L’ISSUE POLITIQUE
EST INCERTAINE EN ISRAËL
Par Jacques
BENILLOUCHE
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Contretemps
On ne peut pas dire que la
décision du Procureur de l'Etat, Avichai Mandelblit, ait beaucoup influencé la vie politique en Israël. Il n’y
a eu pas de rupture brutale ni d’effondrement dans le vote pour le Likoud. Le seul frémissement à
la rigueur pourrait être la perte de majorité de la coalition actuelle qui
passe de 61 députés à 59, mais deux voix peuvent se rattraper. Cela a cependant une incidence fondamentale sur la
constitution d’un nouveau gouvernement car si Benny Gantz arrive en tête, il
pourrait décider de former un gouvernement minoritaire tandis que l’opposition
n’aura pas les voix suffisantes pour faire voter une motion de censure. Les
partis arabes ne mêleront jamais leurs voix à ceux de la droite.
Sur les casseroles: Corruption, détournement, pot de vin, incitation à la haine, etc… Sur le tableau: Mandelblit (le procureur de l’état) est d’extrême gauche! |
La liste bleu et blanc est loin
de susciter un raz de marée qui confirmerait sa victoire décisive. L'écart de sièges n'est pas significatif compte tenu des marges d'erreur des sondages. C’est pourquoi se
développe depuis quelques temps la notion de «vote utile» pour pousser les
électeurs à bouder les petites listes afin de favoriser leur champion à la
première place. C’est ainsi que Moshé Feiglin de Zehut, Orly Levy-Abecassis de Gesher,
Avigdor Lieberman de Israël Beitenou et
même Moshé Kahlon de Koulanou risquent de faire les frais en ne dépassant pas
le seuil de 3,25% des voix. On se dirige en fait vers une bipolarisation de deux
blocs, la droite et l’extrême-droite contre le centre allié à la gauche. Ce que les législateurs n'ont pas voulu faire en modifiant le système électoral, les électeurs vont le décider. Il reste
plus d’un mois aux listes pour convaincre.
On ne voit pas encore
les programmes politiques et le combat devient un combat de personnes et non
idéologique. Dans cette bataille, Benjamin Netanyahou a des réserves de voix à droite et chez
les religieux qui lui permettent d’espérer tandis que Gantz ne peut pas trop
compter sur les Travaillistes en pleine phase de décomposition car une bonne
partie de leurs électeurs lorgnent à l’heure actuelle au Centre. Ils paient ainsi l’erreur de casting qui a placé Avi Gabbay à leur tête.
Depuis sa mise en
accusation, les partenaires de Netanyahou font bloc derrière lui mais jusqu’à
une certaine limite. Si le premier
ministre arrive à inverser les sondages alors il n’aura aucun mal à constituer une majorité pour un nouveau mandat. S’il arrive en seconde position, tous ceux
qui piaffent d’impatience dans son parti ne lui pardonneront pas l’échec et ce
sera la curée car le moral des militants à l’heure actuelle est très bas. Certains
espèrent même se replacer dans la nouvelle coalition minoritaire.
Guideon Saar |
Benny Gantz commencera son
mandat avec une coalition minoritaire et l'indulgence des partis arabes, le temps d’aiguiser les appétits
ministériels de ceux qui ne peuvent attendre quatre ans sur les rangs de
l’opposition. La loi ne permet pas la
scission au sein d’un groupe sauf si un tiers des députés, 8 à 10, quittaient
en bloc le Likoud pour une nouvelle entité à l’image de ce qu’avait fait Ariel
Sharon avec Kadima. Gantz pourrait faire
appel à un groupe de frondeurs menés par Gideon Saar qui ont décidé, en leur for intérieur, d’en finir
définitivement avec le «père».
Netanyahou a senti le danger alors qu’il n’avait jamais tenu compte des
députés de son groupe. Il a décidé de les rencontrer pour les motiver dans une phase actuelle déprimante et pour convenir d’une
stratégie de campagne à quatre semaines de l’échéance. Jusqu’alors ils étaient
condamnés à suivre le mouvement du leader sans broncher.
Certains de ses
partenaires sont formels. Les Orthodoxes religieux et l'extrême-droite sont prêts à le suivre sans rechigner. De lui dépend le remplissage des caisses des écoles talmudiques. D’autres sont plus circonspects. Avigdor Lieberman, en difficulté, n’est plus
aussi affirmatif. Il pouvait retirer son soutien à un premier ministre inculpé
qui lui a fait d’ailleurs des misères en lui enlevant le ministère de la
défense. Mais il s’est ravisé au vu de ses sondages : «Netanyahou a le
même droit à la présomption d'innocence que tout autre citoyen du pays». Reculade
stratégique pour remonter dans les sondages. Marche arrière certes mais il ne
s’interdit pas de rejoindre les généraux, le cas échéant.
Netanyahou et les kahanistes |
Moshé Kahlon, qui était ferme il y a quelques semaines en affirmant qu’il
ne se joindrait pas à un dirigeant inculpé, reprend son raisonnement parce que
les sondages lui sont défavorables au point que sa liste est pratiquement
éliminée. Mais pour ne pas insulter l’avenir, son message est ambiguë car il
n’a pas critiqué une seule fois Benny Gantz.
Pour l’instant la situation est totalement incertaine
et rien n’est joué d’autant plus que ceux qui ont rejoint Gantz
sont inquiets de l’absence de programme politique clair, en particulier sur les problèmes
sécuritaires et économiques du pays. Il ne peut pas uniquement surfer sur la
vague des sondages. Il faut s'appeler Macron pour ne rien dire de son programme et pour attendre le
deuxième tour pour donner quelques brides de propositions.
C’est pourquoi rien n’est acquis et déçus sont ceux qui ont attendu en vain le coup de tonnerre de l’inculpation pour croire à l'effondrement du Likoud. La liste Bleu et Blanc ne peut pas uniquement compter sur Avichai Mandelblit pour gagner les élections.
C’est pourquoi rien n’est acquis et déçus sont ceux qui ont attendu en vain le coup de tonnerre de l’inculpation pour croire à l'effondrement du Likoud. La liste Bleu et Blanc ne peut pas uniquement compter sur Avichai Mandelblit pour gagner les élections.
Bonne analyse de la situation a ce jour
RépondreSupprimerJe n'ai pas bien compris le commentaire sur Macron d'autant que rien ne permet de comparer ni les formations ni les leaders et de plus
Macron avait parfaitement developpé son programme