ZIAD AL-NAKHALAH NOUVEAU CHEF DU DJIHAD ISLAMIQUE
Par Jacques BENILLOUCHE
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Ziad Al-Nakhalah a été désigné le 28 septembre 2018, au poste de
secrétaire général en remplacement de Ramadan Abdallah Shalah, dans le coma
depuis six mois. Un mystère subsiste toujours
autour de sa maladie. Selon les Palestiniens : «Shalah souffre d'une
maladie naturelle» sans savoir la cause de son coma.
L’hôpital de Damas où il a été transféré précise qu’il a subi une série de
crises cardiaques. En revanche, l'ambassade de l'Autorité palestinienne à
Beyrouth a accusé le Mossad d’avoir empoisonné Shalah. On ne prête qu’aux
riches. Bien sûr les Israéliens n’ont pas l’habitude de commenter ce genre
d’accusation. En tout état de cause, Shalah ne peut plus assurer ses fonctions alors qu’il avait dirigé le Djihad islamique de 1995 à 2018.
Ramadan Abdallah Shalah |
Ziad al-Nakhalah (Abu
Tareq) est né à Gaza le 6 avril 1953 et a grandi à Khan Younes. Marié et père
de six enfants, il est titulaire d'un certificat d'enseignement du séminaire
des enseignants de Gaza. En 1971, il fut arrêté par Israël pour la première
fois et condamné à la réclusion à perpétuité. Il avait été libéré dans le cadre
de l’agréement Jibril, un échange de prisonniers qui eut lieu le 21 mai 1985. Il avait
ensuite été élu au premier conseil de la Shura du Djihad. Fathi Shqaqi, qui
dirigeait l’organisation, lui avait confié la mission de créer une aile
militaire.
Fathi Shqaqi |
Al-Nakhalah avait de nouveau été
arrêté en avril 1988 pour son rôle dans la première Intifada et pour sa
participation à la création du Djihad. Il fut exilé au Liban où il réussit à
gravir les échelons de l'organisation jusqu’à devenir son représentant. Au
fil des ans, il a circulé entre le Liban et la Syrie. Après la guerre civile
syrienne de 2011, il avait choisi de résider de manière permanente au Liban ce
qui lui permit de développer ses contacts avec les Iraniens et le Hezbollah.
Après la disparition du
fondateur du Djihad, Fathi Shqaqi, en octobre 1995, assassiné à Malte au retour
d'un voyage en Libye où il avait rencontré Mouammar Kadhafi, Ziad al-Nakhalah avait
été élu par le Conseil de la Shura au poste de secrétaire général adjoint et
membre du quartier général militaire dirigé par Ramadan Shalah. Au cours de
l'opération Bordure de protection de 2014, sa maison fut détruite tuant
sa belle-sœur et son fils. Il a joué un rôle clé dans les pourparlers tenus par
l'Égypte avec les organisations palestiniennes et dans les pourparlers pour le
cessez-le-feu qui ont mis fin aux opérations Pilier de défense (2012) et
Bordure protectrice (2014).
Avec Soleimani |
Ziad al-Nakhalah, mandataire
préféré de l'Iran, entretient des liens étroits avec Qassem Soleimani,
commandant de la force El Qods des Gardiens iraniens de la révolution,
chargée des opérations extérieures. En échange de la défense des intérêts de
l’Iran à Gaza, Al-Nakhalah bénéficie de son généreux soutien financier et
militaire, pour lui permettre de rester la deuxième organisation terroriste la
plus importante de la bande de Gaza après le Hamas.
Le nouveau chef du
Djihad, qui a été l'un des fondateurs des Brigades de Jérusalem, vit au Liban
où il entretient bien sûr des liens étroits avec le Hezbollah. Les
États-Unis l'avaient inscrit, le 23 janvier 2014, sur la liste américaine des terroristes
recherchés. C’est dire si la fonction est à haut risque.
Le Djihad, organisation islamiste radicale qui
a aussi pris racine en Cisjordanie, prône la destruction violente de l'État
d'Israël. A l’occasion de la commémoration de la mort du leader Fathi Shqaqi, al-Nakhalah
avait déclaré que le Djihad continuerait d'affronter Israël jusqu'à «sa destruction».
Les Iraniens permettent
à l'organisation de maintenir une vaste infrastructure terroriste dans la bande
de Gaza, comprenant un système de roquettes, certaines à moyenne portée pouvant
atteindre le centre d'Israël, et des tunnels d'attaque. Elle possède son propre
réseau de media consistant en une chaîne satellite gérée depuis Beyrouth, une
station de radio et une agence de presse basée à Gaza. Elle offre un soutien
social aux jeunes lui permettant d'inculquer l'idéologie islamiste radicale.
Au cours des dix
dernières années, le Djihad a joué un rôle de premier plan dans la lutte contre
Israël depuis la bande de Gaza. Généralement il coordonne ses activités avec le
Hamas, la force dominante, mais il lui arrive souvent d’agir de manière
indépendante pour défendre sa propre politique. Ainsi Ziad al-Nakhalah a
inauguré ses fonctions en organisant un tir de roquettes les 26 et 27 octobre,
contre le sud d’Israël, sous prétexte de venger la mort des Gazaouis de la «marche
du retour». Il voulait transmettre un message aux Égyptiens qu’il
représentait un atout important pour les Iraniens et qu’il était donc
intouchable ou alors partie prenante dans tout accord. Il n’y a aucune raison
pour que Ziad al-Nakhalah ne préserve pas ses liens étroits avec l’Iran s’il
veut continuer à recevoir des fonds, des armes et le savoir-faire technique
local.
Al-Nakhalah s'oppose à la création d'un État
palestinien avec les frontières de 1967 et soutient le «droit de retour».
Il a inventé de nouvelles méthodes de lutte contre Israël à l’image des «marches
de retour» dont il est l’instigateur principal. A ce titre, il a représenté
le Djihad dans les contacts avec les services de renseignement égyptiens pour
un accord avec Israël et la réconciliation interne des Palestiniens. Il a
prononcé son premier discours en tant que secrétaire général lors de la «marche de retour» du 5 octobre 2018.
Pour le 31ème
anniversaire de la création du Djihad, ses membres militaires ont organisé un
rassemblement militaire dans la ville de Gaza durant lequel al-Nakhalah a prêté
serment. Ce fut l’occasion pour la branche militaire de montrer les armes de
son arsenal, et une nouvelle maquette de fusée dont les spécifications n’ont
pas été révélées.
avec une délégation du Hezbollah |
Le 15 février 2018,
al-Nakhalah avait participé à une cérémonie au ministère iranien de l'Intérieur
pour marquer le dixième anniversaire de la mort d'Imad Moughniyeh, en présence de
Qassem Soleimani. Il a révélé qu'il coopérait avec lui depuis de nombreuses
années et qu’il avait formé la première unité de surveillance du Hezbollah. Il
a enseigné l'hébreu à 15 membres du Hezbollah afin qu'ils puissent écouter et
analyser les conversations entre soldats de Tsahal. Il a souvent
rencontré des personnalités du
Hezbollah au Liban, en particulier le 9 octobre 2018, quand il s’est entretenu
avec Ibrahim Amin al-Saïd, président du conseil politique responsable du
portefeuille palestinien, Hassan Hoballah et Abu Muhammad Hadraj.
Le Djihad islamique
s’est toujours opposé à un accord avec Israël et d'ailleurs il est souvent responsable
de tirs pour faire capoter les négociations. Or un responsable du Hamas vient
d’annoncer que «les factions de Gaza acceptent de mettre fin aux
manifestations violentes le long de la frontière israélienne». On
ignore si le Djihad est inclus dans ces factions ; ce serait contraire à
son idéologie. Mais Al-Nakhalah doit savoir que, comme tous ses prédécesseurs, il est dans le viseur de la CIA et du Mossad. Sa tête est mise à prix par les
Américains.
Et déjà, il nous manque...!
RépondreSupprimerChalom Mr. Benillouche
RépondreSupprimerToujours un très bon sens de l'observation également sur votre avant dernier article sur "les gauchistes", c'est remarquable , maintenant il faut toujours du recul pour ne pas tomber dans la dépression..tant les nouvelles sont assez sombres..
( j'ai lu un article sur l'invention d'un moteur à eau, une amélioration de l'hydrogène par une start up Australienne et Israelliene Times of ISRAEL) ça remet du soleil dans la tête..Vue le climat actuel..
Pardon pour ce mini hors sujet mais je reste un" élève assidu "et humble devant "son professeur"