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vendredi 26 avril 2019

Un dur nommé commandant des Gardiens de la Révolution



UN DUR NOMMÉ COMMANDANT DES GARDIENS DE LA RÉVOLUTION

Par Jacques BENILLOUCHE
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Général Hossein Salami 

        Le guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei, a nommé le général de brigade Hossein Salami commandant en chef du corps de Gardiens de la Révolution islamiste en remplacement de Mohammad Ali Jafari dont il était l’adjoint. Aucune information n’a été donnée sur les raisons de cette décision non attendue. Certains lient cette nomination à la décision des États-Unis, le 8 avril, de placer les GRI sur leur liste noire des «organisations terroristes étrangères»  ce qui impose de nombreuses sanctions en matière d'économie et de déplacement à ses membres et à ses groupes et à ses individus. 



Attentat Iran

          Ce changement pourrait être aussi motivé par l’attentat revendiqué par le groupe Jaïch al-Adl, en février 2019, qui avait fait une vingtaine de tués parmi les Gardiens, dans la province du Sistan-Balouchistan.
C’était la première fois que Donald Trump désignait une partie du gouvernement d’un autre pays comme une menace. Par ailleurs, il avait choisi ce moment, un jour avant les élections israéliennes, pour aider la campagne électorale de Benjamin Netanyahu, qui a remercié Trump «pour avoir protégé le monde de l'agression et du terrorisme commis par l'Iran».
Les Gardiens de la révolution

            Le corps des Gardiens compte plus de 125.000 membres dont 20.000 faisant partie du corps naval. A l’origine les Gardiens étaient chargés d’assurer la sécurité du Golfe persique et du détroit d’Ormuz par où passent les pétroliers mais ils sont devenus au fil du temps l’épine dorsale du régime. Le Corps des Gardiens, qui relève directement de l’ayatollah Khamenei, exerce une profonde influence sur la politique et l’économie et dispose de ses propres forces aériennes, navales et de renseignement. Il est également responsable du développement des missiles balistiques de l'Iran et exploite une filiale connue sous le nom de force Al Qods, qui mène des opérations clandestines et d'autres activités au Liban, en Syrie et en Irak sous la direction du général Soleimani.
            Ali Khamenei a choisi un dur pour remplacer Jafari et en a fait l’annonce lui-même : «Considérant vos capacités et votre expérience significative avec différentes responsabilités révolutionnaires, je vous promeus général de division et commandant en chef des Gardiens de la Révolution».

            Né en 1960, Hossein Salami a fait des études en génie mécanique à l'université des sciences et de la technologie d'Iran. Lorsque la guerre Iran-Irak a été lancée, il avait rejoint l'Armée des Gardiens de la Révolution islamique. Après la fin de la guerre Iran-Irak, il continue ses études et obtient un master en gestion de la défense. En 2009, Salami est nommé commandant adjoint du Corps des Gardiens de la révolution islamique. Avant cette prise de fonction, il avait occupé les postes suivants : commandant de l'université de commandement et d'Etat-major de GRI (1992-1997), adjoint aux opérations du personnel commun de l'GRI (1997-2005), commandant de la Force aérienne de FAGRI (2005-octobre 2009) et commandant adjoint de l'Armée des Gardiens de la Révolution islamique (2009-2019).
            Sans que l’on puisse donner une caution à ses dérives verbales faites à destination interne pour encourager ses troupes, il aime lancer des menaces, en particulier contre Benjamin Netanyahou, en octobre 2018, en lui conseillant de «s’entraîner à nager dans la mer Méditerranée car il pourrait être forcé de s’enfuir de son pays». Il use beaucoup d’esbrouffe ce qui lui enlève une partie de sa crédibilité.  Pour lui Tsahal : «ne constitue pas un niveau de menace élevé pour nous, le Hezbollah suffirait à le détruire». C’est de bonne guerre. Il est revenu aux années historiques, du temps de l’égyptien Nasser, puisqu’il a repris la dialectique habituelle empruntée aux pays arabes de l’époque, qui eux ont beaucoup évolué.
Un peu trop fanfaron pour un général sérieux, il savait exagérer, ce qui enlevait tout sérieux à un discours datant des années 1960 : «Nous annonçons que si Israël entreprend de nous faire la guerre, cela débouchera sur son élimination et sur la libération des territoires occupés. Les Israéliens n’auront même pas de cimetière en Palestine pour enterrer leurs corps. La stratégie de l’Iran est de rayer de la carte politique le régime sioniste, et les Israéliens y contribuent par leurs menées criminelles».
On n’arrivait plus à le tenir comme s’il voulait donner des gages à sa nouvelle nomination. Il allait crescendo, s'élevant d’un cran à chaque discours. Ainsi, le 19 février sur la chaîne iranienne Irinn-Tv, il avait prévenu que l’Iran se préparait «à briser l’Amérique, Israël et leurs partenaires et alliés parce que notre guerre n’est pas une guerre locale et que nous avons des projets pour vaincre les puissances mondiales». Pour faire bonne figure, selon l’agence de presse Tasnim, il avait conseillé aux Israéliens «de ne pas jouer avec le feu, car nous les détruirons avant que les États-Unis ne puissent les aider».
Le changement de chef des Gardiens semble être une manœuvre psychologique à des fins internes mais aussi pour contrecarrer les difficultés qui attendent l’Iran avec l’aggravation des sanctions. Il faut un homme fort pour calmer l'opinion, voire la dompter. Donald Trump a décidé de mettre fin aux exemptions permettant à huit pays d’acheter du pétrole iranien, afin de «porter à zéro les exportations» de brut iranien. A partir de début mai, ces pays – la Chine, l’Inde, la Turquie, le Japon, la Corée du Sud, Taïwan, l’Italie et la Grèce – seront exposés à des sanctions américaines s’ils continuent d’acheter du pétrole iranien. Cette décision risque de mettre à mal l'économie iranienne et d'accentuer la mauvaise humeur de la population qui souffre.

Bien sûr Hossein Salami joue du froid et du chaud en affirmant que son pays ne déclenchera jamais de guerre contre les autres pays, tout en étant entièrement disposé à riposter en cas d’attaque : «L’Iran ne représentera jamais de menace pour un pays qui  ne déclenche pas de guerre contre nous, car jamais  nous ne déclencherons la guerre. Mais si un pays commet une erreur de calcul, la stratégie de Téhéran sera de riposter». Khamenei a besoin d’un général qui puisse lever le ton pour assurer son prestige : «Nous avons rehaussé notre capacité balistique. La tolérance n’est nullement recommandée face à un ennemi qui ne comprend que le langage de la force ; il faudra donc lui parler en utilisant le langage de la force».
 Il a déclaré que son pays avait développé une «capacité stratégique pour détruire Israël. Nous avertissons les sionistes que si une nouvelle guerre éclatait, cela entraînerait leur fin». Il a averti que les combattants du Hamas palestinien et du Hezbollah libanais étaient prêts à faire vivre un «enfer à l’entité sioniste». Le général Salami a déclaré enfin que la stratégie de l’Iran était «d’effacer à terme Israël de la carte politique mondiale».


Selon des informations de sources sécuritaires, il semble que Hossein Salami ait l’intention de fermer le détroit d'Hormuz en réponse à la levée par les Etats-Unis des dérogations d'achats de pétrole iranien et à la décision de l'Arabie saoudite et des Émirats arabes unis de compenser l'écart entre les prix du pétrole du marché et ceux effectivement payés et moins élevés par les huit pays qui avaient reçu des dérogations des États-Unis. Pour Salami : «Selon le droit international, le détroit d'Ormuz est un passage maritime et si nous ne pouvons pas l'utiliser, nous le fermerons».
Avant lui, un autre militaire avait tenté de créer un blocus maritime dans la région ; on sait ce qu’il lui est arrivé ainsi qu’à son pays. Tant que l’agressivité et les menaces seront les seuls arguments employés de manière internationale, alors l’Iran sera condamné à sacrifier son peuple au profit des armes de destruction massive. Il est à craindre que l'Iran soit poussé à la provocation armée par un général qui veut justifier sa nomination.


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