Jean se débattait depuis plusieurs années contre la maladie, la sale maladie,
avec beaucoup de courage et d’espoir. Nous avions pris l’habitude de nous
revoir, tous les anciens du Lycée Carnot autour d’un repas à Montparnasse où
nous échangions nos souvenirs et refaisions le monde. Notre première rencontre datait
de la classe de 5° en 1954/1955 à Tunis. Nos chemins se sont ensuite séparés à Paris quand
lui a fait de l’optique et moi de la physique.
L’optique mène à tout à condition d’en sortir. Le lycée Carnot de Tunis
avait ceci d’original, qu’il formait ses élèves parfaitement aux lettres. Quand
on s’est retrouvés après nos expériences professionnelles distinctes, nous
avions le même goût de l’écriture et de la politique. Il avait une plume acérée,
parfois violente, mais toujours juste. Il avait le sens du texte décalé avec la
volonté de frapper là où cela faisait mal.
Dans les derniers temps, j’exigeais de lui qu’il écrive pour sortir du marasme de la maladie,
pour lui prouver qu’elle ne pouvait pas le forcer à mettre le genou à terre. Il
a fait beaucoup d’effort mais le nouveau protocole lui avait enlevé toutes ses
facultés physiques. Son dernier article datait du 20 avril 2019 et depuis il s’excusait
de ne pouvoir remplir son engagement de nous donner un texte régulièrement. Il
n’avait plus la force de parler ni de tenir une plume.
Jean nous a quittés mais d’en haut il pourra continuer à se battre
contre les incohérences de la politique. Un ami part en éclaireur nous préparer
le terrain mais en attendant il nous manque déjà.
Tous ses articles sont toujours disponibles sur notre site avec le mot-clé : Smia.
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