DE L’ANTISÉMITISME
D’ETAT
Par Alain PIERRET
Ancien Ambassadeur de France en
Israël
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Les propos ignobles proférés à l’encontre d’Alain
Finkielkraut ont été unanimement et rapidement condamnés. Mais…, pour beaucoup,
il convient de trouver une excuse à leurs auteurs. Car il y a souvent un «mais»
de complément, tel en dernier lieu celui de Marlène Schiappa plaçant au même
niveau mariage homosexuel et criminels islamistes.
Il convient de «sortir du mensonge d’État»,
réclame Ivan Rioufol dans Le Figaro. Aux plus hauts niveaux, notre État
a lui-même adopté des positions qui pouvaient aller dans le même sens.
Fallait-il ainsi que la réception d’Arafat à l’Élysée se déroulât le 2 mai
1989, jour de la commémoration de la Shoah, signe que la France portait plus
d’intérêt aux Arabes de Palestine qu’aux Français juifs ou aux Israéliens ? Au lendemain
de l’occupation du Koweït par Saddam Hussein, François Mitterrand avait envoyé
à Tunis plusieurs personnalités (Mauroy, Cheysson…) rendre visite à Arafat.
Exfiltré de Beyrouth grâce à notre assistance, il se déclarait dans la tranchée
avec Saddam Hussein.
Chirac et Leila Shahid |
Oubliant son fameux discours du 16 juillet 1996, Jacques
Chirac se rend trois mois plus tard dans la vieille ville de Jérusalem en
compagnie de Leïla Shahid, représentante de l’OLP à Paris. Nos médias mettent
en valeur ce que le secrétaire au Foreign Office, Malcom Rifkind, appelait la «diplomatie
du mégaphone». Les Arabes retiennent avant tout cette reconnaissance
officielle de leur présence politique dans la cité qu’ils réclament pour
capitale, malgré trois guerres engagées à leur initiative et qu’ils ont
perdues. Lorsqu’il organise une rencontre «privée» dans la soirée du 4
octobre 2002, on voit sur le perron de l’Élysée le président serrer
négligemment la main du Premier ministre Ehud Barak, ignorer l’Américaine Madeleine
Albright et donner une chaleureuse accolade à Arafat.
Plus récemment, on peut relever la promesse faite par
Laurent Fabius le 29 janvier 2016 devant le corps diplomatique de reconnaître
l’indépendance d’un État de Palestine dans le délai d’un an en cas de blocage (israélien,
bien sûr) des négociations qu’il propose d’ouvrir dans le cadre d’une
conférence internationale. On connaît le piteux résultat de celle-ci, tenue à
Paris en janvier 2017. En octobre de cette même année, l’Unesco reconnaît, avec
le consentement tacite de la France et refus allemand et britannique, que l’Esplanade
sainte de Jérusalem appartient aux seuls Musulmans.
Nos médias n’ont pas non plus toujours manifesté une attitude équilibrée. Les images télévisuelles présentées lors des manifestations organisées par le Hamas pour réclamer le retour des expulsés victimes de la nakba, qu’il présenterait volontiers comme le pendant de la Shoah, en ont porté témoignage. On le sait, les départs de 1948 n’ont pas tous été forcés, loin de là, et, de toute façon, ils résultaient d’une guerre lancée par les Arabes, Palestiniens compris.
Nos médias n’ont pas non plus toujours manifesté une attitude équilibrée. Les images télévisuelles présentées lors des manifestations organisées par le Hamas pour réclamer le retour des expulsés victimes de la nakba, qu’il présenterait volontiers comme le pendant de la Shoah, en ont porté témoignage. On le sait, les départs de 1948 n’ont pas tous été forcés, loin de là, et, de toute façon, ils résultaient d’une guerre lancée par les Arabes, Palestiniens compris.
Critiquer Israël pour certains comportements telle une
loi à caractère discriminatoire, condamner l’occupation des territoires arabes,
cela ne peut se discuter. On ne saurait négliger davantage nos attitudes ou décisions
qui, au cours des décennies écoulées, ont souligné un engagement en faveur
d’une population se refusant aux concessions nécessaires. Bien entendu, nos
relations avec le monde arabe sont historiques et essentielles, qu’il s’agisse
de l’économie ou des apports démographiques. À cet égard, nous n’avons pas su
prêter attention aux répercussions qu’entraînaient dans certains quartiers des
prises de position en faveur des Palestiniens considérées comme légitimes et
valant réprobation des Juifs, israéliens certes, comme aussi français.
Ce faisant, nos politiques n’ont pas réalisé, ou
peut-être pas voulu comprendre, qu’en stigmatisant le comportement des
Israéliens au profit des Arabes palestiniens ils pouvaient encourager en France
cette nouvelle forme d’antisémitisme représentée par un antisionisme d’État. Nous
en payons aujourd’hui le prix. Déjà, le président de la République a été amené
à reporter à deux reprises le déplacement qu’il se doit d’effectuer en Israël.
Il lui faut désormais attendre le résultat des élections à la Knesset le 9
avril puis, le 26 mai, celles des européennes. De toute façon, il ne lui sera
pas facile de rencontrer à Jérusalem son homologue israélien puisque, pour la
France, Tel Aviv est la capitale d’Israël.
Je pense que c'est encore plus profond, dans les années 70 et décennies suivantes, les attentats tuant des Juifs partout en Europe et surtout en France, ne sont jamais signalés en tant qu'attentat antisémites, mais toujours placés dans la catégorie "Proche-Orient"! Mort en France en tant que Juif, ou parce que situé au mauvais moment dans un lieu comme le Drugstore ou Tati, faisait de vous une victime proche-orientale... J'ai toujours trouvé cela scandaleux, mais comme le disait un Juste parmi les Nations : "Ils voulaient tuer des Juifs, ils ont tué des Français innocents...".
RépondreSupprimerCe n'est pas "un juste parmi les nations" qui a prononcé cette phrase incroyable mais RAYMOND BARRE , premier ministre sous Valéry Giscard d'Estaing
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