LES DRUZES DU GOLAN RESTENT FIDÈLES À LA SYRIE
Par Jacques BENILLOUCHE
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Druzes avec drapeaux syriens |
Par idéologie, les Druzes du Golan n’ont jamais renoncé à faire partie de la Syrie et ils manifestent chaque année pour commémorer la journée de l’indépendance syrienne en portant des portraits de Bachar El-Assad et en scandant des slogans anti-israéliens. Malgré l’annexion par Israël du plateau du Golan en 1981 qu’ils refusent de reconnaître, ces Druzes ont voulu conserver en majorité la nationalité syrienne malgré l’offre d’Israël de leur accorder la citoyenneté israélienne : «Nous conservons notre identité syrienne et nous voulons suivre la voie de la résistance nationale».
Bureau de vote de Majdal Shams |
Des centaines de
Druzes se sont rassemblés devant les bureaux de vote sur le plateau du Golan
pour tenter d'empêcher leurs citadins de voter aux élections municipales. La
police a dû intervenir pour ouvrir la voie aux électeurs de Majdal Shams qui
voulaient accéder au bureau de vote. Mais à l'intérieur du bâtiment, les
fonctionnaires électoraux étaient assis dans des salles vides face aux urnes bleues.
Il ne faut voir aucun entêtement ni aucune animosité à ce
refus qui est lié à leur doctrine nationale. Ils sont 22.000 dans le Golan à professer
une religion musulmane hétérodoxe, fondée sur l’initiation philosophique, et considérée
comme une branche ismaélienne du courant musulman du chiisme. Mais cette secte,
ayant abandonné certains préceptes islamiques, s’est transformée en religion à
part en se distinguant des autres musulmans avec lesquels les relations sont
souvent houleuses. Leur doctrine est dérivée de l’ismaélisme et constitue une
synthèse du mysticisme musulman et de la pensée coranique. Courant monothéiste
par excellence, il insiste sur l’unité absolue de Dieu.
Famille druze israélienne aux obsèques d'un des leurs |
La religion, qui ne
comporte ni liturgie et ni lieux de culte, reste très secrète et n’est révélée
aux fidèles qu’après divers degrés d’initiation. Cette discrétion était imposée
en raison des persécutions qu’ont subies les membres de cette communauté de la
part des autres musulmans et même des chrétiens. Des locaux sans signes
distinctifs extérieurs abritent les lieux de prière, sans minaret, sans
fioritures ni décorations murales pour ne pas attirer l’attention. Il n’existe
aucune hiérarchie religieuse parmi les imams.
Les Druzes, rejetant
la charia et les obligations rituelles qui en découlent comme le jeun du
ramadan, sont devenus suspects à la fois aux yeux des chiites que des sunnites.
Bien que ces petites communautés soient disséminées autour de plusieurs
frontières, elles représentent une société écoutée par les gouvernements dont
ils dépendent. Leur propension à la révolte et leur esprit d’indépendance leur
permettent de constituer un groupe de pression efficace.
Policiers druzes |
Les Druzes refusent la
conversion et ne participent donc à aucune action de prosélytisme. Les dogmes de leur religion
leur imposent d'être fidèles, loyaux et reconnaissants envers le pays qui les
héberge. Ils n’ont aucune revendication territoriale et aucune aspiration à
créer un État druze et, en tant que minorité, ils tiennent à être forts pour
donner beaucoup à leur pays. Ils ont un respect charnel avec leur pays, qui fut
la Syrie et qui le reste et dont ils défendent les frontières avec acharnement.
D’ailleurs, ils n’ont jamais misé sur Israël puisque leurs enfants
poursuivent des études en Syrie dès la fin du cycle primaire. Il ne s’agit pas
d’une motivation politique, mais d'une question de principe qui justifie le refus
de la nationalité israélienne octroyée d’office après l’annexion.
Ils sont donc très
favorables à l’assimilation dans le pays qui les héberge et lui restent fidèles
même s’ils continuent, pour des raisons historiques liées aux persécutions, à
vivre isolés dans leurs propres villages et à se marier entre eux. Nés syriens, ils restent syriens. Dans le pays
qu’ils ont choisi dès l’origine, ils participent à toutes les instances
politiques et militaires, avec en particulier une grande
propension à s’engager dans l’armée pour apprendre à se défendre et à protéger
leur communauté. Les persécutions de la part des Arabes ont laissé des plaies non cicatrisées.
Israël ne s’est jamais
opposé aux relations des Druzes avec
leur patrie d’origine puisqu’il permet la traversée de la frontière et le
commerce. D’ailleurs deux fois par an, la frontière s’ouvre pour laisser les
pommes druzes envahir le marché syrien. Mais si les Druzes du Golan refusent la
nationalité, ils n’hésitent pas à défiler pour appeler Israël et la communauté
internationale à apporter leur aide aux Druzes de Syrie par la création d’un corridor
humanitaire administré par des ONG humanitaires faisant dire aux israéliens : «Nous
n'avons aucune intention d'accueillir les Druzes en Israël, mais ayant vécu un
génocide, nous n'avons pas l'intention d'ignorer la possibilité d'un massacre
de la minorité druze».
Les anciens religieux druzes |
À l’extérieur du
bureau de vote, les anciens religieux druzes, vêtus de leurs distinctifs
bonnets blancs, ont joué la modération en exhortant les jeunes à ne pas
affronter la police bien qu’ils critiquent les élections israéliennes comme
facteur de division de leur communauté. Le vote de la loi Nation a aggravé la rupture car l'hébreu est devenu la seule langue officielle et l'arabe une langue dotée d'un «statut spécial». Elle ne mentionne pas l'égalité entre tous ses habitants sans distinction de religion, de race ou de sexe.
Très bien !!! Au moins ce type de protestation est possible sous la gouvernance d'ISRAEL dans ce Golan conquis en 67 ; les gens s'expriment ...tant mieux... Mais l'on ne peut voir la même chose en Syrie; d'ailleurs si cela avait été le cas, les populations syriennes sunnites et autres ne seraient pas entrées en rébellion contre le pouvoir central. La particularité des pays islamo-arabophones où l'absence de démocratie et de libertés c'est l'interdiction de toute expression y compris des manifestations pacifiques...
RépondreSupprimerLa position politique des Druzes sur le Golan n'est pas claire. Je croyais que depuis la guerre civile en Syrie, ils avaient évolué, et avaient renonce au retour dans l’État syrien. Mais voila que Assad est victorieux grâce aux Russes et du coup les voila redevenus pro-syriens... Pas tres jojo comme position et combien de temps en Israël va-t-on supporter cette ambivalence ?
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