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mercredi 8 mai 2019

Gaza : le cessez-le-feu ne règle rien contre une "armée" de terreur



GAZA : LE CESSEZ-LE-FEU NE RÈGLE RIEN CONTRE UNE «ARMÉE» DE TERREUR

Par Jacques BENILLOUCHE
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           Ce sera le nième cessez-le-feu signé avec le Hamas, après le tir de 700 roquettes et missiles contre le territoire, la mort de quatre Israéliens et des dizaines de blessés. Et comme tous les précédents, il ne règle rien parce que les problèmes de fond ne sont pas abordés et que les mesures sur le long terme sont ignorées. En fait, à chaque épisode, on pose un cataplasme sur une jambe de bois. Un mois, quelques mois de répit et puis les tirs de roquettes reprendront dès que le Djihad islamique l’estimera utile pour sa politique de nuisance.


Nouveau cabinet de sécurité


            Au Likoud on fait le même diagnostic. Cela est nouveau au parti quand le chef n’a plus toujours raison ; il est même critiqué, un signe qui mesure la faiblesse de Netanyahou ou un début de sa fin de règne. Jusqu'à présent, aucune tête ne dépassait. Gideon Saar, l’opposant irréductible à Netanyahou, est formel : «Le cessez-le-feu, dans les circonstances dans lesquelles il a été conclu, n’a aucun avantage pour Israël. Le temps qui s'écoule entre chaque série d'attaques violentes contre Israël et ses citoyens diminue et les organisations terroristes à Gaza se renforcent. Les combats ne sont pas terminés, juste repoussés». Cette prise de position d'un pilier du Likoud risque de lui coûter un poste ministériel, sauf si Netanyahou avait déjà prévu de ne pas l'inclure dans le gouvernement.
Gideon Saar

         De nombreux militants qui lisent les annonces de victoire publiées par le Hamas annonçant unilatéralement la signature d’un cessez-le-feu, sous l’égide de l’Égypte, s’étonnent du silence pesant de Netanyahou qui ne s’est pas rendu dans les zones meurtries et qui n’a pas expliqué sa position au peuple au moins pour le rassurer.
            Dans l’opposition, et cela n’étonne pas, l’accord de cessez-le-feu est critiqué. Benny Gantz estime «qu’après près de 700 tirs de roquettes sur le territoire israélien, quatre personnes ont été tuées et de nombreuses autres blessées - en raison de la perte de la dissuasion – le cycle s'est terminé par une nouvelle reddition au Hamas et aux organisations terroristes. Tout ce que le gouvernement a fait, encore une fois, c'est de laisser la prochaine bataille à notre porte». 
            Yaïr Lapid est moins diplomate puisqu’il accuse le premier ministre d’avoir organisé «la reddition totale d’Israël au Hamas. Netanyahou a utilisé les habitants du sud comme un gilet pare-balles pour se rendre au Hamas. Il ne résoudra pas le problème à Gaza. Il n'a pas le courage opérationnel et politique de le faire. À tout le moins, il doit expliquer au peuple israélien la situation, mais il n’a même pas le courage de le faire».              
A l’extrême-droite, le futur ministre Bezalel Smotrich, fidèle à son langage toujours excessif, regrette la façon dont le combat s’est terminé : «sur le plan tactique, la bataille à Gaza devait se terminer par sept cents terroristes morts, un par missile, et par d'énormes dommages physiques au Hamas - ce qui leur prendrait des années pour se remettre à attaquer. Nous ne pouvons pas nous permettre d'avoir un million et demi d'habitants du sud dans des abris toutes les quelques semaines. Vous connaissez déjà ma solution stratégique». On imagine ses futures prises de position au Cabinet de sécurité. 
Le président du parti travailliste, Avi Gabaï, est plus nuancé. Il se félicite du cessez-le-feu, adresse ses condoléances aux familles des personnes tuées et souhaite la guérison des blessés : «Après 20 ans, Netanyahou a renforcé le Hamas - la libération de Yassin, l'accord Shalit, l'argent qatari, etc. Le Djihad islamique, qui a négocié des négociations au Caire en tant que partenaire égal. Sans solution politique à long terme, le prochain tour n'est qu'une question de temps ».
Moshe Yaalon, du parti Bleu-Blanc, estime que «la dissuasion par le Hamas et le Djihad islamique a été restaurée. Les meurtriers de Gaza déterminent si et comment les citoyens de l'État d'Israël vont vivre, agir à leur guise et facturer des frais de protection. Netanyahou se soumet à nouveau au chantage des terroristes et achète un silence provisoire, uniquement pour sa survie politique. Netanyahou ne protège que Netanyahou et abandonne à nouveau la sécurité des citoyens israéliens par des meurtriers assoiffés de sang. Nous nous préparerons pour le prochain tour».
Le député travailliste Itzik Shmuli étonne par sa prise de position ferme : «Ils aspiraient à ce que Netanyahou sauve l'Eurovision au prix de la reddition du terrorisme et de la perte de la sécurité et de la dissuasion dans le sud. Les valises de dollars arrivant au Hamas sont déjà en route. Le prochain tour, qui est aussi l'heure du Hamas, décidera quand il commencera et comment il se terminera. Seule une combinaison de force militaire dure contre le Hamas et d'une initiative politique visant à l'isoler changera l'équation».
Une telle unanimité contre la stratégie israélienne vis-à-vis du Hamas est inquiétante car l’on ne voit poindre à l’horizon ni une solution radicale de force, et ni les prémices d’un plan de paix à long terme. La tâche du nouveau gouvernement sera immense, au moins pour restaurer la confiance en une armée qui obéit fidèlement aux ordres du pouvoir civil et qui n'est pas responsable de la stratégie utilisée.

Aviv Kohavi

Le chef d’État-major a exposé sa vision de l’opération de Gaza. On sait que les discours sont préparés avec minutie et que la sémantique tient une grande place au sommet de la hiérarchie. En parlant du Hamas, Aviv Kohavi a, pour la première fois, parlé d’une «armée de terreur» et non pas d’un groupe terroriste ou d’un groupe de terreur. Il ne s’agit pas d’un écart de langage mais d’une volonté de signifier que dorénavant Tsahal se trouve confronté à une armée avec toutes les conséquences que cela entraîne. Dorénavant, armée contre armée. Les mots ont un sens et chaque définition prend de nouvelles proportions. Combattre une armée de terreur n’a plus rien à voir avec le combat contre un groupe terroriste, si puissant soit-il. Toutes les options militaires sont à présent ouvertes. 

2 commentaires:

  1. Avraham NATAF6 mai 2019 à 21:14

    Quelle réponse, envahir Gaza; un piège pour soulager le Hezbollah sur le front nord, l'autre agresseur.

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  2. Il faut arrêter avec les mots "terreur" et "terroristes". Il n'y a pas d'armée de la terreur, mais des milices, voir une coalition palestinienne qui combat Israël avec l'aide d'autres armées plus puissantes.
    Appeler les combattants nationalistes palestiniens "des terroristes" ne permet ni de les comprendre, ni d'arriver à un accord de paix, ni de les combattre efficacement.
    Il faut avoir en tête que nous avons une population ennemie en face de nous, et qu'Israël devra soit la séduire, soit l'acheter soit la vaincre. (Ou réussir un mixte des trois).


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