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dimanche 1 décembre 2019

Initiative arabe secrète contre BDS


INITIATIVE ARABE SECRÈTE CONTRE BDS

Par Jacques BENILLOUCHE
Copyright © Temps et Contretemps
            
Millenial Gloucester Hotel

           Cela bouge politiquement avec les pays arabes. En effet, trente personnalités de 15 pays arabes différents se sont rassemblées, les 19 et 20 novembre 2019, à Londres au Millenial Gloucester Hotel, pour combattre le mouvement BDS (Boycott, désinvestissement et sanction). BDS a eu accès aux campus universitaires américains et, pire encore, aux églises. Cette initiative avait pour but d’appeler à des relations civiles directes entre l'État juif et leurs sociétés respectives. La réunion au départ secrète avait été révélée par le quotidien américain New York Times.


Dennis Ross

            L’initiative a été prise par Dennis Ross, directeur du Centre des Contacts pour la Paix, dont le siège se trouve aux États-Unis. Sous les mandats de George W. Bush et de Bill Clinton, ce diplomate avait été chargé de faire avancer la normalisation arabe avec Israël.  Selon le Centre, à la suite de cette rencontre, un Conseil arabe pour l'intégration régionale a été créé avec pour mission de réaliser des progrès dans le processus de normalisation des relations arabes avec Israël. Les personnalités ont parlé des relations avec Israël et de le nécessité de les renouveler. Ils ont aussi discuté des moyens pour s’opposer au mouvement de boycott BDS.

            Parmi les invités arabes figuraient des délégués de l’Algérie et du Yémen qui n’entretiennent pas de lien avec Israël. Figurait aussi l’algérienne Saida Gharibi, connue pour ses positions controversées dans son pays. Aucun invité israélien n’était volontairement présent afin que certains délégués arabes ne soient pas accusés de normalisation avec leur «ennemi». En effet certains participants auraient pu faire l'objet de poursuites dans leur pays d'origine pour le «crime» de normaliser leurs relations avec Israël. Pourtant les organisateurs avaient clairement annoncé que la conférence était «une initiative civile dans laquelle aucun gouvernement n'aurait eu la main».
Mohamed Anouar Sadate

            Le neveu du président égyptien Anouar Sadate, Mohamad Anouar Sadate, chef du parti de la réforme et du développement de son pays, faisait partie des invités ainsi que l'ex-ministre koweïtien de l'Information, Sami Abdul-Latif Al-Nisf, qui a parlé avec passion des «erreurs» commises dans le conflit israélo-arabe, l’avocate égyptienne vivant à Londres Ijlal Ghita, la caricaturiste saoudienne Wadad al-Bakr, la chercheuse irakienne et doctorante Sana Wajd Ali, le Palestinien Mohamad Dajjani Dawoudi qui travaille pour l’Institut Washington pour la politique au Proche-Orient, et le soudanais Ibrahim Sayed Ahmad. 
Imam Chalghoumi

       Deux personnalités religieuses importantes, Hassen Chalghoumi, tunisien basé à Paris, et l’imam libanais Saleh Hamed, qui avaient tous deux dû faire face à de graves problèmes de sécurité personnelle. Chalghoumi affiche ouvertement ses relations avec les milieux juifs et israéliens en France. D’ailleurs il s’est souvent rendu en Israël, en voyage officiel, pour appeler à normaliser les relations avec l’État juif.
            À l'issue de cette conférence de deux jours à Londres, le groupe a pris le titre de Conseil arabe pour l'intégration régionale. L’objectif est de mieux intégrer les pays du Moyen-Orient, notamment en ce qui concerne leurs relations avec l'État d’Israël. Sami Abdul-Latif Al-Nisf, a fait une confession profonde en déclarant : «C'est une erreur d'insister pour dire qu'Israël est un État d’apartheid raciste quand ce n'est clairement pas le cas».

Sami Abdul-Latif Al-Nisf 

            Dennis Ross, s’est adressé par vidéoconférence au Conseil en déclarant : «Vous représentez les voix qui disent assez. Plus il y a de voix comme la vôtre qui sont prêtes à parler, plus vous construisez votre voix lorsque vous parlez avec Israël et plus vous influencez les dirigeants d'Israël. Vous représentez une lueur d’espoir».
            Les délégués ont abordé les problèmes soulevés dans les traités de «paix froide» entre Israël et l'Égypte, ainsi qu'entre Israël et la Jordanie, et ont exprimé l'espoir que la coopération future se poursuivrait ailleurs dans la région.
            Les participants venaient de tout le monde arabe et étaient jeunes et âgés, hommes et femmes, diplomates, personnalités des médias et du monde de l'art, souvent en contradiction avec les dirigeants de leurs États, mais prenant une approche nuancée et indépendante pour parler de la résolution du conflit israélo-arabe.

Mohamed Dajani à Auschwitz

            Certains des délégués, tels que Mohammed Dajani, un universitaire palestinien qui avait choqué le monde arabe en emmenant un groupe de ses étudiants à Auschwitz, étaient déjà bien connus des Israéliens. Mais beaucoup d'opinions étaient hautement significatives, non seulement parce qu'elles étaient de la musique aux oreilles des Juifs et des Israéliens, mais aussi parce que c'était la première fois que de telles déclarations étaient faites en public.
            Par coïncidence, cette réunion a eu lieu à l'occasion de l'anniversaire de la visite historique en Israël, de 1977, du président égyptien Anwar Sadat. De nombreuses histoires personnelles sur les bonnes relations avec les Juifs ont été rappelées ainsi qu’un appel de plusieurs participants à l’intention des Juifs pour qu’ils retournent dans les pays arabes et y travaillent pour la réconciliation. Le professeur Dajani a suggéré que le nouveau Conseil arabe réunisse et publie des récits d'interactions étroites avec les Juifs. Une condamnation de la «politisation» de l'islam a été lancée ainsi que celle du libanais Saleh Hamed, qui a demandé à l'Europe de réprimer les mosquées dans lesquelles des imams prêchaient la haine.
            L'événement était parrainé par le Center for Peace Communications basé aux États-Unis, dont le conseil d'administration est dirigé par Dennis Ross. Le PCC se décrit comme «un groupe d'Américains qui croient que la sécurité et la prospérité au Moyen-Orient et en Afrique du Nord exigent une paix entre les peuples».
            L’ex-émissaire du Moyen-Orient et Premier ministre britannique, Tony Blair, a fait une apparition surprise par liaison vidéo à la fin de l’événement pour saluer la conférence et ses objectifs.
            Les organisateurs ont clairement annoncé que le boycott «bloquait également les espoirs de paix entre les peuples israélien et palestinien : empêchés d'engager directement l'un ou l'autre des deux peuples, les Arabes étaient incapables de cultiver des liens qui auraient pu nous permettre de favoriser la conciliation et le compromis des deux côtés. En résumé, le boycott a accru les souffrances de nos sociétés et affaibli nos capacités».
            Il est encore difficile de mesurer l’impact que vont avoir ces personnalités au sein de leurs pays respectifs mais elles représentent un symbole d’une brèche dans le mur d’incompréhension entre Arabes et Israéliens. Une initiative à suivre de près  sur le terrain.



3 commentaires:

  1. Bonne nouvelle même si pas reprise par la presse internationale

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  2. Excellente initiative en effet. Bravo !

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  3. De plus, des bonnes relations et des échanges avec Israël favoriseraient l'essort technologique dans les pays arabes.
    Ce genre d'information devrait faire la une de tous les journaux occidentaux

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