RIEN NE VA PLUS ENTRE LE HAMAS ET LA TURQUIE
Par Jacques
BENILLOUCHE
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Contretemps
On se souvient de l’activisme pro-palestinien de la
Turquie qui avait organisé la flottille de Gaza avec les conséquences dramatiques
que l’on a connues. Erdogan faisait beaucoup de zèle pour devenir le porte-voix
des sunnites parce qu’il cherchait à prendre la place vacante de leader du
monde musulman, depuis le départ du président égyptien Hosni Moubarak. Or il
semble bien que les relations entre Ankara et Gaza se soient détériorées
depuis.
Les dirigeants turcs
refusent depuis plusieurs mois de rencontrer les dirigeants du Hamas et pire,
font preuve de beaucoup de réticence à renouveler les autorisations de séjour
des Palestiniens proches du Hamas. Fait plus marquant, l’aide à la bande de Gaza
a diminué et transite dorénavant par l’Autorité palestinienne alors que le
Hamas cherche à dépendre de moins en moins de Mahmoud Abbas. Ce revers est
suffisant pour refroidir les relations entre la Turquie et Gaza.
Ainsi le ministre turc des affaires étrangères a refusé
de rencontrer Moussa Abou Marzouk, membre du bureau politique du Hamas, sous un
prétexte peu crédible. Par ailleurs, ont été constituées des listes noires de
Palestiniens qui ne peuvent plus obtenir de droit de séjour en Turquie. Même ceux
qui ont été blessés durant les manifestations du « Grand retour »
ont du mal à se faire soigner dans les hôpitaux d’Istanbul. Plusieurs d’entre eux se sont plaints du
mauvais traitement des Turcs et de la négligence dont ils étaient victimes.
Binali Yildirim |
Des responsables du
Hamas ont donc cherché des explications à ce raidissement auprès des dirigeants
turcs et en particulier auprès du chef du parlement, Binali Yildirim. Une
délégation parlementaire, conduite par Mahmoud Zahar, n’a eu le droit de
rencontrer à Ankara que des deuxièmes couteaux puisque Yildirim a refusé de les
recevoir. La délégation a été autorisée seulement à assister à la «conférence
pour Al-Quds» organisée par le parlement turc en présence de Tayyip
Erdogan.
La brouille a pour
origine la demande de Mahmoud Abbas d’une médiation turque pour tenter une
réconciliation entre le Fatah et le Hamas dès lors que l’Égypte avait renoncé à
s’interposer. Mais des sources du Hamas accusent Mahmoud Abbas de vouloir
intentionnellement brouiller les liens entre le Hamas et les Turcs depuis qu’il
a soulevé auprès d’eux la question des relations avec Mohammed Dahlan.
Cet
ancien homme fort de Gaza et bras droit de Yasser Arafat a été accusé de
planifier la destitution de Mahmoud Abbas et d’être associé au coup d’État
avorté contre Erdogan en tant que bras sécuritaire des Émirats arabes Unis.
La Turquie a de ce fait peu apprécié que le Hamas et Mohammed Dahlan scellent publiquement en 2017 leur rapprochement. Les deux camps ont mis en place en effet un
comité chargé de panser les plaies des combats fratricides de juin 2007 puis
ont organisé une cérémonie de
réconciliation.
Pour envenimer les relations entre la Turquie
et le Hamas, Mahmoud Abbas a dévoilé des déclarations de dirigeants du Hamas dans
lesquelles ils critiquent le fondateur de la république turc Kamal Atatürk, le
qualifiant de «traître du califat ottoman, qui l’a entraîné vers la laïcité
après avoir éliminé l’État islamique».
En fait, Ramallah a
tout fait pour ternir l’image du Hamas auprès de la Turquie ainsi que sur le
plan international, surtout face à Israël, en révélant que le soutien financier
turc était redistribué à Gaza. En effet, le représentant de la fondation
turque Teka a confirmé que l’aide octroyée par la Turquie était transférée au
Hamas. Cela a donc forcé la Turquie à signer un protocole pour que le soutien
turc officiel ne passe que par les institutions officielles palestiniennes de
Ramallah. Depuis, Erdogan refuse toute demande d’aide. Le Hamas perd donc un allié de poids alors que la Turquie avait sacrifié son alliance avec Israël pour prendre pied au Proche-Orient.
On peut imaginer que les Américains ont du mettre encore les points sur les I aux Turcs..!
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