EN ISRAËL, LA CAMPAGNE ÉLECTORALE MANQUE DE PASSION
Par
Jacques BENILLOUCHE
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La
passion n'est pas au rendez-vous de ce troisième tour d’élections en Israël, qui aura lieu le 2 mars 2020. Le désintérêt de
la population est évident et cela s’explique par les scrutins à répétition sachant
que ces nouvelles élections ne trancheront pas la situation politique ;
le système électoral à la proportionnelle intégrale ne permet pas aux électeurs de se déjuger à quelques mois
d’intervalle. Les écarts restent minimes. Les joutes oratoires ont disparu au
profit de manœuvres au sein des instances politiques. Les hommes politiques
eux-mêmes sont désenchantés et ont perdu la foi.
Kahlon-Feiglin |
C’est
d’abord Moshe Feiglin, leader du parti nationaliste Zehut, qui a déposé les armes en
refusant de concourir sur la liste du Likoud. Il a été suivi presque
immédiatement par le ministre des finances, Moshé Kahlon, leader de Koulanou, qui tire les
conclusions de l’échec d’un programme qu’il n’a pas pu appliquer. Il avait misé
sur la relance d’un immobilier social face à l’explosion des prix dans toutes
les villes. Il n’a pas été suivi en raison de la puissance du lobby des
constructeurs et des promoteurs.
Reste
vivace en revanche la querelle pour le maintien ou non de la candidature de
Benjamin Netanyahou qui s’accroche désespérément à son fauteuil afin d’éviter
le désagrément d’un procès judiciaire. Alors nombreux sont les militants qui
n’ont plus la foi et qui constatent d’ailleurs que le pays se débrouille bien
sans gouvernement, sans accrochage à la Knesset, et surtout sans débat stérile.
A
quelques jours de la clôture des listes, l’extrême-droite tente de se regrouper
pour éviter de laisser un groupuscule sur le carreau, loin du seuil électoral
de 3,25% des voix. On ne comprend pas d’ailleurs ce qui distingue les quatre
partis à la droite du Likoud, hormis les questions de personnes et les
exclusives de circonstance. La Nouvelle droite, Bayit Hayehudi, Otzma et l’Union
nationale ont la même idéologie avec à la tête de chaque entité des leaders à
l’égo démesuré. Si regroupement il y a, cela se ferait sur le dos du Likoud qui
perdrait quelques sièges au profit des extrêmes car une partie de ses militants
de droite semble vouloir opter pour la voie nationaliste.
Le
parti travailliste qui s’enfonce de scrutin en scrutin ne capte plus de nouveaux
militants pour étoffer son parti. C’est pourquoi, pour sauver ce qu’il peut
encore sauver, il a cherché à rejoindre Benny Gantz qui n’a pas accepté de «gauchir»
sa liste. En effet, il cherche plutôt à grignoter des voix auprès des centristes
du Likoud.
En revanche, Gantz a poussé Meretz, les Travaillistes et Gesher à fusionner pour ratisser large et renforcer son aile gauche. Orly Levy de Gesher, qui vient de la droite et qui se situe plutôt au centre-droit, s’est opposée à cette éventuelle fusion. Le travailliste Amir Peretz craint
de son côté d’être classé à l’extrême-gauche en rejoignant la liste du Meretz. Or, par leur intransigeance, ces trois groupuscules mettent leur existence en danger et hormis un rassemblement,
point de salut. En cas de liste individualisée, l'une des trois entités au moins laissera certainement des plumes le 2
mars.
Ophir Pines-Paz |
Un
retour tant espéré vient d’avoir lieu au parti travailliste. Ophir Pines-Paz,
le prodige du Parti travailliste et l’étoile montante de l’époque, avait quitté
le parti en janvier 2010 face à un blocage politique interne et à la décision
d’Ehud Barak de rejoindre le gouvernement Netanyahou. Il vient de décider d’intégrer
le comité directeur de la campagne travailliste de 2020 afin de tenter d’apporter
un souffle nouveau. Pour lui «le parti se bat pour son existence mais il a
encore beaucoup de potentiel».
En tant que voisins, nous avions échangé il
y a quelques années quelques propos à la terrasse de notre café pour l’entendre
dire qu’il avait choisi définitivement les affaires à la politique. En fait le virus de la politique ne l'a jamais quitté et il estime aujourd'hui la situation suffisamment grave pour décider de remettre
les mains dans le cambouis. Pour lui, «la plupart des électeurs
travaillistes ont rejoint Bleu-Blanc non pas parce qu'ils sont devenus moins
idéologues, mais parce qu'ils ont identifié Gantz et son équipe comme les seuls
capables de gagner».
Au
Likoud, Netanyahou n’a pas profité de la distribution de quatre ministères pour
fumer le calumet de la paix avec ses frondeurs. Des inconditionnels ont été
nommés sans surprise pour le remplacer sur ordre de la Cour Suprême alors qu’il avait un moyen de rassembler son parti
pour unifier le combat. A priori, il a choisi un mauvais calcul car il aurait pu
neutraliser les contestataires qui se trouvent en roue libre à présent. Selon
les sondages ils pourraient constituer un noyau de six députés à la disposition
du plus offrant.
Enfin, Avigdor Lieberman semble avoir décidé de suivre un chemin solitaire puisque ses attaques visent alternativement Netanyahou puis Gantz. Bien sûr il reste en course avec ses sept à neuf députés, un groupe charnière, mais il n'a pas encore choisi son camp ce qui pourrait déplaire à certains de ses électeurs qui veulent qu'il se prononce ouvertement.
Les
listes définitives aux élections seront déposées avant le 15 janvier. Il reste
quelques jours encore pour des accords de dernière minute sachant que les sondages
sont défavorables au Likoud qui a un retard de six sièges par rapport à
Blanc-Bleu. Par ailleurs, certains groupuscules jouent leur existence à la nouvelle Knesset
mais souvent l’idéologie prime sur le pragmatisme au point de faire place à la politique de la terre brûlée. Une fois les listes enregistrées, les
citoyens israéliens retourneront peut-être à la campagne électorale, sans grande
conviction, car rien n’a changé depuis le dernier scrutin.
Mise à jour du 13 janvier
Travaillistes-Gesher et Meretz se présenteront sous une même liste aux élections de mars. Peretz sera en tête de liste, suivi d'Orly Levy et de Nitzan Horowitz. Il s'agit bien sûr d'une union de circonstance et non pas d'union idéologique.
Par ailleurs, la Nouvelle Droite ne se joindra pas à d'autres partis de droite. Bennett et Chaked ont déclaré que le bloc de droite avait perdu des votes parce que les partis s'étaient unis lors des dernières élections
Mise à jour du 13 janvier
Travaillistes-Gesher et Meretz se présenteront sous une même liste aux élections de mars. Peretz sera en tête de liste, suivi d'Orly Levy et de Nitzan Horowitz. Il s'agit bien sûr d'une union de circonstance et non pas d'union idéologique.
Par ailleurs, la Nouvelle Droite ne se joindra pas à d'autres partis de droite. Bennett et Chaked ont déclaré que le bloc de droite avait perdu des votes parce que les partis s'étaient unis lors des dernières élections
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