RIEN N'EMPÊCHE ISRAËL D'OCCUPER LE CIEL
SYRIEN ET IRAKIEN
Par Jacques BENILLOUCHE
Copyright © Temps et Contretemps
La Syrie et l’Irak ont
du mal à protéger leur espace aérien face à la puissance aérienne d’Israël. Ils
songent sérieusement à renforcer leur force de dissuasion aérienne en se dotant
des meilleurs systèmes de défense aérienne. Ils pourraient faire appel à la
Russie pour de nouveaux équipements qui constitueront certes une force de
dissuasion mais certainement pas une solution infaillible. Contrôler l’espace
aérien, c’est s'engager à abattre des avions israéliens avec toutes
les conséquences que cela entraîne, une guerre en particulier, à laquelle ils ne sont pas prêts.
Frappes israéliennes |
Des opérations aériennes israéliennes, non revendiquées
par Tsahal, ont visé des sites iraniens ou liés à l’Iran. Les capacités de
défense aérienne limitées de la Syrie et de l'Irak permettent à Israël de régner dans le
ciel. Mais cette situation n’est pas figée puisque ces deux pays ont demandé à
la Russie de leur livrer des systèmes radar haut de gamme. Certes, cette éventuelle
livraison ne suffira pas à stopper complètement les frappes israéliennes mais les
nouveaux systèmes compliqueront les mouvements des jets israéliens qui
trouveront une parade quitte à déclencher un conflit dans la région.
Contrairement à d’autres pays, la stratégie d’Israël est
de garantir sa survie. Entourés de voisins souvent hostiles, Israël survit en s’alliant
à des puissances disposant des ressources nécessaires pour assurer
l'équilibre des forces au Moyen-Orient. Seuls les États-Unis pour l’instant
peuvent remplir cette mission. Mais Israël persiste dans sa volonté de
développer de manière discrète des relations avec certains voisins musulmans en
exploitant les divisions du monde arabe et chiite et la crainte de l'Iran. Mais en aucun cas il ne pourra permettre qu’on
lui interdise ses frappes préventives, doublées d’activités secrètes de ses commandos
militaires.
Frappes israéliennes |
Depuis
2013, Israël mène des opérations aériennes audacieuses. Au départ il s’agissait
de viser des cargaisons d’armes iraniennes à destination du Hezbollah, mais par
la suite, l’aviation israélienne s’est attaquée à des positions iraniennes
capables de lancer des attaques contre Israël ou de soutenir les efforts de
guerre du Hezbollah. Israël cherche non seulement à interdire les
transferts d’armes, mais aussi l’implantation permanente de l’Iran à ses frontières.
Fidèle
à sa stratégie préventive, l’aviation israélienne a étendu ses actions en Irak
pour cibler des stocks d’armes appartenant aux Unités de Mobilisation populaire
(Hachd al-Chaabi) liées à l’Iran. De même elle a visé le FPLP (Front populaire de libération
de la Palestine) qui se bat aux côtés du Hezbollah en Syrie. L’intensité des
frappes en Irak et au Liban prouve qu’Israël a, pour le moment, la capacité d’intervenir
partout dans l’espace aérien du Moyen-Orient.
UMP |
Les
capacités de défense aérienne de la Syrie et de l’Irak sont faibles puisque les
chasseurs israéliens règnent en maîtres, sans perte, à l’exception d’un avion
F-16 abattu en février 2018. Ces deux pays disposent de systèmes de défense
désuets datant de l’Urss et mal maintenus.
Il
est vrai que la Russie a réussi à reconstruire un système de défense aérienne en
Syrie en livrant des systèmes Pantsir-S1, des systèmes de milieu de gamme Buk-M2
et un nombre limité de batteries S-300, mal servis par des opérateurs insuffisamment
formés puisqu’ils ont réussi à abattre un avion russe en septembre 2018 et qu’ils
se bornent à tirer sur les chasseurs israéliens une fois qu’ils ont quitté le
ciel syrien. Leur nombre est de toute façon faible pour assurer la défense de tout le
ciel syrien.
Pantsir |
L’Irak
dont le gouvernement est partiellement inféodé aux États-Unis leur a demandé un
système de défense aérienne intégré mais la livraison n’a jamais pu se faire en
raison de la présence de Daesh sur le terrain. Cependant, pour le principe, les
Américains ont livré huit systèmes Avengers qui tirent des missiles Stinger
ainsi qu’un canon de calibre 50 pour une défense ponctuelle uniquement pour
défendre les unités militaires plutôt que d’attaquer les Israéliens. Les radars
de surveillance et les systèmes de commande n’ont jamais été livrés à l’Irak.
Certes les F-16 irakiens disposent de missiles air-air à portée courte qui
limite leur capacité de combat aérien.
Rezonans-NE |
De
toute façon, les moyens de défense aérienne modernes mis en place en Syrie n’ont
pas dissuadé les Israéliens à agir. La Syrie et l’Irak exigent de la Russie des
livraisons supplémentaires de S-300 et S-400 mais les Russes font la sourde oreille. Ils ne
sont prêts qu’à livrer des systèmes radar Rezonans-NE, des grands radars statiques, avec une
portée de 1.100 kms. Il semblerait que ces radars pourraient détecter les
avions furtifs et les missiles de croisière et assurer une surveillance de l’espace
aérien sans possibilité d’abattre des chasseurs. En bref, la Syrie et l’Irak
manquent de systèmes de défense antiaérienne plus intégrés et de systèmes de
missiles sol-air modernes.
Mais
même si Damas et Bagdad réussissaient à acquérir des systèmes de défense russes
haut de gamme, ils n’arriveront pas à interdire les frappes aériennes israéliennes
sans compter que dans l’état actuel de leur formation, les opérateurs sont
incapables de distinguer les avions israéliens des avions américains. Israël
dispose par ailleurs de systèmes secrets de blocage des systèmes ennemis de
radar et de défense. En effet, Israël peut effectivement bloquer les systèmes
radar et les défenses aériennes ennemis. Il peut frapper des cibles à longue
distance grâce aux missiles de croisière ou aux munitions à longue portée qu’il
a déjà utilisés lors de ses frappes en Syrie.
Les
analystes de l’État-major israélien sont convaincus que ni Bagdad et ni Damas
ne sont intéressés à abattre un avion israélien, car dans ce cas Tsahal s’en
prendrait aux infrastructures de leur pays et non uniquement à celles de l’Iran.
Tant qu’Israël cible les Iraniens, ils s’estiment
en fait protégés contre une mainmise encore plus puissante des Mollahs et de
leurs sbires, les Gardiens de la Révolution.
Etat-major de Tsahal |
La
raréfaction des frappes israéliennes contre les entrepôts d’armes et les usines
de fabrication de missiles en Syrie s’explique facilement, certainement pas
par un recul de Tsahal. Les Iraniens ont compris qu’ils ne pourront pas
impunément installer des zones logistiques en Syrie ni procéder à des envois
aériens depuis l'Iran à destination d'aéroports syriens. Les destructions sont
trop importantes pour persister dans la construction d’entrepôts d’armes. Les
Iraniens ont donc déplacé leur logistique de la Syrie vers l’Irak ce qui
explique que plusieurs attaques contre des entrepôts de munitions en Irak ont attribuées
à Israël. Ils bénéficient de l’éloignement mais qui minimise aussi les risques pour
Israël.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire