NETANYAHOU A EU SA PLACE DU TROCADÉRO
Par
Jacques BENILLOUCHE
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Il
ne sert à rien de chercher à convaincre les idolâtres de Netanyahou.
Aucun argument ne peut les toucher ou même les faire douter. Ils n’ont que le
mot de «gauchistes» à la bouche pour justifier leurs attaques contre le
système judiciaire. Donc inutile d’argumenter face à des militants qui ne
veulent rien entendre ni rien comprendre, et a fortiori ne pas raisonner. Ils persistent
à affirmer que la justice ne s’attaque uniquement qu’aux personnalités de
droite car elle gangrenée par des fonctionnaires aux seuls motivations de gauche.
Quand
des hautes personnalités politiques, dont le rôle est de défendre et de
protéger les institutions du pays, s’en prennent à elles, alors il n’y a même
pas lieu d’ouvrir le dossier d’accusation puisque, par postulat, il est faussé.
Pourtant ils devraient s’inspirer du président Réouven Rivlin, ancien pur et dur faucon
au Likoud, qui au contact de sa fonction s’est bonifié parce qu’il portait en
haute estime son mandat présidentiel. Pour lui la justice est inattaquable et ne fait parti d'aucun clan. Et il n’a fait aucune exception en respectant
toujours le peuple israélien dont il est le mandataire.
Le procureur général Avichai Mandelblit est dans sa lignée alors qu’on le croyait dévoué à son mentor qui l’a sorti de l’ombre d’un obscur poste de juge militaire. Il a une haute opinion de sa fonction même s’il a montré quelques hésitations en donnant du temps à son enquête, en allant jusqu’à attendre la fin des élections pour se prononcer. Mais il fait son métier selon sa conscience, en toute indépendance.
Le procureur général Avichai Mandelblit est dans sa lignée alors qu’on le croyait dévoué à son mentor qui l’a sorti de l’ombre d’un obscur poste de juge militaire. Il a une haute opinion de sa fonction même s’il a montré quelques hésitations en donnant du temps à son enquête, en allant jusqu’à attendre la fin des élections pour se prononcer. Mais il fait son métier selon sa conscience, en toute indépendance.
Les 3.000 à 7.000 personnes qui se sont rassemblées mardi soir à Tel-Aviv pour
manifester contre ce qu'elles appellent une «tentative de coup d'État»,
se sont déconsidérées voire salies en exigeant «d’enquêter sur Shai Nitzan
et sur la police». Les banderoles et les pancartes contre le procureur
général Avichai Mandelblit et le procureur de la République, Shai Nitzan, sont
ignobles. D’ailleurs Benny Gantz s’est exprimé sur la question : «Dans
une démocratie saine, le Premier ministre n'organise pas de manifestations
contre le système de maintien de l'ordre, dont il est responsable même si la
liberté de protestation ainsi que la liberté de parole sont le moteur de la
démocratie».
Malgré
de la bonne volonté, il est difficile de croire à cette illusion de coup d’État.
Peu de gens l’ont cru, même les proches amis de Netanyahou. Mais il fallait
frapper les esprits pour rendre crédible l'accusation. D’ailleurs, il faut
rendre hommage aux partis orthodoxes et à l’extrême-droite qui ont refusé de
s’associer à cette manifestation qui fait honte à la démocratie. Des membres importants
du Likoud, plusieurs ministres et certains ténors du parti, ont boudé la
démarche en ne se joignant pas à un évènement qu’ils condamnent par principe. La plupart d’entre
eux ont été contactés par le bureau du Premier ministre, qui leur a justifié la
grande importance de la manifestation mais ils ont préféré ne pas se rendre au
musée de Tel-Aviv.
Miri Regev |
La
foule était clairsemée, la foi n’y était plus malgré la présence d’inconditionnels
de Netanyahou. Mais cela ne l'a pas empêchée de s'en prendre avec violence à plusieurs journalistes de télévision et de la presse écrite. La ministre Miri Regev et le député Mickey Zohar ont été envoyés
au charbon avec mission de remobiliser leurs troupes, sans grande conviction
parce qu’ils étaient tous seuls à la tribune : «Ceux qui veulent
maintenir l’État de droit sont venus ici ce soir. Ils ne nous feront pas taire».
De quoi ont-ils peur alors que des juges intègres vont être désignés et que les
avocats peuvent plaider sans entrave du gouvernement, que le jugement subira certainement le recours de la Cour d’Appel et que la Cour Suprême aura le dernier mot.
Prétendre que tous ces fonctionnaires sont aux ordres du clan de gauche, c’est
insulter le Corps judiciaire et la Police dans son ensemble.
Nir Barkat |
Nir
Barkat, l’ancien maire de Jérusalem et candidat à la direction du parti, était le
seul poids lourd du parti à être présent ; tous ses autres amis avaient trouvé une
bonne raison pour se défiler. Les organisateurs qui avaient anticipé une faible
participation ont dû faire appel à la claque des groupuscules de droite Regavim, Im
Tirzu, Israel Sheli et consorts. Le premier ministre, qui avait prévu de
s’adresser à la foule, a préféré ne pas se présenter face à une si faible mobilisation et
face à si peu d’entrain. Le rassemblement qu’il a suscité a montré qu’il
perdait inexorablement des troupes. La bonne logique voudrait qu’il tire les
conclusions évidentes en confiant la direction de son parti à un autre leader
pour l’empêcher de sombrer. Le pays lui glisse entre les doigts.
L’époque
héroïque d’un parti victorieux est dépassée. Il va vers un échec certain aux
prochaines élections avec le risque de faire exploser son parti. Le Likoud est
en train de prendre la voie des LR en France. Cette manifestation au Musée de
Tel-Aviv reflétait la même ambiance de fin de règne du dernier meeting de
Fillon au Trocadéro avec le sentiment d’un adieu. Lui aussi ne se croyait pas
seul. Lui aussi avait fustigé la presse. Lui aussi avait son Gideon Saar à qui
il ne voulait pas passer la main. Lui aussi avait planifié la descente aux
enfers de son parti. Mais il était resté droit dans ses bottes pour sombrer avec les LR.
Quand Netanyahou exigeait la démission d'Olmert après son inculpation
Au
sein du Likoud, nombreux sont ceux qui n’ont pas voulu insulter l’avenir ou
même se déconsidérer en salissant la justice et la police, des institutions qui
n’ont jamais montré qu’elles étaient au service de fossoyeurs de l’État. Ils
ont laissé aux idolâtres le rôle qu’ils adorent jouer alors que les juges cherchent
à remplir leur tâche sereinement. On peut leur faire confiance puisqu’ils ont
jugé Avraham Hirschson, Arie Dehry, Moshé Katsav et Ehud Olmert en prouvant que
ces personnalités, qui ne s’affichaient pas à droite, étaient des justiciables
comme les autres. Un honneur en Israël quand on mesure les lacunes qui
entravent la justice dans les dictatures, voire même dans certains pays
occidentaux. Netanyahou et ses conseillers devraient se ressaisir pour éviter
de cautionner une atteinte aux institutions du pays, des institutions qu’il est
censé défendre.
Benny
Gantz a fait des concessions ultimes. Il lui a proposé de rester encore premier
ministre pendant encore six mois, dans un gouvernement d’union, puis de lui céder la place pendant deux ans et de récupérer son poste deux ans après, jusqu’à la
fin du mandat, le temps que la justice passe. Mais Netanyahou veut rester seul
à bord pour se protéger de la justice. Il veut jouer les prolongations jusqu’en
mars 2020. Une attitude inconsciente indigne du grand leader qu’il a été. Le
pays ne peut pas subir la volonté d’un seul député et encore moins ses
caprices. Le pays ne peut pas gaspiller 475 millions de shekels (124 millions
d’euros) pour un troisième tour d’élections stériles. L’exemple du Trocadéro n’a
pas été suivi. Vivons de nouvelles élections. Netanyahou doit quitter
dignement la scène publique, en abandonnant toute réaction agressive pour
faciliter le transfert de pouvoir à un membre de son parti.
C’est un très bon article, objectif et réaliste sur la situation du pays engendrée par un dirigeant mettant en cause les institutions judiciaires. Le seul point qui m’interroge est la comparaison entre Fillon et Netanyahou. Fillon n’était pas au pouvoir à l’époque des faits reprochés, Netanyahou dirige le pays et met en danger la démocratie en nommant ses inculpations de « coup d’état » qui pourtant n’a rien à voir à un putsch puisque la justice enquête sur ses affaires depuis déjà quelques années et non pas dans la précipitation comme ce fut le cas pour Fillon.
RépondreSupprimerUn dernier point : en Israël il est impératif de mettre en œuvre une loi limitant le pouvoir à deux mandats, comme il est d’usage dans tous pays démocratiques.
Bien cordialement
Pas surpris de ce commentaire de Véro.
SupprimerMais il y a un parti pris contre toute la droite Likoud que cet article perd en crédibilité.
On a été habitué à mieux !
3000 manifestants ! D'après Globes 7000!
Des militants sourds et bornés c est faut !
Je fais parti de ceux qui pensent que il y a un terme pour tout .
Même pour les meilleurs !
Au dela du cas de Netanyahou, qui bien entendu, doit passer la main, je suis absolument consterné, abasourdi, de voir Israel paralysé. Un pays ingouvernable, un imbroglio politique pas croyable, des micro-partis qui font leur lois, des coup-bas, des trahisons, des insultes etc... C’est quoi ce cirque ? Nos ennemis se renforcent à nos frontières. Et le pays danse sur un volcan ! Le president Rivlin attend quoi pour s’adresser à la nation et imposer un referendum pour un changement du système electoral ?? Un système à la française avec un scrutin à deux tours avec une dose de proportionnelle devrait clarifier le paysage politique et donner une vraie direction politique aux pays. Et accessoirement ferait disparaitre enfin, les micro-partis qui pourrissent la vie politique.
RépondreSupprimer3000 ou 8000 manifestants ? On a lu les deux chiffres .
RépondreSupprimerLes pancartes avec des slogans honteux , propres à déconsidérer Netanyahu , qui avaient intérêt à les brandir ? Les fidèles de Bibi ou ses ennemis ?
Le rêve des opposants de Bibi : qu’il s’en aille de son plein gré puisqu’ on n’arrive pas à l’y contraindre !
Où est la dignité ? Kahol Lavan avec 3 chefs d’Etat major et un journaliste arriverait à 57 mandats avec la gauche et la liste arabe ! Elle empêche la droite de se maintenir au pouvoir MAIS ELLE N’A PAS GAGNÉ!
ELLE EST EN ÉCHEC TOTAL!
André Simon Mamou
Tribune juive
@Patrick
RépondreSupprimer3.000 ou 7.000 selon les sources ; je vous concède les 7.000 qui sont toujours négligeables par rapport aux 100.000 manifestants habituels de la Place Rabin. D’ailleurs les organisateurs ont choisi cette petite place pour ne pas être ridicules.
Netanyahou aurait pu choisir une meilleure fin que de se ridiculiser dans de nouvelles élections qui le verront encore s'enfoncer. Mais pour lui, son intérêt prime et il s'en fou du peuple!