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mardi 4 décembre 2018

Panique sécuritaire au Hamas, la corde au bout du chemin



PANIQUE SÉCURITAIRE AU HAMAS, LA CORDE AU BOUT DU CHEMIN

Par Jacques BENILLOUCHE
Copyright ©  Temps et Contretemps
            
Pendaison à Gaza

          Quand on veut tuer son chien on dit qu'il a la rage. Ce proverbe s’applique parfaitement au Hamas qui cherche un prétexte pour se débarrasser de quelques opposants, souvent d’ailleurs membres du Fatah. Au lieu de restructurer ses services de sécurité et de changer les chefs inefficaces, il transfère la responsabilité sur de simples citoyens. Devant les nombreux échecs face aux commandos israéliens, la panique s’empare des leaders du Hamas qui ne trouvent rien de mieux que de s’en prendre aux lampistes. La méfiance règne parmi les miliciens et cela n’est pas bon pour la cohésion des groupes armés.  



Haniyeh et Mazen Fagha

            Le 25 mai 2017, le Hamas avait exécuté trois hommes, deux par pendaison et le troisième par un peloton d’exécution après l'assassinat du chef militaire Mazen Faqha. Comme pour un spectacle de Son et Lumière, des centaines de personnes ont été autorisées à assister aux exécutions afin que la leçon soit mieux transmise à ceux qui prendraient le risque de collaborer avec Israël. 
          Ashraf Abu Leila, 38 ans, et Hisham al-Aloul, 42 ans, ont été pendus pour avoir «collaboré avec l’ennemi sioniste». Pour les mêmes raisons, Abdallah al-Nashar, 38 ans, membre du Fatah, a été fusillé ; il doit cette faveur à sa qualité d'ancien officier de la garde présidentielle. Cet empressement à assassiner un proche de Mahmoud Abbas donne à penser que toutes les excuses sont bonnes pour éliminer la contestation à Gaza. Bien sûr, le Hamas publie les prétendus aveux des trois hommes, qui, selon Amnesty International ont été jugés «au mépris absolu des normes internationales en matière de procès équitable».
Abdallah al-Nashar en route pour le peloton d'exécution

            Mazen Faqha avait été abattu le 24 mars 2017 près de son domicile de Gaza alors qu’il avait été chargé de former en Cisjordanie des cellules affiliées à l'aile militaire du Hamas. Il avait organisé un attentat-suicide dans le quartier de Gilo à Jérusalem-Est en 2002, causant la mort de 19 israéliens. Condamné à perpétuité par Israël, il avait été libéré en 2011 en échange de Gilad Shalit.
            A nouveau le 3 décembre 2018, le général Nasser Suleimane, a annoncé que six Palestiniens ont été condamnés à mort, et huit autres à des années de travaux forcés, par le tribunal militaire de Gaza pour avoir espionné en faveur d’Israël : «Les condamnés à mort ont fourni des informations à l’occupation qui ont abouti au martyre de certains citoyens et à nuire à notre peuple mais aucun n’est impliqué dans l’assassinat de résistants palestiniens». Des lampistes servent encore de victimes expiatoires. Ils ont été accusés d’être en contact avec Israël.
général Nasser Suleimane,

Depuis la prise du pouvoir du Hamas à Gaza en 2007, au moins 97 personnes ont été condamnées à mort et exécutées sans que les organisations internationales, d’ordinaire si promptes à réagir quand Israël tue un Palestinien, n’aient soulevé ce problème douloureux. Une citoyenne israélienne de 55 ans a été condamnée par contumace pour avoir aidé l’un des siens à fuir mais elle se trouve en sécurité en Israël. Huit autres Palestiniens ont également été reconnus coupables d'espionnage et condamnés à des peines allant de six à quinze ans de travaux forcés.
Cependant les charges retenues contre les six condamnés à mort sont dénuées de lien direct avec le raid manqué du 11 novembre qui avait entraîné la mort de sept Palestiniens et d’un officier israélien, selon les actes publiés par les autorités gazaouies. Cela veut dire que nous aurons d'autres condamnés à mort. Les 14 Palestiniens étaient accusés d'avoir communiqué avec les services de renseignements israéliens à propos des groupes armés à Gaza. La loi palestinienne exige que le président de l’Autorité ratifie toutes les condamnations à mort avant leur exécution. Mais il y a bien longtemps que le Hamas se passe de l’avis de Mahmoud Abbas. D’ailleurs geste suprême, les agences palestiniennes de presse ont imposé une chape de plomb sur ces informations qui ont été purement et simplement censurées.
Il est de plus en plus courant que les milices sécuritaires de Gaza lancent des répressions contre des espions présumés. C’est un moyen de détourner l’attention sur les problèmes réels et de se débarrasser des militants actifs du Fatah. Les suspects sont toujours traduits en justice à huis clos tandis que les médias sont empêchés de couvrir la procédure. 
Omar Shakir

          C’est pourquoi, des groupes de défense des Droits de l'Homme accusent le Hamas de tuer des dizaines de personnes de manière extra-judiciaire. Selon Omar Shakir, directeur de Human Rights Watch pour Israël et les territoires palestiniens : «S'empresser de condamner à mort des personnes, c’est ne pas privilégier la primauté du droit. La peine de mort est une pratique barbare et toujours erronée, quelles que soient les circonstance». Par ailleurs les familles des suppliciés ne savent jamais quand les exécutions de leurs proches ont lieu.
Hazem Qassem

Mais le paradoxe est flagrant. Dans une interview accordée à British Independent, Hazem Qassem, porte-parole du Hamas, a déclaré que le commando israélien qui avait agit le 11 novembre avait utilisé de fausses cartes d'identité palestiniennes, inspirées de huit habitants de Gaza : «Ils avaient des fausses cartes d'identité des habitants de Gaza qui avaient été retrouvées dans l'épave du véhicule utilisé. Ils ne savaient pas que leurs noms avaient été utilisés». De là à ce que ces personnes soient accusées de complicité avec les Israéliens, il n'y a qu'un pas qui sera franchi pour calmer les conséquences de l'action du commando israélien.
  Cependant le général Suleimane a mis en garde la population de Gaza contre «les tentatives de l’occupation israélienne d’exploiter la pauvreté des Palestiniens et les pousser à tomber dans la collaboration en échange de l’aide. Il a surtout mis en garde les jeunes de rentrer en contact avec des occupants israéliens». Il est certain que ces mesures expéditives radicales dénotent un désarroi au sein du Hamas et risquent d’être contre-productive car elles créent une atmosphère de suspicion généralisée qui ne peut bénéficier qu’à Israël.


1 commentaire:

Patrick a dit…

Silence de mort dans l UE!