LA LEÇON FAITE AUX NIPPONS
Le billet d'humeur de Jean SMIA
L’un des point d’honneur majeur
des Japonais est de ne pas perdre la face. Or, pour un chef d’entreprise
japonais, licencier constitue un des pires constats d’échec. Lorsque la
situation de Nissan nécessitait impérativement des milliers de licenciements,
aucun de leurs «grands patrons» n’a eu le courage d’assumer cette
décision et, comme en Tunisie, à l’époque où la mère de famille juive demandait
à sa voisine musulmane ou maltaise de lui allumer le four pour que les enfants
mangent chaud la shabbat à midi, les Japonais ont demandé à Carlos Ghosn de se
charger de la besogne.
Et des licenciements, il s’en
est donné à cœur joie, par milliers. Et non seulement l’entreprise s’est
redressée, mais par ce traitement de choc le groupe est devenu le leader
mondial de l’automobile et monsieur Ghosn s’est vu honoré du titre de «The
cost killer» par ses pairs.
Les années ont passé et il se
trouve qu’une des branches du groupe Nissan-Mitsubishi-Renault, ( Renault pour
ne pas le nommer) a des résultats qui pénalisent l’ensemble du groupe. Forts de
la leçon reçue quelques années auparavant : se débarrasser d’un « cost »
est, à présent au Japon, perçu non seulement comme un impératif, mais comme un
exploit. D’autant plus que, ce « cost » étant étranger au Japon, il y a
peu de probabilité que s’en détacher soit considéré comme une perte de face.
Ainsi, un peu comme si la mère
juive accuserait sa voisine de lui avoir volé la boîte d’allumette pour ne plus
qu’elle vienne, ils accusent Ghosn de malversations pour détacher Renault du
groupe. C’est pourquoi on a vu Bruno Le Maire monter si vite au créneau et la
nomination dans l’urgence de Thierry Bolloré comme nouveau PDG, nomination qui a
pris moins de temps que pour choisir un ministre de l’intérieur, c’est vous
dire l’urgence !!!
C’est donc bien de l’éviction de
Renault du groupe dont il est question, surtout lorsque que l’on sait décrypter
le sens des messages diplomatiques échangés entre les ministres respectifs : «l’important
soutien des gouvernements français et japonais à l’alliance entre Renault et
Nissan». Il est vrai que des licenciements chez Renault, surtout dans
la période actuelle, ne seraient pas très bénéfiques pour l’image de notre
Président.
Quant au sort et au traitement
du prisonnier Carlos Ghosn, personne ne s’en soucie, pourtant ce traitement me
paraît bien pire que celui des prisonniers palestiniens en Israël et à
l’encontre duquel l’O.N.U trouve tant à redire.
Vous lisant, je me suis souvenu d'une autre petite leçon qui disait : les Nippons arrivent à pied par la Chine ! N'est-ce pas plus amusant que votre histoire de "mère juive" et de ses allumettes ?
RépondreSupprimerTrève de plaisanterie. A qui fera-t-on croire que Carlos Ghosn, se soit converti à la fraude fiscale et à l'abus de bien sociaux, au bout de vingt ans de carrière à la tête du groupe Nissan-Mitsubishi-Renault ? Personne n'ignore que tous les capitaines d'industrie, géants du Web ou de la finance, ne payent que les taxes et impôts qu'ils veulent bien payer c'est-à-dire pas grand chose, pour ne pas dire rien. Mais au moment où les Japonais ont décidé qu'il est temps pour eux de reprendre les rênes du groupe, ils se souviennent fort opportunément de tout ce qu'ils ont toléré jusqu'ici, et décident que c'est devenu intolérable. Point final !