LA COALITION DE NETANYAHOU FRAGILISÉE
Par Jacques BENILLOUCHE
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Knesset |
Depuis le départ du gouvernement d’Avigdor Lieberman, la coalition a été réduite à 61 députés soit une voix de majorité. C’est insuffisant pour agir en toute liberté. Il est à craindre que les micros partis n’en profitent pour faire un chantage politique afin de monnayer leurs voix contre des avantages sonnants et trébuchants. D’ailleurs, face au danger d'un vote minoritaire, la coalition a été contrainte de retirer deux projets de loi qui devaient être approuvés le 26 novembre. Le projet de loi sur la loyauté dans la culture, qui devait autoriser la suppression du financement gouvernemental à toutes les institutions qui ne se montreraient pas «loyales». La coalition a dû capituler car il n’y avait pas suffisamment de voix pour garantir son adoption.
Les députés Koulanou |
La
responsabilité de cet échec est attribuée au parti Koulanou qui
avait accordé la liberté de vote, selon leur conscience, aux membres de son
groupe. Certains avaient estimé que cette loi était trop nationaliste à leur
gré et il est fort probable que le projet sera enterré. Il s’agissait d’une
tactique tardive de Kahlon qui voit que les sondages lui sont
défavorables. Il veut donc montrer son indépendance vis-à-vis du Likoud, dont
il est issu, tout en s’en éloignant au moins le temps d’éventuelles élections.
Miri
Regev, s’étant sentie visée au plus haut point, a choisi l’agression verbale au
cours d’une conférence de presse improvisée à la Knesset. Ce ne fut pas une
attaque politique mais un assassinat puisqu’elle a accusé Moshé Kahlon de collaborer
avec le terrorisme en autorisant la distribution de fonds à des associations
qui glorifient les terroristes palestiniens. Pour elle, le leader de Koulanou
veut faire tomber le gouvernement «pour aider l’ennemi». Toute la
classe politique a été choquée par une rhétorique à la limite du surnaturel.
Mais
Kahlon n’a pas été le seul à en prendre pour son grade. Lieberman a eu sa
propre part parce qu’il avait soutenu le projet de loi lorsqu’il était au
gouvernement et qu’il a fait faux bond dans l’opposition. En fait il s’est
justifié en refusant de coupler cette loi avec la loi Saar qui n’attribue le
droit de former le gouvernement qu’aux seuls chefs de partis. Lieberman estime
qu’il s’agit d’une loi sur mesure pour Netanyahou qui veut éliminer ses seconds
couteaux. Insulte suprême, Lieberman a été accusé par Miri Regev «d’encourager
le terrorisme». On ne
s’explique pas cette attaque frontale de Miri Regev sur un allié sauf à
vouloir, dès à présent, se positionner aux extrêmes pour figurer à une bonne
place lors des primaires de son parti.
Kahlon - Lieberman |
Netanyahou
est resté imperturbable devant son parti face à cette guerre intestine et il a
préféré, pour noyer le poisson, parler de ses succès diplomatiques avec le
Tchad et la république tchèque. Il est vrai que les relations nouvelles avec
Idriss Déby, dirigeant d’un pays musulman en Afrique, sont une bonne nouvelle
pour Israël. Netanyahou a ensuite revêtu les habits de ministre de la défense pour
rencontrer des militaires dans leurs bases.
Mais
en fait, sous des dehors désintéressés, Netanyahou est choqué que sa coalition
soit devenue incontrôlable et que le chaos se soit emparé des leaders
politiques qui se sont immédiatement lancés dans leurs campagnes électorales.
Ils sont en effet certains que les jours de la coalition sont comptés.
Chefs religieux orthodoxes |
Le
premier ministre devra affronter les religieux orthodoxes pour la loi sur la
conscription qui doit impérativement être votée avant décembre 2018, sur
injonction de la Cour suprême. Les religieux s’opposent à cette loi et sont
prêts à faire tomber le gouvernement pour aller à des élections anticipées. Cette loi rédigée par le ministère de la Défense, établit un quota annuel de conscrits ultra-orthodoxes qui, s’il n’est pas atteint, se soldera par des sanctions financières infligées aux écoles talmudiques où ils étudient. Parallèlement, ce projet de loi officialise également l’exemption pour la majorité des étudiants en yeshiva.
Par
ailleurs Netanyahou ne peut plus compter sur le soutien automatique d’Avigdor
Lieberman qui fera souffler le chaud et le froid ni sur celui de Yaïr Lapid qui semble
vouloir conspirer avec Lieberman. Les inconditionnels du Likoud commencent à
adopter un profil bas. D’ailleurs David Amsalem, président de la coalition,
semble désabusé : «Il suffirait qu'un membre de la Knesset aille
aux toilettes lors d'un vote ou ne soit pas d'accord sur un seul aspect de la
loi pour l'empêcher de passer».
Netanyahou
semble dérouté par toute cette agitation interne dans le parti qui risque de
rejaillir sur lui à moyen terme. Alors il préfère s’en éloigner pour s’appuyer
sur les fondamentaux qui serviront de débats durant la campagne électorale. Il
est convaincu de la nécessité d’élections anticipées même si selon lui «une
élection à ce moment serait irresponsable». Mais il veut être maître
des horloges quitte à laisser perdurer le chaos au sein de sa coalition, voire
au sein du Likoud. Les leaders politiques ne sont pas dupes et ont déjà lancé
leur campagne électorale pour prendre date. Pourtant il leur a fait comprendre qu’il fallait sauver l’économie en
déclin et sortir Israël de l’isolement international tout en relevant le «défi
très compliqué pour la sécurité nationale».
Mais Netanyahou a perdu le
soutien de ses partenaires de la coalition et porté atteinte à sa crédibilité
populaire à la suite de sa gestion de la crise de Gaza. Il a voulu passer en
force en écartant les politiciens pour s'adresser directement au citoyen ordinaire. Ses
opposants estiment qu’il ne pourra pas recueillir le soutien populaire en
raison de l'opposition politique accumulée contre lui. Seule une élection
anticipée permettra aux Israéliens d’arbitrer une situation qui dépend cependant des aléas sécuritaires sécuritaires du moment.
Si je me fie à cet article, et si Miri Regev a bien tenu les propos reportés contre ses adversaires politiques, on ne pourrait que s'inquiéter.
RépondreSupprimerComment cette dame proposait une loi sur la loyauté, et elle traiterait de complice des terroristes des dirigeants israéliens proches du pouvoir ! !
Si même des dirigeants étaient complices de terroristes, alors que dire d'un malheureux journaliste qui aurait à redire sur une mesure gouvernementale ? ?
Tous des terroristes ! (sauf moi) semble dire ce sosie d'Erdogan.
Et si ... le peuple israélien votait massivement Netanyahu pour garantir une certaine stabilité agacé par ces querelles politiciennes ?
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