la santé et les services sociaux et publics de première nécessité. Quiconque est allé à la Knesset dans les commissions publiques a entendu les Golden Boys du Trésor dire qu'il n'y avait pas d'argent. Les députés savent que c'est un mensonge éhonté, et en plus dans les débats non publics en catimini, des sommes fabuleuses sont versées en cachette à des heures indues à des groupes de pression ou à des implantations. Quand une personne n'est pas acculée, elle ne peut changer: le ministre incompétent de la Santé, sectaire et très craint, est totalement lié à une vaste entreprise de récolte de fonds secrets auprès d'autant de sociétés de type IKEA. Ils sont certainement une petite partie de l'iceberg d'un racket où ce sont les clients de ces entreprises qui nous facturent bien plus cher (IKEA + 10% par rapport à l'étranger) pour pouvoir payer les politiciens qui en retour les encouragent et les soutiennent dans leurs luttes contre les employés et le public. Maintenant après avoir fait main basse sur notre santé, il veut accaparer le domaine du logement pour une population largement improductive qui ne comprend pas ce qu'est le pluralisme.
RépondreSupprimerLa révolte gronde chez des gens qui croyaient naïvement que l'état était leur protecteur, ou qu'il était prévoyant, mais l'exemple du mépris affiché vis à vis des lois d'exception votées par le gouvernement de transition, de transition, de transition par ceux mêmes qui les ont imposées est la preuve que nous ne sommes que des fourmis à leurs yeux, qu'ils peuvent écraser.
Cher monsieur Benilloche,
RépondreSupprimerHonneur vous soit rendu, à vous et à vos commentateurs, qui osez prendre fait et cause en faveur de ce boutiquier suicidé - autant dire pour quelqu'un qui, chez nous, ferait partie de ces "gens qui ne sont rien" - contre les puissants de la politique et de l'argent, qui s'octroient le droit de les piétiner sans le moindre état d'âme, imaginant que le peuple l'acceptera sans mot dire.
Très cordialement.