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dimanche 17 mars 2019

Quelle solution pour Gaza ?




QUELLE SOLUTION POUR GAZA ?

Par Jacques BENILLOUCHE
Copyright ©  Temps et Contretemps


Tsahal en mouvement


La situation est de plus en plus critique dans la bande de Gaza car les Israéliens et le Hamas, toujours déterminés, restent sur leur position. Deux solutions existent pourtant, politique et militaire : soit des négociations constructives de paix, soit une opération terrestre de grande envergure avec l’entrée des blindés pour détruire les infrastructures militaires et éliminer les dirigeants terroristes, avec à la clef la mort de milliers de Gazaouis et de dizaines de soldats israéliens.



Pour l’instant Benjamin Netanyahou n’a pas tranché et il a choisi une position médiane consistant à casser des pierres à chaque envoi de missile sans que cela aboutisse à une solution viable. En s’en prenant à l’infrastructure militaire du Hamas, qui semble illimitée tant les bombardements ont peu d’effet, Israël ne semble pas impressionner les dirigeants islamistes qui n’ont aucune pitié pour le sort de leur population.
Selon l’ancien ministre de la défense, Avigdor Lieberman, partisan d’une action militaire forte, Tsahal attend une décision franche et claire pour agir concrètement. Il n’avait pas été écouté et avait donc tiré ses conclusions qui ont fait de lui un opposant de Netanyahou dans les élections législatives d’avril 2019. Paradoxalement le premier ministre, qui gouverne avec l’extrême-droite et les nationalistes, temporise. Pourtant sa coalition est la plus radicale que l’Histoire d’Israël a connue mais elle reste disciplinée en obéissant à la politique imposée par le premier ministre consistant à laisser passer l’orage.
Cabinet de sécurité

Une solution politique se négocie actuellement sous l’égide de l’Égypte qui est intéressée à supprimer l’abcès de fixation de Gaza. Mais elle tarde à se concrétiser car les exigences du Hamas sont élevées : fin du blocus, liberté de circulation et de navigation et reconnaissance des droits palestiniens. 
Netanyahou a beaucoup appris des événements qui ont eu lieu dans les autres pays arabes. Il sait qu’il est dangereux de détruire un régime sans préparer avec soin celui qui le remplacera. Décapiter le Hamas est facile pour Tsahal mais cela pourrait renforcer le Djihad islamique, plus radical et allié de l’Iran. Cette incertitude pousse Israël à la retenue pour éviter la radicalisation totale de la bande de Gaza. Alors Netanyahou donne l’impression qu’il attend et qu’il ne veut rien régler à moyen et court terme, a fortiori lorsqu’il est encadré par des alliés radicaux qui exigent une réponse militaire à chaque revendication palestinienne, sans lâcher quelques concessions. Lieberman avait proposé en vain son programme pragmatique en prônant l’ouverture des frontières aux ouvriers palestiniens et aux marchandises de Gaza pour donner un peu d’oxygène et d’espoir à une population contrainte par ses dirigeants de manifester à la frontière pour montrer qu’elle existe.

Distribution de dollars du Qatar
 
            De son côté, Mahmoud Abbas a baissé les bras et s’est totalement désengagé de Gaza en organisant un gouvernement unilatéral, sans le Hamas. Il a laissé le champ libre au Qatar qui injecte ses dollars pour soulager la misère. Bref, la situation est totalement bloquée et elle devra être prise en charge par le nouveau gouvernement qui sortira des urnes le 9 avril. On ignore d’ailleurs dans le détail la politique qui sera suivie au lendemain des élections, quel que soit le nouveau premier ministre, car les programmes politiques sont flous à ce sujet. 
           Mais cette passivité engendre un risque si la situation perdure car la nature a horreur du vide. En embuscade, la Russie pourrait intervenir, même de manière symbolique, pour consolider encore plus sa pénétration au Moyen-Orient et cela ne sera pas de tout repos comme on l’a vu en Syrie. La France, quant à elle, est inexistante après avoir été discréditée par ses nombreux votes anti-israéliens dans les instances internationales. Mais le silence de la France est interprété par Netanyahou comme une caution à sa politique.
Frappe à Gaza dans le vide

Harcelé par sa coalition qui voulait en découdre rapidement, Israël a réagi trop vite sans approfondir l’origine des missiles tirés sur la région de Tel-Aviv. Pour lui, seul subsistait le discours des frappes, certes pas sanglantes car Tsahal prévient toujours la population de l’endroit visé. Il s’agit plutôt de 100 frappes électoralistes afin de revivifier le Likoud dans les sondages et redonner à Netanyahou la première place pour être à nouveau en charge de constituer un gouvernement. En revanche le coût financier de ces frappes est démesuré pour le Trésor israélien par rapport aux résultats escomptés. 
Les représailles n’ont pas tenu compte de «l’erreur humaine de tir» de deux roquettes de type Fajr M-75. Cent sites déserts ont été ciblés dans le cadre d’une démonstration de force dont Tsahal n’a plus besoin pour assurer sa dissuasion. Le gouvernement, et il a raison, ne veut pas se lancer dans une aventure militaire et les gazaouis aussi puisque le Hamas et le Djihad islamique ont déclaré, dans deux communiqués séparés, qu’ils n’étaient pas derrière l’attaque et ils ont rappelé leur engagement envers l’accord de cessez-le-feu.
Deux thèses s’affrontent pour le tir délibéré des roquettes. Des émeutes graves et exceptionnelles se sont déroulées à Gaza aux cris de «vivons» et réprimées avec violence par la police du Hamas parce que les dirigeants de l'organisation se sont sentis menacés ; une première depuis 2007. Mais Israël n’a rien fait pour soutenir ce début de révolte populaire, même à distance, même par une réaction symbolique. En second lieu, les discussions avec les Égyptiens durent, en vain, depuis un certain temps. Le Hamas s’inquiète du financement des emplois parrainés par l'ONU, de son approvisionnement en électricité et de sa liberté étendue de pêche.
C’était une occasion pour Israël d’entrer dans le jeu politique. Mais Tsahal est bridé et la situation politique est encore plus bloquée avec le risque évident de voir le Hamas et le Djihad islamique sortir renforcés. Les Comités de la Résistance palestinienne précisent que leur patience est à bout. Leur porte-parole Abou Moujahed estime qu’ils ont donné suffisamment de temps à l’Égypte pour imaginer une solution avec les Israéliens. Il est à craindre que Gaza et le Hezbollah, avec l’aide de l’Iran et aidés de tous les extrémistes, coordonnent ensemble une riposte contre Israël. Les nouveaux dirigeants israéliens, sortis des urnes, devront trancher dans un sens ou dans l’autre mais l’incertitude avec Gaza ne peut perdurer. 

3 commentaires:

  1. Gérard AMSELLEM des Bastides16 mars 2019 à 18:06

    Les gazaouis finiront bien par se débarrasser du Hamas pour peu qu’Israël leur file un coup de main.
    Les manifestations populaires contre le Hamas devraient inciter Abbas à revenir sur la scène gazaouis.
    sur l’opportunité d’intervenir.

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  2. Oui,mais Netanyahu ne tient peut etre pas a avoir l,Autorité Palestinienne a sa place car cela accrediterait et renforcerait la solution d'un
    veritable Etat Palestinien avec une solution de continuite entre ses 2 elements Cisjordanie et Gaza
    Andre

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  3. Marianne ARNAUD17 mars 2019 à 09:23

    "Pour l'instant Benjamin Netanyahou n'a pas tranché...", mais au moins il n'est pas parti au ski. C'est déjà ça !

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